Mesdames et Messieurs 
Chers frères et sœurs !

Je suis très heureux de vous accueillir à l’occasion du deuxième symposium sur la maladie de Hansen. Je vous remercie pour votre engagement envers les personnes atteintes de cette maladie, qui sont souvent oubliées et mises à l’écart de la société. Vous êtes comme le bon Samaritain qui se penche pour guérir les plus faibles et les rétablir dans leurs droits et leur dignité. 

Le symposium d’aujourd'hui intervient quelques jours seulement après la 70^ème Journée mondiale des lépreux, initiée par Raul Follereau en 1953 pour sensibiliser le grand public à une maladie que beaucoup croient disparue. Ce qui doit nous inquiéter, aujourd’hui plus qu’alors, c’est le risque d’oublier non seulement la maladie, mais aussi les personnes qui en sont affligées.

La lèpre, également connue sous le nom de maladie de Hansen, est l’une des plus anciennes maladies de l’histoire de l’humanité. Ce que même la Bible, à elle seule, ne parvient pas à nous rappeler, c’est que la stigmatisation liée à la lèpre continue de provoquer de graves violations des droits de l’homme dans diverses régions du monde. « Nous avons progressé sur plusieurs plans, mais nous sommes analphabètes en ce qui concerne l’accompagnement, l’assistance et le soutien aux plus fragiles et aux plus faibles de nos sociétés développées. Nous sommes habitués à regarder ailleurs, à passer outre, à ignorer les situations jusqu’à ce qu’elles nous touchent directement » (Enc. Fratelli Tutti, 64). Nous ne pouvons pas oublier ces frères et ces sœurs. Nous ne devons pas ignorer cette maladie qui, malheureusement, frappe encore tant de personnes, surtout dans les contextes sociaux les plus défavorisés.

Au contraire, convaincus de la vocation de fraternité de la famille humaine, laissons-nous interpeller et questionner : « Allons-nous nous pencher pour toucher et soigner les blessures des autres ? Allons-nous nous pencher pour nous porter les uns les autres sur les épaules ? C’est le défi actuel dont nous ne devons pas avoir peur » (ibid., 70).

Nous devons donc saisir l’occasion de la Journée mondiale des lépreux pour revoir nos modèles de développement, dénoncer et chercher à corriger les discriminations qu’ils engendrent. C’est une occasion propice pour renouveler notre engagement à construire une société inclusive qui ne laisse personne en marge.

De fait, la dénonciation doit toujours être accompagnée d’une proposition, comme synthèse entre le bien qui existe déjà silencieusement et des visions prophétiques, capables d’inspirer une charité structurée et une vie en commun plus juste. En cela, votre contribution, l’impulsion et l’aide que vous apportez aux Églises locales sont précieuses, afin qu’elles se tiennent aux côtés des exclus et sachent accompagner concrètement les processus d’inclusion et de développement humain intégral.

Plus précisément, nous devons nous demander comment collaborer au mieux avec les personnes atteintes de la lèpre, en les traitant pleinement comme des personnes, en reconnaissant qu’elles sont les acteurs principaux de leur lutte pour participer aux droits humains fondamentaux et vivre comme membres à part entière de la communauté. 

J’espère que cette conférence permettra de rassembler les voix du monde entier et de discuter des mesures qui peuvent être prises pour faire davantage progresser le respect de la dignité humaine.

J’exprime ma sympathie à ceux qui souffrent de la maladie de Hansen et j’encourage chacun à continuer à œuvrer pour qu’ils ne manquent pas d’accompagnement spirituel ni de soins de santé. Que les communautés chrétiennes se laissent évangéliser par ces frères et sœurs et qu’elles soient à l’avant-garde des efforts pour leur pleine intégration.

Chers amis, que la Très Sainte Vierge Marie et les nombreux saintes et saints qui ont servi le Christ dans les personnes atteintes de la lèpre vous soutiennent. De tout cœur, je vous bénis et je prie pour vous, pour les malades, leurs familles et tous ceux qui prennent soin d’eux avec amour. Puissiez-vous tous faire l’expérience que Jésus est venu pour que tout homme et toute femme aient la vie et qu’ils l'aient en abondance (cf. Jn 10, 10).

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 17 janvier 2023, mémoire de saint Antoine, abbé.