PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Ceux qui affament les enfants
Lundi 23 octobre 2017
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 045 du 9 novembre 2017)
Deux cent mille enfants rohingyas, et avec eux tous ceux qui aujourd’hui dans le monde souffrent de la faim, sont victimes de l’«idolâtrie de l’argent, qui fait des “sacrifices humains”» en provoquant la mort de tant de personnes. Et personne ne peut rester indifférent en regardant «les enfants affamés qui n’ont pas de médicaments, qui ne reçoivent pas d’éducation, qui sont abandonnés». D’où l’avertissement contre «le dieu argent» — qui détruit aussi les familles qui tombent dans la cupidité des intérêts personnels — lancé par le Pape François. «Ce passage de l’Evangile de Luc (12, 13-21) commence par un héritage et finit aux portes d’un autre héritage». Jésus «avertit clairement: “Faites attention et restez loin de toute cupidité, car même si quelqu’un vit dans l’abondance, sa vie ne dépend pas de ce qu’il possède”». Et ensuite, «il raconte cette parabole» d’un «homme riche qui se trouve devant l’abondance de la récolte, et ne sait pas quoi faire». Il lui vient seulement «à l’esprit de faire deux mouvements: élargir et allonger». C’est-à-dire, «élargir les entrepôts et, dans son imagination, allonger sa vie: “Ainsi je serai tranquille”, mais on ne touche pas à la récolte, on ne touche pas à l’argent, tout doit être conservé, parce que cet argent est son dieu». Mais «c’est Dieu qui met une limite». En effet, la parabole poursuit: «Mais Dieu lui dit: “Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l’aura?”». Cette richesse finira aux mains des héritiers de cet homme qui se mettront à se disputer pour ces trésors considérés comme un dieu. Voilà que «ce passage de l’Evangile commence par une dispute pour un héritage et finira par une autre dispute, quand viendront les petits-enfants». Mais «c’est Dieu qui met une limite à cet attachement à l’argent». A ce propos, le Pape a voulu partager une histoire personnelle: «Je me souviens, il y a quelques années, dans l’autre diocèse, d’un cas qui m’a beaucoup frappé. Un grand entrepreneur, très riche, avait un peu cette attitude. Il avait un cancer. Il le savait. Il ne lui restait plus que quelques jours à vivre. Pendant cette dernière semaine de vie, il s’est enthousiasmé pour une villa et il a acheté cette villa: il ne pensait qu’à cela. Il ne pensait pas à la semaine suivante, quand il aurait dû se présenter devant Dieu». Et «aujourd’hui aussi», il y a «beaucoup de personnes, beaucoup de ces personnes qui possèdent tant»: mais «regardons les enfants affamés qui n’ont pas de médicaments, qui ne reçoivent pas d’éducation, qui sont abandonnés». «Il s’agit-là d’une idolâtrie, mais c’est une idolâtrie qui tue, qui fait des “sacrifices humains”, parce que cette idolâtrie fait mourir de faim tant de personnes». «Pensons seulement à un cas: aux deux cent mille enfants rohingyas dans les camps de réfugiés. Il y a là-bas huit cent mille personnes, deux cent mille sont des enfants. Ils ont à peine de quoi manger, sont dénutris, sans médicaments. Aujourd’hui aussi cela arrive, ce n’est pas quelque chose que le Seigneur dit à propos de cette époque passée: non, aujourd’hui!». C’est pour cette raison, a-t-il insisté, que «notre prière doit être forte: Seigneur, s’il te plaît, touche le cœur de ces personnes qui adorent le dieu, le dieu argent. Touche également mon cœur pour que je ne tombe pas dans cela, que je sache voir. Et ensuite, une autre conséquence, il y a la guerre, toujours; dans ce cas, la guerre en famille. Nous savons tous ce qu’il se passe quand un héritage est en jeu: les familles se divisent et finissent dans la haine l’une pour l’autre». Donc, «notre prière doit être forte: Seigneur, convertis le cœur de ces gens, qu’ils te rencontrent et qu’ils n’adorent pas le dieu argent».
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