JEAN-PAUL II
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 12 Janvier 2000
2. Pour comprendre la présence de Marie dans l'itinéraire vers le Père, nous devons reconnaître avec toutes les Eglises que le Christ est "le chemin, la vérité et la vie" (Jn 14, 6) et l'unique Médiateur entre Dieu et les hommes (cf. 1 Tm 2, 5). Marie est insérée dans l'unique médiation du Christ et se trouve totalement à son service. En conséquence, comme le Concile l'a souligné dans Lumen gentium, "le rôle maternel de Marie à l'égard des hommes n'offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ: il en manifeste au contraire la vertu" (n. 60). Nous sommes bien loin d'affirmer un rôle de Marie dans la vie de l'Eglise en dehors de la médiation du Christ ou à côté de celle-ci, comme s'il s'agissait d'une médiation parallèle ou concurrente.
Comme je l'ai dit explicitement dans l'Encyclique Redemptoris Mater, la médiation maternelle de Marie "est une médiation dans le Christ" (n. 38). Le Concile explique: "Car toute influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge sur les hommes a sa source dans une disposition purement gratuite de Dieu: elle ne naît pas d'une nécessité objective, mais découle de la surabondance des mérites du Christ; elle s'appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d'où elle tire toute sa vertu; l'union immédiate des croyants avec le Christ ne s'en trouve en aucune manière empêchée, mais au contraire aidée" (LG, n. 60).
Marie est elle aussi rachetée par le Christ, elle est même la première des rachetés, car la grâce que Dieu le Père Lui a accordée au début de son existence est due aux "mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain", comme l'affirme la bulle Ineffabilis Deus de Pie IX (DS, 2803). Toute la coopération de Marie au salut est fondée sur la médiation du Christ qui, comme le précise encore le Concile, "n'exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l'unique source" (LG, n. 62).
Considérée dans cette perspective, la médiation de Marie apparaît comme le fruit le plus élevé de la médiation du Christ et vise essentiellement à rendre plus intime et profonde notre rencontre avec Lui: "Ce rôle subordonné de Marie, l'Eglise le professe sans hésitation; elle ne cesse d'en faire l'expérience; elle le recommande au coeur des fidèles pour que cet appui et ce secours maternels les aident à s'attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur" (ibid.).
3. En réalité, Marie ne veut pas attirer l'attention sur sa personne. Elle a vécu sur terre avec le regard tourné vers Jésus et vers le Père céleste. Son plus grand désir est de faire converger les regards de chacun dans la même direction. Elle veut promouvoir un regard de foi et d'espérance dans le Sauveur que le Père nous a envoyé.
Elle fut le modèle d'un regard de foi et d'espérance surtout quand, lors de la tempête de la passion de son Fils, elle conserva dans son coeur une foi totale en Lui et dans le Père. Alors que les disciples bouleversés par les événements furent profondément ébranlés dans leur foi, Marie, bien qu'éprouvée par la douleur, conserva intacte la certitude que la prédiction de Jésus se serait réalisée: "Le Fils de l'homme [...] le troisième jour ressuscitera" (Mt 17, 22-23). Une certitude qui ne l'abandonna pas même lorsqu'elle accueillit entre ses bras le corps sans vie de son fils crucifié.
4. Avec ce regard de foi et d'espérance, Marie encourage l'Eglise et les croyants à toujours accomplir la volonté du Père, que le Christ nous a manifestée.
Les paroles adressées aux serviteurs, lors du miracle de Cana, retentissent pour chaque génération de chrétiens: "Faites tout ce qu'il vous dira" (Jn 2, 5).
Son conseil fut suivi, lorsque les serviteurs remplirent les jarres jusqu'au bord. Marie nous adresse aujourd'hui la même invitation. Il s'agit d'une exhortation à entrer dans la nouvelle période de l'histoire avec la décision de réaliser tout ce que le Christ a dit dans l'Evangile, au nom du Père, et nous suggère actuellement à travers l'Esprit qui habite en nous.
Si nous faisons ce que nous dit le Christ, le Millénaire qui commence pourra prendre un visage nouveau, plus évangélique et plus authentiquement chrétien, et répondre ainsi à l'aspiration la plus profonde de Marie.
5. Les paroles: "Faites tout ce qu'il vous dira", en nous indiquant le Christ nous rappellent donc également le Père, vers lequel nous nous acheminons. Elles coïncident avec la voix du Père qui a retenti sur le mont de la Transfiguration: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé [...] écoutez-le" (Mt 17, 5). Ce même Père, avec la parole du Christ et la lumière de l'Esprit Saint, nous appelle, nous guide, nous attend.
Notre sainteté consiste à faire tout ce que le Père nous dit. C'est là que se trouve la valeur de la vie de Marie: l'accomplissement de la volonté divine. Accompagnés et soutenus par Marie, nous recevons avec reconnaissance le nouveau Millénaire des mains du Père et nous nous engageons à répondre à sa grâce avec un humble et généreux dévouement.
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De France: Groupes de pèlerins de Paris et de Bayonne.
Salut en langue française
Chers frères et soeurs,
Si Jésus est l'unique médiateur des hommes, la Vierge Marie, en nous donnant le Fils de Dieu venu pour nous sauver, a aussi un rôle à jouer dans notre marche vers le Père. Sa médiation maternelle est une médiation dans le Christ, une participation à l'unique source qu'est le Christ. C'est pourquoi l'Eglise recommande aux fidèles de recourir à Marie pour qu'ils s'attachent plus intimement au Christ.
Marie a toujours vécu avec le regard tourné vers le Christ et vers le Père. Elle est un modèle de foi et d'espérance, surtout lors de la passion de son Fils. Elle encourage l'Eglise et les croyants à accomplir sans cesse la volonté du Père. Lorsqu'elle s'adresse aux serviteurs, à Cana, en leur disant: "Faites tout ce qu'il vous dira", elle exhorte toutes les générations à vivre en conformité avec ce que, au nom du Père, le Christ dit dans l'Evangile, dévoilé aujourd'hui par l'Esprit qui habite en nous. Puissions-nous accueillir la nouvelle année, en nous engageant, comme Marie, à faire la volonté de Dieu!
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J'adresse un salut cordial aux pèlerins de langue française. Je leur souhaite de faire du grand Jubilé un temps de grâce et de réconciliation, les exhortant à suivre fidèlement le Christ, la Porte qui mène à Dieu. Avec la Bénédiction apostolique.
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