A Monsieur le Cardinal Tarcisio BERTONE Secrétaire d'Etat
Dans les pages du livre "L'ultima veggente di Fatima", Vénéré Frère, Vous confiez de nombreux souvenirs afin qu'ils ne demeurent pas simplement un précieux bagage d'émotions personnelles mais, comme il s'agit d'événements qui ont marqué l'Eglise dans la dernière partie du XX siècle, qu'ils soient confiés à la mémoire collective en tant que traces possédant une riche signification dans son histoire séculaire.
En réalité, nous avons vécu ensemble le chapitre qui traite de la publication de la troisième partie du secret de Fatima, lors de ce temps mémorable que fut le Jubilé de l'an 2000: moi, en qualité de Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et vous, en tant que Secrétaire de ce même Dicastère. Le grand Pape qui m'a précédé, Jean-Paul II, fécond en inspirations prophétiques et personnellement convaincu que "la main maternelle" de la Vierge avait dévié la balle qui aurait pu lui être fatale, vit que le temps était venu de dissiper le voile de mystère qui recouvrait la dernière partie du secret confié par la Vierge aux trois pastoureaux de Fatima. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui conservait le précieux document écrit par Sœur Lucia, fut chargée de cette tâche.
Ce fut un temps de lumière, non seulement parce que le message put ainsi être connu de tous, mais aussi parce qu'était ainsi révélée la vérité dans le contexte de confusion des interprétations et des spéculations de type apocalyptique qui circulaient dans l'Eglise, créant le trouble chez les fidèles plutôt que de les inviter à la prière et à la pénitence. D'autre part, toutefois, on pouvait constater le développement réconfortant de la piété mariale, authentique source de vie chrétienne, autour de l'imposant sanctuaire qui avait vu le jour à Fatima, et partout à travers le monde où la dévotion à la Vierge, sous l'influence des apparitions de Fatima, s'enracinait profondément dans la foi du peuple, en incitant les hommes et les femmes à se consacrer au Cœur Immaculé de Marie.
Les entretiens entre la voyante, dernière survivante des trois pastoureaux, et vous-même, en qualité d'Evêque envoyé par le Pape, n'ont pas seulement constitué une vérification importante de l'authenticité des faits, mais aussi l'occasion de connaître la fraîcheur limpide de l'âme de Sœur Lucie, l'intelligence du cœur typique de sa féminité, ancrée dans une solide foi chrétienne. A travers l'expérience de cette humble sœur transparaît également le rôle de la Vierge Marie qui accompagne le chrétien de sa main maternelle dans les difficultés de la vie.
Je me suis occupé personnellement de la rédaction du commentaire théologique de cet événement, après avoir intensément prié et profondément médité les paroles authentiques de la troisième partie du secret de Fatima, contenues dans les feuillets écrits par Sœur Lucie. J'ai été impressionné par la promesse réconfortante de la Très Sainte Vierge, qui en constitue la synthèse et le sceau précieux: "Mon Cœur Immaculé triomphera". Ainsi que j'ai pu l'écrire: "Le fiat de Marie, la parole de son cœur, a changé l'histoire du monde, parce qu'elle a introduit de cette manière le Sauveur - parce que grâce à ce "Oui", Dieu pouvait devenir homme dans notre espace et demeurer ainsi à présent pour toujours". Et encore: "Depuis que Dieu lui-même a un cœur humain et a ainsi tourné la liberté de l'homme vers le bien, vers Dieu, la liberté pour le mal n'a pas le dernier mot". Le message de Fatima en constitue une confirmation supplémentaire.
J'invoque sur tous ceux qui liront le témoignage offert dans ce livre, la protection de la Très Sainte Vierge de Fatima et à vous, Monsieur le Cardinal, et à Monsieur Giuseppe De Carli, qui a partagé le travail de la rédaction de ces souvenirs, je donne la Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 22 février 2007.
BENEDICTUS PP. XVI
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