PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Vendredi 29 novembre 2013
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 49 du 5 décembre 2013)
Une pensée libre
Une invitation à « penser en chrétien », car « un chrétien ne pense pas seulement avec la tête, il pense également avec le cœur et l’esprit qu’il a en lui », a été adressée par le Pape François le 29 novembre, au cours de la messe. Une invitation particulièrement actuelle, dans un contexte social où, a fait remarquer le Pape, s’infiltre toujours davantage « une pensée faible, une pensée uniforme, une pensée prêt-à-porter ». L’Évêque de Rome a centré sa réflexion sur le passage évangélique de Luc (21, 29-33) proposé au cours de la liturgie, dans lequel le Seigneur « avec des exemples simples, enseigne aux disciples à comprendre ce qu’il se passe ». « Le Seigneur veut que nous comprenions ce qu’il se passe dans notre cœur, dans notre vie, dans le monde, dans l’histoire » ; et que nous comprenions « ce que signifie ce qui arrive à présent ». En effet, c’est dans les réponses à ces questions que nous pouvons identifier « les signes des temps ». Et pourtant, les choses ne vont pas toujours ainsi. Un ennemi est aux aguets. C’est « l’esprit du monde », qui « nous fait d’autres propositions ». Car « il ne veut pas que nous soyons un peuple, il veut que nous soyons une masse. Sans pensée et sans liberté ». L’esprit du monde, en substance, nous pousse le long d’« une route d’uniformité, mais sans cet esprit qui fait le corps d’un peuple », en nous traitant « comme si nous n’avions pas la capacité de penser, comme des personnes qui ne sont pas libres ». Et à ce propos, le Pape François a clairement exprimé les mécanismes de persuasion occulte : il existe une manière de penser déterminée qui doit être imposée, « on fait de la publicité à cette pensée » et « l’on doit penser » de cette manière. C’est « la pensée uniforme, la pensée égale, la pensée faible » ; une pensée hélas « tellement répandue », a commenté l’Évêque de Rome. En pratique, « l’esprit du monde ne veut pas que nous nous demandions devant Dieu: mais pourquoi cela arrive-t-il ? ». Et pour nous distraire des questions essentielles, « il nous propose une pensée prêt-à-porter, selon nos goûts : je pense comme j’en ai envie ». Bien sûr, a averti le Pape François, « tout seuls nous ne pouvons » pas tout faire, « nous avons besoin de l’aide du Seigneur, nous avons besoin de l’Esprit Saint pour comprendre les signes des temps ». En effet, c’est précisément l’Esprit qui nous donne « l’intelligence pour comprendre ». Il s’agit d’un cadeau personnel fait à chaque homme, grâce auquel « je dois comprendre pourquoi cela m’arrive » et « quelle est la route que le Seigneur veut » pour ma vie. D’où l’exhortation conclusive à « demander au Seigneur Jésus la grâce qu’il nous envoie son esprit d’intelligence », afin que « nous n’ayons pas une pensée faible, une pensée uniforme, une pensée selon nos goûts », pour avoir en revanche « seulement une pensée selon Dieu ». Et « avec cette pensée — d’esprit, de cœur et d’âme — qui est un don de l’Esprit », chercher à pouvoir comprendre « ce que signifient les choses, bien comprendre les signes des temps ».
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