VISITE À LA PAROISSE ROMAINE SAINT-CLÉMENT
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
Ier dimanche de l'Avent, 2 décembre 1979
1. Je désire saluer toute votre paroisse au nom de celui qui est son patron : saint Clément, un des premiers successeurs de Pierre, évêque de Rome qui vécut à la fin du premier siècle après Jésus-Christ ; témoin de la foi apostolique, il connut l'exil et le martyre. Veuille saint Clément guider nos pas et nous accompagner dans cette visite qu'après 19 siècles, son successeur à Rome accomplit dans la paroisse qui lui est dédiée. Qu'il intercède pour nous et nous parle avec l'éloquence de ce témoignage apostolique qui rayonnait dans la ville de Rome à son époque, à peine quelques dizaines d'années après saint Pierre et saint Paul.
Cette ville a fait l'objet d'un choix particulier de la part de Dieu : puissions-nous toujours mériter, par notre vie et notre conduite, ce choix exceptionnel ! Puisse également ma visite à votre paroisse favoriser ce but.
Conformément à la tradition apostolique, je commence cette visite en adressant un salut à Dieu et à notre Seigneur Jésus-Christ "qui est, qui était et qui vient" (Ap 1, 8). Et, en même temps, à toute votre communauté dans le Christ.
Avant tout, un cordial salut à votre dévoué curé, Mgr Vincenzo Pezzella, et à tous les prêtres qui l'assistent dans l'action pastorale ; aux religieuses de la congrégation du "Divin Amour" et à toutes celles qui vivent et opèrent dans le cadre de la paroisse ; aux six mille familles, aux pères, aux mères, aux vingt-quatre mille fidèles qui forment l'Église vivant dans cette zone de Rome, et qui depuis 1965, c'est-à-dire depuis 23 ans, constituent la paroisse.
Un paternel salut également aux enfants, aux adolescents, aux jeunes, aux nouveaux époux, aux personnes âgées, aux malades. Un salut pour féliciter et encourager tous ceux qui, sacrifiant généreusement leur temps, veulent se rendre disponibles pour collaborer, selon leurs propres possibilités et capacités, au travail complexe et varié qui s'accomplit dans cette communauté, si vivante, dynamique et active. J'adresse, en particulier, tous mes éloges, à ceux qui se consacrent avec tant de dévouement à la catéchèse paroissiale à tous les niveaux.
Et en cette joyeuse circonstance, j'ajoute également mes vœux pour que soient bientôt surmontées toutes les difficultés et trouvés les moyens nécessaires pour que vous ayez un temple, non plus "provisoire et accomodé, mais définitif et beau, celui auquel vous songez et que, depuis tant d'années, vous désirez, vous et vos prêtres.
2. Avent : premier dimanche de l'Avent : "Voici que des jours viennent — oracle du Seigneur — où je réaliserai les promesses..." (Jr 33, 14) : ces paroles nous les lisons aujourd'hui dans le livre du prophète Jérémie et nous savons qu'elles annoncent le début de l'année liturgique nouvelle ; et en même temps, déjà dans cette liturgie, elles annoncent le moment imminent de la naissance du Fils de Dieu, né de la Vierge Marie. Nous nous préparons chaque année à ce moment liturgique de l'Église, à cette grande et joyeuse fête solennelle. Je voudrais que ma visite à la paroisse Saint-Clément serve également à cette préparation. En effet, comme l'annonce le prophète Jérémie lui-même, le jour de la naissance du Christ doit nous apporter cette joyeuse certitude que "le Seigneur est notre justice" (cf. Jr 33, 16).
3. L'Église se prépare d'une manière toute particulière à la fête de Noël. Elle nous rappelle l'événement-même qu'elle nous a présenté quasiment à la fin de l'année liturgique. Elle nous rappelle, en effet, le jour de la dernière venue du Christ. Noël, c'est-à-dire la joyeuse première venue du Sauveur, nous le vivrons de la manière voulue, si nous sommes conscients de sa dernière venue "avec puissance et grande gloire" (Lc 21, 27) comme le déclare l'Évangile d'aujourd'hui. Il y a, dans ce passage, une phrase sur laquelle je désire attirer votre attention : "les hommes mourront de frayeur, dans l'attente de ce qui menacera le monde" (Lc 21, 26).
Cette attention nous la réclamons parce qu'à notre époque également "la peur de ce qui menacera le monde" se communique aux hommes.
Le moment de la fin du monde personne ne le connaît "seulement le Père" (Mc 13, 32), et c'est pourquoi de cette peur qui se communique aux hommes de notre temps nous ne déduisons aucune conséquence en ce qui concerne l'avenir du monde. Il est cependant bon de se pencher sur cette phrase de l'Évangile d'aujourdhui. Pour bien vivre la commémoration de la naissance du Christ, il importe d'avoir présent dans l'esprit la vérité sur la dernière venue du Christ : sur cet ultime Avent. Et quand le Christ Jésus nous dit : "Tenez vous sur vos gardes... que ce jour-là ne fonde soudain sur vous comme un filet" (Lc 21, 34), nous nous rendons compte alors qu'il ne parle pas seulement du dernier jour de tout le monde humain, mais également du dernier jour de chaque homme.
Ce jour qui clôt le temps de notre vie sur la terre et ouvre devant nous la dimension de l'éternité, il est l'Avent, lui aussi. Ce jour-là le Seigneur viendra à nous comme Rédempteur et Juge.
4. Ainsi donc, nous le voyons, diverse est la signification de l'Avent qui débute ce dimanche comme temps liturgique. Il semble que le premier des quatre dimanches de cette période veuille surtout insister sur la vérité du "passage auxquels sont soumis le monde et l'homme dans le monde. Notre vie dans le monde est "un passage qui conduit inévitablement à son terme. L'Église veut toutefois nous dire — et nous le dit avec la plus grande persévérance — que ce passage et ce terme constituent, simultanément l'Avent : non seulement nous passons, mais en même temps nous nous préparons ! Nous nous préparons à la rencontre avec Lui !
La vérité fondamentale sur l'Avent est en même temps sérieuse et joyeuse. Elle est sérieuse : en elle résonne le même "veillez !" que nous a fait entendre la liturgie du dernier dimanche de l'année liturgique. Elle est en même temps joyeuse : l'homme en effet, ne vit pas "dans le vide" (le but de la vie de l'homme n'est pas "le vide"). La vie de l'homme n'est pas seulement un itinéraire vers le terme qui signifierait, avec la mort du corps, l'anéantissement de tout l'être humain. L'Avent apporte la certitude de l'indestructibilité de cet être. S'il répète : "Veillez et priez !" (Lc 21, 36), il le fait pour que nous puissions être prêts à "comparaître devant le Fils de l'homme" (Lc 2136).
5. De cette manière, l'Avent est également le temps, premier et fondamental, du choix. En l'acceptant, en y participant, nous choisissons le sens principal de toute la vie. Tout ce qui advient entre la naissance et la mort de chacun de nous constitue, pour ainsi dire, une grande épreuve : l'examen de notre humanité. Voilà pourquoi cet ardent appel de saint Paul dans la deuxième lecture de ce jour : un appel à abonder dans l'amour, à affermir nos cœurs dans une sainteté sans reproche devant Dieu ; l'invitation à plier toute notre manière de vivre (notre style de vie, dirait-on aujourd'hui) à l'observance des commandements du Christ. L'Apôtre enseigne : Si nous voulons plaire à Dieu, nous ne pouvons nous complaire dans l'inertie, nous devons aller de l'avant — c'est-à-dire "nous distinguer encore plus" (1 Th 4, 1). Et de fait, il en est ainsi. Il y a dans l'Évangile une invitation à progresser. Le monde est plein, aujourd'hui, d'invitations au progrès. Il n'est personne qui veuille être un "non-progressiste". Il s'agit toutefois de savoir de quelle manière on peut et doit "être progressistes", de savoir en quoi consiste le véritable progrès. Nous ne pouvons survoler tranquillement cette demande. L'Avent contient la signification la plus profonde du progrès. L'Avent nous rappelle chaque année que la vie humaine ne saurait être un état d'inertie. Elle doit être un progrès. L'Avent nous indique en quoi consiste ce progrès.
6. C'est pourquoi, dans la liturgie, nous attendons le moment de la nouvelle naissance du Christ. Car II est (selon le Psaume d'aujourd'hui) Celui qui "montre la voie aux pécheurs ; fait marcher les humbles selon la justice ; enseigne aux pauvres sa voie" (Ps 25-24 8-9).
C'est donc vers Celui qui viendra — vers le Christ — que nous nous tournons, pleins de confiance et de conviction. Et nous lui disons : guide ! Guide-moi dans la vérité ! Guide-nous dans la vérité !
O Christ, guide dans la vérité les pères et mères de famille de la paroisse. Stimulés et fortifiés par la grâce sacramentelle du mariage, et conscients d'être sur la terre le signe visible de ton indéfectible amour pour l'Église, qu'ils sachent, de manière sereine et décidée, affronter avec une cohérence évangélique les responsabilités de la vie conjugale et de l'éducation chrétienne de leurs enfants.
O Christ, guide dans la vérité les jeunes de cette paroisse. Qu'ils ne se laissent pas subjuguer par de vaines idoles, comme la consommation à outrance, le bien-être à tout prix, le "permissivisme" moral, la violence contestataire, mais qu'ils vivent avec joie ton message qui est le message des Béatitudes, le message de l'amour envers Dieu et envers le prochain, le message de l'engagement moral en vue de la transformation authentique de la société.
O Christ, guide dans la vérité tous les fidèles de cette paroisse. Que la foi chrétienne anime leur vie et fasse que devant le monde ils soient de courageux témoins de ta mission de salut, des membres conscients et dynamiques de l'Église, heureux d'être fils de Dieu et frères avec Toi, de tous les hommes !
Guide-nous, Seigneur, dans la vérité ! Toujours !
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