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CONFÉRENCE DE HAUT NIVEAU SUR LA TOLÉRANCE ET LA NON DISCRIMINATION ORGANISÉE PAR L'OSCE INTERVENTION DE MGR MARIO TOSO, SECRÉTAIRE DU CONSEIL PONTIFICAL "JUSTICE ET PAIX" Tirana (Albanie) Mardi 21 mai 2013 Monsieur le président, Lors de la dernière Conférence de haut niveau sur la tolérance et la non-discrimination, qui s’est tenue il y a trois ans à Astana, les États participants se sont engagés, entre autres, à combattre les préjugés, la discrimination, l’intolérance et la violence contre les chrétiens et les membres d’autres religions, y compris les religions minoritaires, qui continuent d’être présents dans la zone de l’osce. Ils ont également été appelés à affronter la question de la négation des droits, de l’exclusion et de la marginalisation des chrétiens et des membres d’autres religions dans nos sociétés. Malheureusement, dans diverses parties de la zone de l’osce, les exemples d’intolérance et de discrimination contre les chrétiens n’ont pas diminué, mais ont même augmenté, en dépit des nombreuses rencontres et conférences sur le thème organisées également par l’osce et le biddh (Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme). Monsieur le président, cette année, nous célébrons les 1700 ans de l’Édit de Milan, promulgué en 313 après J. C. par l’empereur Constantin, l’un des plus importants documents de l’histoire concernant la liberté de religion. À travers ce décret, la persécution des chrétiens s’est enfin terminée, le christianisme a été légalisé et la liberté de religion a été accordée et garantie pour tous dans tout l’Empire romain. Il est donc regrettable d’observer que dans la zone de l’osce, une nette ligne de séparation a été tracée entre la croyance religieuse et la pratique religieuse, en vertu de laquelle il est rappelé aux chrétiens dans les débats publics (et de plus en plus souvent même devant les tribunaux), qu’ils peuvent croire tout ce qu’ils veulent chez eux ou dans leur tête, et qu’ils peuvent rendre leur culte comme ils le désirent dans leurs églises privées, mais qu’ils ne peuvent pas agir sur la base de ces croyances en public. Il s’agit d’une distorsion délibérée et d’une limitation de ce que signifie vraiment la liberté religieuse, qui ne correspond pas à la liberté prévue dans les documents internationaux, y compris ceux de l’osce, à commencer par l’acte final d’Helsinki de 1975, en passant par le document final de Vienne de 1989 et par le document de Copenhague de 1990, jusqu’à la déclaration commémorative du sommet d’Astana de 2010. Il existe de nombreux domaines dans lesquels apparaît clairement l’intolérance contre les chrétiens, mais deux d’entre eux se révèlent particulièrement importants aujourd’hui. Le premier est l’intolérance à l’égard du discours chrétien. Au cours des dernières années, a eu lieu une augmentation significative des cas d’arrestations et même de poursuites de chrétiens parce qu’ils se sont exprimés sur des questions chrétiennes. Des responsables religieux ont été menacés de poursuites judiciaires après avoir prêché sur le comportement immoral, et certains ont même été condamnés à la prison pour avoir prêché les enseignements de la Bible en matière d’immoralité sexuelle. Même les conversations privées entre citoyens, y compris l’expression d’opinions sur les réseaux sociaux, peuvent devenir un motif de dénonciation pénale, ou tout au moins d’intolérance, dans de nombreux pays européens. Le deuxième domaine dans lequel on constate clairement une intolérance à l’égard des chrétiens est celui de la conscience chrétienne, en particulier sur le lieu de travail. Dans toute l’Europe, ont eu lieu de nombreux cas de chrétiens éloignés de leur lieu de travail simplement parce qu’ils ont cherché à agir selon leur conscience. Certains d’entre eux sont très connus, car ils sont également passés devant la Cour européenne des droits de l’homme. Il est surprenant qu’au XXIe siècle, après des siècles de lutte pour la liberté de conscience, des citoyens de la zone osce doivent à présent choisir entre deux scénarios improbables : renoncer à leur foi et agir contre leur conscience, ou bien résister et risquer de perdre les moyens de subvenir à leurs besoins. Les États participants de l’osce doivent donc garantir que l’intolérance et la discrimination à l’égard des chrétiens prennent fin, en permettant aux chrétiens de s’exprimer librement sur des questions que le gouvernement ou d’autres pourraient considérer comme désagréables, et d’agir selon leur conscience sur leur lieu de travail ou ailleurs. La discrimination à l’égard des chrétiens — même lorsqu’ils représentent une majorité — doit être considérée comme une grave menace contre la société tout entière et doit donc être combattue comme c’est le cas, à juste titre, pour l’antisémitisme ou l’islamophobie. Il faut également prêter une attention particulière également aux actes de vandalisme répandus qui prennent pour cibles les églises et les cimetières chrétiens. Dans toute la zone de l’osce, on enregistre des cas de graffitis moqueurs ou insultants, de vitres brisées, de lieux de prière et de culte incendiés, profanés ou dévastés, de tombes abîmées ou détruites, en particulier les croix tombales. Tous ces actes ne sont pas simplement des accidents inoffensifs commis par des adolescents irresponsables ou des personnes souffrant de troubles mentaux, comme on le prétend souvent, mais sont le résultat d’un plan prémédité et devraient donc être traités comme un message de haine et un crime de haine explicites contre les chrétiens qui sont représentés par ces symboles de leur foi et qui s’identifient à eux. Monsieur le président, l’intolérance au nom de la « tolérance » doit être appelée par son vrai nom et être condamnée publiquement. Nier une place dans le débat public à un argument moral fondé sur la religion est un acte d’intolérance anti-démocratique. En d’autres termes, en cas d’éventuel conflit de droits, la liberté religieuse ne doit jamais être considérée comme inférieure. D’autre part, la question de la liberté religieuse ne doit pas et ne devrait pas être incorporée dans celle de la tolérance. En effet, si celle-ci était la valeur humaine et civile suprême, alors toute conviction authentiquement sincère qui en exclut une autre, équivaudrait à de l’intolérance. De plus, si toute conviction en valait une autre, on pourrait finir par s’accommoder de n’importe quelle aberration. En ce qui concerne la prévention et la réponse à l’intolérance, la discrimination et les crimes de haine contre les chrétiens, ma délégation pense qu’ils devraient être considérés en étroite relation avec la promotion de la liberté religieuse. Le droit de croire en Dieu et de pratiquer cette croyance est un droit humain fondamental, qui occupe une place centrale dans les engagements de l’osce. En conclusion, je désire uniquement exprimer la confiance du Saint-Siège dans le fait que cette Conférence de haut-niveau contribuera au développement de propositions concrètes et efficaces en vue de combattre l’intolérance et la discrimination, ainsi que les crimes et les actes de haine contre les chrétiens. |