Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People People on the Move N° 101, August 2006 ATELIER SUR « LEGLISE FAMILLE DE DIEU FACE A LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS DE LA RUE » (République Démocratique du Congo) Nul nignore le rôle et l'importance de l'enfant dans la société. Les organismes nationaux comme internationaux, les églises et toutes les organisations ne cessent de lui accorder une attention particulière. Malgré cette attention, lon constate que l'enfant est souvent victime dinjustices et de pratiques non admissibles. Voilà la nécessité d'accroître des efforts pour sauver ce dernier. En la République Démocratique du Congo, la crise politique et économique engendre plusieurs phénomènes dont celui de «l'enfant de la rue». Eu égard à la croissance du nombre de ces enfants dits de la rue, l'Etat mais surtout les églises se sentent interpellées. Pour paraphraser le Cardinal Archevêque de Kinshasa: « Face à la croissance dramatique du nombre d'enfants et jeunes de la rue, se fait sentir la nécessité d'une action pastorale concertée ». Désormais aucune pastorale n'est envisageable sans prendre en compte l'enfant qui est un don précieux de Dieu. C'est pour répondre à ce défi que l'Archidiocèse de Kinshasa et, en particulier, le Centre pastoral Lindonge a organisé du 3 au 5 mars 2005, en collaboration avec les organisations catholiques (Congrégations religieuses et ONG) du REEJER (« Réseau des Educateurs des Enfants et Jeunes de la Rue »), un atelier de réflexion sur: « L'Église famille de Dieu, face à la prise en charge des enfants de la rue». Le présent rapport ressort les grandes lignes des travaux du dit atelier. Il s'article autour de trois grands points: les objectifs de l'atelier, les participants et le déroulement des travaux. 1. Objectifs L'atelier de réflexion sur: « L'Église famille de Dieu, face à la prise en charge des enfants de la rue », devrait aider les agents pastoraux de l'Archidiocèse à se situer dans la direction de l'implication pastorale diocésaine en faveur de la foule nombreuse d'enfants de la rue sans bergers dans notre Archidiocèse. Pour ce faire, l'atelier s'est assigné un triple objectif à savoir: 1. Voir: c'est-à-dire faire un diagnostic ou un état de lieu sur la situation de l'enfant de la rue, notamment les actions qui sont déjà menées en sa faveur sur le plan social et pastoral. 2. Juger: c'est apprécier ou faire un jugement des valeurs de ces différentes actions qui sont déjà menées en évaluant leurs avantages et leurs inconvénients. 3. Agir: Trouver une solution adéquate pour rendre plus efficace soit encore renforcer ces différentes actions qui sont menées en vue d'arrêter la croissance de ce phénomène. 2. Les Participants Cet atelier a réuni les agents pastoraux et les responsables des organisations d'encadrement de l'enfant de la rue dans l'Archidiocèse. Du côté pastoral, il s'agit des représentants des CEVB des différentes paroisses et des délégués des mouvements d'actions catholiques de l'Archidiocèse. Ainsi, une cinquantaine des personnes avaient pris part à l'atelier. 3. Déroulement des travaux Les travaux de l'atelier se sont étalés sur trois jours, soit du jeudi 3 au samedi 5 mars 2005 3.1. Première journée Outre la cérémonie d'ouverture et la méditation du Père Guido Matarrese, de la Congrégation des Serviteurs de la Charité, les travaux en carrefours étaient essentiellement axés sur l'analyse de la situation de l'enfant de la rue particulièrement sur les actions qui sont menées en sa faveur. A l'issue de ces travaux de la première journée, il s'est dégagé ce qui suit: a. La proportion de la présence des enfants de la rue dans le territoire des doyennés varie de 10 à 350 enfants. Ces chiffres étant estimatoires, il avait été convenu qu'il y a une foule innombrable denfants de la rue. b. Les effets de cette présence. La présence des enfants de la rue à des effets néfastes parmi lesquels on a cité:
L'insécurité
La délinquance juvénile
Le banditisme marqué par la consommation de la drogue
Le vol
L'insalubrité
La pitié
La mendicité
La violence
Le tapage nocturne
La dépravation des moeurs et la perte des valeurs traditionnels
La croissance des naissances non désirables
Aggravation de la pandémie SIDA
La prostitution
La croissance du taux de mortalité
Le frein au développement
c. Les causes de cette présence Les causes de la présence de l'enfant de la rue sont diverses et se situent à des niveaux différents. Parmi ces causes on a cité :
La mort des parents
Les divorces
La polygamie
La pauvreté et la misère des parents
L'influence de pasteurs et musiciens
L'influence des médias
L'irresponsabilité des parents
L'instabilité familiale
La sorcellerie
Le SIDA
Lindifférence de l'Èglise locale
Labsence prolongée des parents
Le manque d'encadrement
La guerre
L'exode rural
La crise de l'adolescence
Le manque d'affection des parents
Le phénomène marâtre
Mésentente familiale
Hébergement et prise en charge des parents par les églises de réveil
La sexualité non responsable
Quand aux actions menées en leur faveur, il existe plusieurs initiatives dans certaines paroisses parmi lesquelles on peut citer:
La distribution périodique des nourritures
La création des centres d'hébergement
La prise en charge matérielle des ces enfants
La sensibilisation
Mais, en dépit de ces quelques actions menées par certaines Congrégations religieuses citées dans certaines Paroisses, il se dégage dans l'ensemble qu'au niveau de l'Èglise catholique de Kinshasa, il n'existe aucune action concertée et harmonisée de la pastorale de l'enfant de la rue. Les traitements que subissent les enfants dans le phénomène de la sorcellerie, qui est une des causes principales du phénomène enfant de la rue, ont souvent de l'impact négatif sur l'enfant, sa famille et sa société dans la mesure où ils arrivent à
Convaincre les enfants à la croyance à la sorcellerie
Susciter le traumatisme
Créer division et désolation dans les familles
Inciter les parents à l'abandon, aux tortures et à la maltraitance physique des enfants
Provoquer des maladies psychologiques chez les enfants
Paralyser la réflexion
3.2. Deuxième journée Les travaux de la deuxième journée se sont déroulés plus dans les carrefours. Il était question de porter un jugement critique sur l'aspect quantitatif et l'aspect qualitatif sur les actions relevées la veille, c'est à dire la première journée. A cet effet, il est sorti des différents carrefours ce qui suit. Cette question avait des aspects, à savoir : Sur le plan quantitatif, il avait été conclu et au regard du nombre croissant des enfants de la rue que les actions menées jusqu'à ce jour sont insuffisantes. Sur le plan quantitatif, il se révèle l'unanimité sur le fait que ces actions qui sont conformes aux attitudes évangéliques sont appréciables et bonnes. Cependant, elles apparaissent quelque peu inefficaces car elles sont souvent spontanées et partielles. Les organisateurs n'arrivent pas souvent à un aboutissement heureux. On y dénote le plus souvent l'amateurisme. Quant à leurs avantages et leurs inconvénients, il est ressorti des différents carrefours ce qui suit: Les avantages: Promotion de la dignité humaine dans le respect des droits de l'homme et particulièrement celui de l'enfant.
Respect de l'enfant comme don de Dieu.
Aide aux enfants d'acquérir l'Esprit Saint.
Frein à la croissance des antivaleurs au banditisme, au vol, à la prostitution.
Promotion de l'équité morale.
Assurance d'un avenir meilleur aux enfants jadis égarés.
Réduction tant soit peu du nombre d'enfants qui seraient perdus.
Récupération des ressources humaines et des âmes pour la reconstruction de la communauté.
Expérimentation de notre amour et de notre foi chrétienne.
Les inconvénients:
Tentation d'aller dans la rue de la part des enfants qui sont en famille dans des conditions précaires
Démission de certains parents et même du gouvernement
Rupture des liens familiaux
3.3. Troisième journée Cette journée revêt une particularité dans la mesure où elle avait connu la participation de Son Excellence Monseigneur Dominique BULAMATARI. Il était question, au cours de cette journée, de faire des propositions concrètes pour une pastorale concertée et harmonisée de l'enfant de la rue. A l'issue de la mise en commun des carrefours les participants ont arrêté les propositions de lignes d'actions pastorales au niveau préventif et au niveau de la prise en charge suivantes: I.- Au niveau préventif 1. Approfondir la catéchèse pour l'accroissement d'une mentalité vraiment croyante en vue de combattre la croyance à la sorcellerie qui est à la base du rejet de beaucoup d'enfants dans la rue et des abus intolérables à leur endroit et qui est retenue aussi fortement par les chrétiens catholiques de nos communautés paroissiales. Cela, en traitant au niveau de chaque communauté paroissiale le thème de la sorcellerie et de ses conséquences néfastes dans la vie personnelle, familiale, communautaire et sociale. 2. Sensibiliser les chrétiens de nos communautés à ne plus avoir peur des enfants de la rue et à s'engager à s'approcher d'eux sans peur et préjugés en leur montrant l'amour, l'estime, le respect, l'accueil, la compréhension de leur situation difficile, bref en témoignant la même attitude du Christ vis-à-vis de l'homme marginalisé, en vue de leur insertion et leur intégration facile. 3. Renforcer la pastorale familiale comme pastorale de proximité aux familles en crise ou en situation difficile afin qu'elle soit le lieu d'analyse, d'approfondissement, d'engagement et de responsabilité au sujet de l'enfant. Cette pastorale de proximité devra s'engager à sensibiliser les parents de nos communautés sur leur responsabilité vis à vis de leurs propres enfants. 4. Impliquer tous les mouvements d'actions catholiques à intégrer dans leur catéchèse la thématique de l'enfant. 5. Instituer une journée diocésaine de l'enfant au cours de laquelle on aborderait des thèmes de l'enfant de la rue sous sa double dimension: préventive et prise en charge. 6. Mener des actions juridiques concrètes au bénéfice de l'enfant en proposant aux autorités civiles une législation sur la sorcellerie. 7. Sensibiliser et rappeler les autorités civiles sur leur responsabilité vis-à-vis de la défense des droits des enfants en situation difficile, en considérant la convention de l'ONU de 1989 sur les droits de l'enfant. Dénoncer aussi l'impunité de certains actes de grave violence perpétrés à l'endroit des enfants. 8. Sensibiliser les hautes autorités des médias afin qu'ils interdisent les médias qui font l'apologie de la sorcellerie. 9. Exiger des autorités ecclésiales une déclaration sur le phénomène sorcellerie et proposer l'enrichissement du programme et manuel des religions prévenant les enfants à la croyance à la sorcellerie. II.- Prise en charge 1. Trouver la disponibilité d'un nombre suffisant de laïcs (jeunes, papa, mamans) des diverses communautés chrétiennes, disposés à travailler (comme apostolat) dans le domaine de l'encadrement des enfants de la rue et de leur réinsertion sociale. Créer dans chaque paroisse une sous commission de prise en charge des enfants de la rue dans la commission Caritas. 2. Former une équipe d'éducateurs spécialisés du secteur au niveau des CEVB, paroisses. 3. Mettre en place dans diverses paroisses de l'archidiocèse des structures de premier secours pour les enfants tel que point d'eau, bureau d'écoute en vue de la réinsertion familiale à partir de la rue. 4. Sensibiliser et former les familles chrétiennes à l'esprit d'accueil ou de l'adoption (tant soit temporaire) des enfants de la rue en vue de leur réinsertion définitive dans leur famille biologique. 5. Faire en sorte que les CEVB soient réellement des lieux privilégiés pour l'analyse et la recherche des solutions efficaces aux cas d'enfants de la rue et de leur familles présentes dans leur territoire. Rév. Fr. Guido Matarrese |