Mgr Ernesto GALLINA Intervention à la 21e session de la Conférence générale de l’UNESCO* Belgrade, 30.9.1980 J’ajoute ma voix à celles des éminentes personnalités qui m’ont précédé pour vous féliciter de votre élection à la Présidence de cette 21e Session de la Conférence Générale. Je veux dire aussi combien nous apprécions l’hospitalité et la sympathie des Autorités et des peuples de ce Pays auxquels nous manifestons notre reconnaissance dans un esprit de sincère amitié. Sa visite aura contribué à un haut degré à resserrer les rapports établis depuis de longues années déjà entre le Saint-Siège et l’UNESCO, à mieux marquer la large communauté de vues qui les unit et à renforcer leur collaboration. Notre Délégation est autorisée à confirmer, à l’occasion de cette Conférence Générale, l’estime que le Saint-Père porte à l’UNESCO, à son noble idéal, et sa ferme intention de continuer à encourager et favoriser toutes les initiatives qui mériteront un engagement commun. Le second point est relatif aux droits dits de seconde espèce qui impliquent des prestations de la part de la collectivité: droit à l’éducation, à la culture, à l’information, à la santé. Si légitimes qu’ils soient, nous devons tenir compte des possibilités de la collectivité qui souvent ne pourra répondre qu’imparfaitement a ces exigences en raison de ses faibles moyens. Mais, dans la mesure où elle pourra le faire, ce devra être selon des critères tenant compte, d’une part, d’une authentique hiérarchie des valeurs; d’autre part des exigences impératives de la justice, qui requièrent une sollicitude toute particulière pour les plus démunis. A ce sujet, nous voudrions simplement faire quelques brèves remarques. Assurément l’adaptation de la formation de l’homme à son emploi futur à laquelle l’UNESCO donne une importance croissante dans son programme, conditionne tout à la fois l’épanouissement de l’homme dans sa vie professionnelle, et le développement, qui, comme le montrent de nombreux exemples, est affaire d’hommes plus encore que de biens. Mais à ce thème, l’UNESCO joint, en ce qui concerne l’école, celui de l’enseignement général. C’est reconnaître que la formation de l’homme ne saurait se limiter à la préparation à un emploi. Permettez‑moi d’exprimer le souhait que l’Organisation manifeste encore davantage cette vue largement compréhensive de la formation de l’homme, selon laquelle l’homme ne doit pas être préparé seulement à une fonction de production, mais aussi à sa future vie familiale, si chargée de responsabilité, a son rôle de citoyen actif et éclairé, à un usage de ses loisirs qui, loin d’entraîner une vie apathique – quand ce n’est pas, comme on le constate trop souvent, une véritable dégradation –suscite un authentique épanouissement. 5. Au sujet de la culture, nous ne reviendrons pas sur les vues a la fois si larges et si profondes que le Pape Jean-Paul Il a présentées à ce sujet à l’UNESCO. Mais, dans le prolongement de ce discours, nous voudrions évoquer les problèmes souvent très graves que pose aujourd’hui en de nombreux pays le pluralisme culturel. Toute la question réside en définitive en ce qu’un certain manque de réalisme empêche parfois de voir le problème si difficile de la conciliation de l’unité de la Nation, du bien commun dont l’État a la charge, et aussi, pour les Nations les plus anciennes, des liens tissés par un passé commun, avec, non seulement le maintien, mais aussi le respect, l’estime et la promotion des cultures des divers groupes qui les composent, qu’il s’agisse de la langue, de la religion, de nombreuses traditions et de bien d’autres traits. Nous savons la tache ardue que représente une telle conciliation et les conflits souvent graves qui ont leur source dans l’opposition de ces deux exigences, la question de l’identité culturelle si heureusement prise en considération par l’UNESCO, ne constituant que l’une des faces de ce problème. Une telle solidarité sera mieux comprise et recherchée avec plus d’ardeur encore si les hommes mesurent plus lucidement qu’ils appartiennent à une unique Humanité et qu’ils sont tous fondamentalement égaux ‑‑ nous retrouvons ici le fondement des droits de l’homme; et plus encore, permettez‑moi de le dire, si, croyants, ils savent se reconnaître frères parce que créés par Dieu, ce qui pour les chrétiens apparaît avec tant de force dans le message de Jésus‑Christ, qui nous a dit tout le prix qu’il attachait à l’unité des hommes, unité qui ne peut se concevoir sans un amour mutuel à l’image de l’amour que Dieu nous porte. Mais le concept de patrimoine de l’humanité ne reçoit ainsi qu’une expression partielle, si significative qu’elle soit. Il nous faut l’élargir à l’idée, exprimée à plusieurs reprises dans des documents du Saint-Siège, de la destinée universelle de tous les biens, qu’il s’agisse des ressources naturelles, ou des créations de l’esprit humain, les oeuvres d’art sans doute, mais aussi les découvertes scientifiques et les techniques. Le réalisme nous fait encore ici un devoir, celui d’assurer la conciliation de cette exigence avec la souveraineté des Nations sur leurs ressources naturelles et sur leurs créations collectives ou individuelles, et, plus largement, tous les biens qui ont un rapport direct avec leur territoire et, plus fondamentalement, leur être en tant que Nation. Ne sommes-nous pas ici au cœur de cette élaboration d’un nouvel ordre économique où l’UNESCO voit l’une des idées les plus fondamentales de son programme? Puisse l’Organisation, dans le domaine de sa compétence, contribuer à une telle conciliation qui suppose ‑‑ne craignons pas de le dire ‑‑ de substantiels sacrifices de la part de ceux qui ont plus, en faveur de ceux qui ont moins, mais aussi des échanges équitables, favorisant le bien de tous. Les thèmes de la coopération sont a la fois fascinants et dramatiques, et cela, dans tous les secteurs de l’activité de l’esprit, aussi bien pour dépasser tout reste de dominations injustes que pour supprimer les discriminations qui persistent encore, pousser vers un judicieux abandon des armes, assurer l’affermissement progressif d’une véritable paix. Il importe de valoriser les nouveaux moyens de communication qui créent des ponts pour la pensée et la parole, rendant inutiles et dangereuses les tranchées de feu. Le christianisme est fondé sur la "bonne communication" d’une "Parole" éternelle: l’Évangile du Verbe de Dieu. Il faut encourager aussi le réseau des conventions internationales, qui réunissent les peuples du monde dans une entente toujours plus profonde. Le Saint-Siège entend y exercer un rôle de présence et de propulsion, car il sait que son caractère supranational le libère des conditionnements géographiques mais aussi que sa mission le lie à tout lieu où l’on travaille pour la concorde, pour l’amour et pour la paix. Notre monde vit une époque de labeur et de peine, mais aussi de grande espérance. *L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française 1981 n.3 p.13. Le Mois à l’Unesco, n.99, octobre-novembre 1980.
Mgr Ernesto GALLINA Intervention à la 21e session de la Conférence générale de l’UNESCO** Belgrade, 30.9.1980
His visit will have contributed to a high degree to drawing closer the relations that already have been established for long years between the Holy See and UNESCO, to emphasizing the broad community of views that unites them, and to strengthening their collaboration. Our Delegation is authorized to confirm, on the occasion of this General Conference, the esteem in which the Holy Father holds UNESCO and its noble ideal, and his firm intention to continue to encourage and stimulate all initiatives that deserve a common commitment The second point concerns the rights called those of the second kind, which involve services on the part of the collectivity: the right to education, to culture, to information, to health. However legitimate they may be, we must take into account the possibilities of the collectivity which often will be able to meet these requirements only imperfectly owing to its poor means. But to the extent to which it will be able to do so, it will have to be according to criteria which take into account, on the one hand, an authentic hierarchy of values, and on the other, the imperative requirements of justice, which call for special solicitude for the underprivileged. We merely would like to make some brief remarks on this subject. Certainly, the adaptation of man’s formation to his future occupation, to which UNESCO gives increasing importance in its programme, conditions both man’s fulfillment in his professional life, and development, which, as numerous examples show, is a question of men even more than of goods. But UNESCO adds to this subject, as regards the school, that of general education. This is to recognize that man’s formation cannot be limited to preparation for a job. Allow me to express the wish that the Organization give even more expression to this broad view of man’s formation, according to which man must be prepared not only for a productive function, but also for his future family life, so charged with responsibilities for his role as an active and enlightened citizen, for use of his leisure time which, far from leading to a life of apathy ‑ when it is not, as is too often the case, real degradation ‑ brings about a real fulfillment. Such solidarity will be better understood and pursued even more ardently if men realize more clearly that they belong to one humanity and that they are all fundamentally equal ‑ we again find here the foundation of human rights; and even more, allow me to say, if, believing, they are able to recognize one another as brothers, being created by God. This appears so forcefully for Christians in the message of Jesus Christ, who told us what store he set by the unity of men, a unity which cannot be conceived without mutual love in the image of the love that God bears us. But however significant this may be, it is only a partial expression of the concept of the heritage of mankind. It must be widened to reach the idea, expressed repeatedly in Holy See documents, of the universal destination of all goods, whether it is a question of natural resources, or of creations of the human spirit, works of art, certainly, but also scientific discoveries and techniques. Realism makes it a duty for us, here too, to ensure the reconciliation of this requirement with the sovereignty of Nations over their natural resources and over their collective or individual creations, and, more widely, all goods directly connected with their territory and, more fundamentally, their being as a Nation. Are we not here at the heart of this elaboration of a New Economic Order in which UNESCO sees one of the most fundamental ideas of its programme? May the Organization, in the sphere of its competence, contribute to such a reconciliation which presupposes ‑ let us not be afraid to say so ‑ substantial sacrifices on the part of those who have more, in favour of those who have less, but also fair terms of trade, promoting the good of all. The themes of cooperation are at once fascinating and dramatic, in all areas of the activity of the spirit, to go beyond all vestiges of unjust dominations, as well as to suppress discriminations that still persist, move in the direction of a judicious abandonment of arms, and ensure the gradual strengthening of real Peace. It is important to take advantage of the new media of communication which create bridges for thought and speech, making trenches of fire useless and dangerous. Christianity is based on the ‘good communication" of an eternal "Word": the Gospel of the Word of God. The network of international conventions, which gather the peoples of the world in a deeper and deeper understanding, must also be encouraged. The Holy See intends to exercise a role of presence and promotion here for it knows that its supranational character frees it from geographical conditioning, but also that its mission binds it to every place where people are working for concord, love, and peace. Our world is living a time of toil and suffering, but also of great hope. May UNESCO again contribute this time, through its 21st General Conference, to the coming of a better mankind in a renewed world! **L'Osservatore Romano. Weekly Edition in English n.46 pp.7,8. Paths to Peace p.149-151. ___________________________________________________________________________ INTERVENTO DELLA SANTA SEDE ALLA 21ª SESSIONE INTERVENTO DI MONS. ERNESTO GALLINA*** Belgrado - Martedì, 30 settembre 1980
1. La Delegazione della Santa Sede desidera innanzitutto esprimere sentimenti di profonda gratitudine per l’accoglienza così delicata e calorosa che l’Unesco ha recentemente riservato a Sua Santità il Papa Giovanni Paolo II. La Sua visita ha certamente significato un alto contributo al rafforzamento dei rapporti e della collaborazione che da tanti anni uniscono Santa Sede e Unesco, e alla valorizzazione della larga comunanza delle loro vedute. La nostra Delegazione è autorizzata a confermare, in occasione di questa Conferenza Generale, la stima del Santo Padre per l’Unesco e il suo nobile ideale, e la sua intenzione di continuare a incoraggiare e favorire tutte le iniziative che meriteranno un impegno comune. L’indagine dell’Unesco nel settore dei diritti dell’uomo sta avendo un felice sviluppo. Oggi si sta cercando con una certa insistenza di allargare il concetto dei diritti dell’uomo, sino a parlare di nuovi diritti e questo è bello e attraente; ma deve esserci spazio per un esame attento e prudente specialmente su due punti. Il primo: la possibilità di conflitti tra i diritti dell’individuo e quelli delle collettività e delle Nazioni: è necessaria una loro armonizzazione che eviti ogni attentato contro i diritti imprescrittibili della persona umana. Il secondo punto concerne i diritti chiamati di seconda specie: quelli che implicano prestazioni della collettività: il diritto all’educazione, alla cultura, all’informazione, alla salute. La loro legittimità non esime dalla considerazione delle possibilità concrete della collettività che spesso per la scarsezza dei mezzi non potrà dare alle giuste esigenze che una risposta imperfetta. Ma pur nei limiti imposti dalla realtà, andranno sempre rispettati i due criteri di una autentica gerarchia dei valori e della speciale sollecitudine che la giustizia reclama per i più svantaggiati. Una crescente importanza nel suo programma è data dall’adeguamento della formazione dell’uomo al suo futuro impiego: con conseguenze fortemente condizionanti per la vita professionale dell’uomo e per lo sviluppo stesso, che è questione non soltanto di beni e di mezzi, ma soprattutto di uomini. L’Unesco collega questo tema, nel settore della scuola, a quello dell’insegnamento generale, riconoscendo così che la formazione dell’uomo non può circoscriversi alla preparazione ad un impiego. Vorremmo esprimere l’auspicio che l’Organizzazione faccia brillare sempre di più questa visione lungimirante della formazione dell’uomo, secondo cui l’uomo non deve essere preparato solo a una funzione produttiva, ma anche alla sua futura vita familiare tanto carica di responsabilità, al suo compito di cittadino attivo e cosciente, all’uso dei suoi svaghi che non devono favorire l’apatia o addirittura la degradazione dell’esistenza, ma una autentica fioritura. I conflitti sono spesso gravi e la conciliazione difficile: ma lo sforzo è doveroso e ben lo sta compiendo l’Unesco con la sua azione benemerita in più direzioni, tra cui emerge quella dell’identità culturale. Questa solidarietà sarà meglio compresa e più ardentemente ricercata se gli uomini sapranno riscoprire e rivedere la loro appartenenza ad una comune umanità, la loro fondamentale uguaglianza, e più ancora, se credenti, alla stessa divina creazione che li rende fratelli. I cristiani non potranno mai dimenticare il messaggio di Cristo, che ha tanto invocato l’unità degli uomini, centrandola nell’amore reciproco, riflesso dell’amore di Dio. Il concetto di patrimonio dell’umanità, se finisse qui, avrebbe un taglio significativo ma parziale. Bisogna estenderlo sino a fargli toccare l’idea, più volte espressa nei documenti della Santa Sede, del destino universale di tutti i beni: risorse naturali e invenzioni dello spirito umano, come sono le scoperte scientifiche e tecniche. Anche qui sorge il dovere del realismo, che porta alla ricerca della conciliazione fra questa esigenza e la sovranità delle Nazioni sulle proprie risorse naturali e sulle proprie creazioni collettive o individuali, e in modo più completo su tutti i beni che hanno un legame diretto col proprio territorio e più ancora con il loro essere “nazione”. Eccoci al cuore della elaborazione del nuovo ordine economico concepito dall’Unesco come una delle colonne principali del suo programma. Possa l’Organizzazione contribuire, per la parte di sua competenza, al successo della desiderata conciliazione, che presuppone – bisogna avere il coraggio di dirlo – sacrifici sostanziali da parte di chi possiede di più, a favore di chi possiede di meno, e scambi equi che favoriscano davvero il bene di tutti. Sono affascinanti e insieme drammatici i temi della cooperazione in tutti i settori dell’attività dello spirito, per il superamento di ogni residuo d’ingiuste dominazioni, per l’annullamento di discriminazioni purtroppo persistenti, per la spinta verso un traguardo di un giudizioso abbandono delle armi, per il progressivo affermarsi di una vera pace. Vanno valorizzate le nuove strade della comunicazione, che creano ponti di pensiero e di parola, rendendo inutili e dannose le trincee di fuoco. Il cristianesimo è fondato sulla “buona comunicazione” di una “Parola” eterna: il Vangelo del Verbo di Dio. Va incoraggiata la rete di convenzioni internazionali che stringe i popoli del mondo in una intesa sempre più profonda. La Santa Sede intende svolgervi un ruolo di presenza e di propulsione, perché sa che la sua sopranazionalità la libera da condizionamenti geografici, mentre la sua missione la coinvolge ad ogni luogo dove si lavora per la concordia, per l’amore e per la pace. Il mondo vive in un’epoca di travagli e di pene, ma anche di grandi speranze. Che l’Unesco, anche con la sua XXI Conferenza generale, possa contribuire all’avvento di una umanità migliore in un mondo rinnovato. *L’Osservatore Romano, 5.10.1980 p.2.
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