PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
L’icône des sots
Mardi 17 octobre 2017
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 044 du 3 novembre 2017)
«La voie de la sottise conduit à la corruption»: tel est l’enseignement que le Pape a tiré des lectures liturgiques, en faisant remarquer que «dans la liturgie de la parole d’aujourd’hui, par deux fois, on dit la parole “sot”. Plus qu’une condamnation, c’est une indication, parce que cela indique la voie de la sottise: elle conduit à la corruption». A ce propos, il a identifié «trois groupes de sots» qui «sont des corrompus». Tout d’abord, les docteurs de la loi et les pharisiens, auxquels «Jésus avait dit: “Vous ressemblez à des sépulcres blanchis”: dehors, ils semblent beaux, mais dedans, ils sont pleins d’os et de moisissure. Corrompus». En second lieu les païens, ceux accusés par «Paul, dans la lecture d’aujourd’hui», d’être «devenus sots», ayant pris la gloire de Dieu incorruptible pour une image et une figure d’homme corruptibles, d’oiseaux, de quadrupèdes... C’est pourquoi Dieu les a abandonnés à l’impureté, selon les désirs de leur cœur». En somme, dans ce cas également, «il y a la corruption. Ces païens sont devenus corrompus parce qu’ils ont pris la gloire de Dieu, qu’ils aurait pu connaître par la raison, pour des idoles: la corruption de l’idolâtrie, de tant d’idolâtrie». Et, a averti à ce propos François, «pas seulement les idolâtries des temps antiques, mais également l’idolâtrie d’aujourd’hui: l’idolâtrie, par exemple, du consumisme; l’idolâtrie de chercher un Dieu commode». Enfin, le troisième cas, celui des Galates, «auxquels Paul dit la même chose», s’étant «laissés corrompre par les idéologies: ils ne sont plus chrétiens mais deviennent des idéologues du christianisme». «Ces trois» catégories «finissent dans la corruption, en raison de cette sottise». D’où l’invitation à se demander, à se poser la question: «Qu’est-ce que cette sottise?». La première réponse est qu’elle signifie «ne pas écouter. L’incapacité à écouter la Parole: quand la Parole n’entre pas, je ne la laisse pas entrer parce que je ne l’écoute pas. Le sot n’écoute pas. Il pense écouter, mais il n’écoute pas. La Parole, «si elle entre, entre distillée, transformée par ma conception de la réalité». Donc, «les sots ne savent pas écouter. Et cette surdité les conduit à la corruption. La Parole de Dieu n’entre pas, il n’y a pas de place pour l’amour et enfin, il n’y a pas de place pour la liberté». Et sur cet aspect, «Paul est clair; ils deviennent esclaves». Il serait donc opportun de s’interroger: «Est-ce que j’écoute la Parole de Dieu? Est-ce que je la laisse entrer? Cette parole, que nous avons entendue en chantant l’Alleluia, la Parole de Dieu est vivante, efficace, elle discerne les sentiments et les pensées du cœur. Est-ce que je la transforme en apparence, je la transforme en idolâtrie, en habitudes idolâtres, ou je la transforme en idéologie? Et elle n’entre pas». Parce que «cela est la sottise des chrétiens». Enfin, François a exhorté à faire un pas supplémentaire, c’est-à-dire «de même que les icônes des saints nous font tant de bien », il faudrait «regarder l’icône des sots d’aujourd’hui». «Il y a des chrétiens sots et aussi des pasteurs sots»: ceux que «saint Augustin “réprimande” beaucoup, avec force. Parce que la sottise des pasteurs fait mal au troupeau: tant la sottise du pasteur corrompu que la sottise du pasteur satisfait de lui-même, païen, ou encore la sottise du pasteur idéologue». D’où la consigne finale: «Regardons l’icône des chrétiens sots, et à côté de cette sottise, regardons le Seigneur qui est toujours à la porte: il frappe à la porte et il attend».
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