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LETTRE DU PAPE FRANÇOIS
À L'OCCASION DU DIXIÈME ANNIVERSAIRE
DE SA VISITE À LAMPEDUSA

 

A l’occasion de la célébration en souvenir du 10e anniversaire de ma visite à Lampedusa, je souhaite vous envoyer, ainsi qu’aux fidèles de l’archidiocèse, aux autorités et aux personnes présentes, mon cordial salut. Je suis proche de vous par l’affection, la prière et l’encouragement.

Très chers amis, en ces jours où nous assistons à la répétition de graves tragédies en Méditerranée, nous sommes secoués par les massacres silencieux face auxquels nous restons encore impuissants et abasourdis. La mort d’innocents, principalement d’enfants, à la recherche d’une existence plus sereine, loin des guerres et des violences, est un cri douloureux et assourdissant qui ne peut nous laisser indifférents. C’est la honte d’une société qui ne sait plus pleurer et avoir de la compassion pour l’autre.

Dix ans se sont écoulés depuis le voyage que j’ai voulu entreprendre au sein de la communauté de Lampedusa pour manifester mon soutien et ma proximité paternelle à ceux qui, après des péripéties douloureuses, à la merci de la mer, ont accosté sur vos côtes. Le fait que des catastrophes si inhumaines aient lieu doit absolument secouer les consciences; Dieu nous demande encore: «Adam, où es-tu? Où est ton frère?». Voulons-nous persévérer dans l’erreur, prétendre nous mettre à la place du Créateur, dominer pour protéger nos propres intérêts, briser l’harmonie constitutive entre Lui et nous? Il faut changer d’attitude; le frère qui frappe à la porte est digne d’amour, d’accueil et de toute préoccupation. C’est un frère qui, comme moi, a été placé sur terre pour jouir de ce qui y existe et pour le partager en communion.

Dans ce contexte, nous sommes tous appelés à un sens renouvelé et profond de responsabilité, en faisant preuve de solidarité et de partage. Il est donc nécessaire que l’Eglise, pour être vraiment prophétique, œuvre avec sollicitude pour se placer sur les routes des oubliés, en sortant d’elle-même, en apaisant avec le baume de la fraternité et de la charité les plaies sanglantes de ceux qui portent imprimées sur leur propre corps les mêmes blessures que le Christ.

Je vous exhorte donc à ne pas rester prisonniers de la peur ou des logiques partisanes, mais à être des chrétiens capables de féconder avec la richesse spirituelle de l’Evangile cette île, située au cœur du Mare Nostrum, afin qu’elle retrouve sa splendeur et sa beauté originelle.

En remerciant chacun d’entre vous, visage rayonnant et miséricordieux du Père, pour votre engagement d’assistance en faveur des migrants, je confie au Seigneur de la vie les morts dans les traversées, et j’accorde avec plaisir ma Bénédiction, en vous demandant s’il vous plaît de prier pour moi.

François



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