Discurso al Embajador de BRASIL,
Excmo. Sr. Don Carlos Frederico Duarte GONCALVES da ROCHA*
21 de enero de 1985
Monsieur l'Ambassadeur,
1. C'est pour moi un motif de grande joie d'avoir aujourd'hui l'occasion d'accueillir Votre Excellence pour recevoir les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République Fédérale du Brésil près le Saint-Siège. Et je vous reçois aujourd'hui – et il en sera toujours ainsi – avec la plus grande attention et le plus vif intérêt. J'apprécie les paroles que vous m'avez adressées et qui reflètent, en même temps que vos bonnes dispositions personnelles, avec le désir de vous dévouer à l'accomplissement de la haute mission que vous entreprenez aujourd'hui, les sentiments de bienveillance du Gouvernement et de la chère population du Brésil à l'égard du Successeur de Pierre qui y répond, en échange, avec la même intensité.
En vous souhaitant cordialement la bienvenue, je vous remercie pour les déférentes paroles que vous m'avez adressées de la part de M. le Président de la République, le Général Joâo Baptista Figueiredo qui a mandé Votre Excellence et dont, en ce moment, prennent fin, les hautes fonctions. Je vous prie de lui transmettre mes meilleurs vœux; et, de même, au Président qui vient d'être élu j'adresse mes souhaits d'heureux succès dans son gouvernement suprême des destinées de la nation brésilienne.
C'est avec grande estime que le Saint Siège considère votre pays et le peuple brésilien avec son riche patrimoine culturel imprégné de traditionnelles valeurs chrétiennes et porteur de nombreuses promesses dans le contexte de l'Amérique Latine et du monde. Au moment historique que le Brésil est en train de vivre correspond une attente générale que je désire voir heureusement satisfaite. Et elle le sera certainement dans un sens positif si, comme je le souhaite vivement, l'on tient compte de son passé de nation pacifique et ordonnée qui lui fait honneur, du caractère de sa culture et surtout de la nature généreuse de son peuple. Le Brésil continuera certainement à faire tous ses efforts en vue du meilleur bien de chaque Brésilien, afin que tous puissent disposer de moyens suffisants pour se réaliser intégralement, dans une participation responsable et éclairée à la vie et aux destins de la communauté.
2. C'est avec une très haute estime et un cœur plein d'affectueux souvenirs que j'évoque mon contact direct avec le peuple brésilien tout au long des douze journées de mon agréable pèlerinage au Brésil en 1980. Avec le souvenir de la courtoisie des Autorités qui se prodiguèrent pour faciliter cette visite pastorale restent gravées en moi d'indélébiles images de beauté et de bonté; mais ce qui les dépasse toutes c'est l'image de l'homme concret avec toute sa vérité que j'ai pu rencontrer personnellement en diverses occasions. J'ai été frappé par sa «brésilianité» – c'est-à-dire par l'identité de sa culture, résultant de la fusion de richesses culturelles et de valeurs spirituelles de diverses provenances – mais aussi par l'aspiration générale a former et a maintenir le Brésil comme une grande famille.
Membre de cette famille, Votre Excellence vient à Rome chargé d'une mission qui sera certainement, et je le souhaite de tout cœur, une expérience nouvelle qui enrichira votre précédent séjour à Rome. Il s'agit, on le sait, d'un genre tout particulier de relations qui se résolvent, non pas en accords politiques, économiques et culturels, mais plutôt en bien et en valeurs qui se situent sur un plan différent; des relations qui s'expriment par le dialogue et conjointement par la collaboration quand le demande le plus grand bien des personnes et des peuples et que le permet la mission propre de l'Église; des relations qui ont en vue un plus grand bien commun, comme la justice et la paix. Pourvoir autant que possible à la survivance, à la santé, à l'éducation et à la promotion des populations, à la protection des minorités ethniques; les possibilités d'emploi; la juste distribution et la valorisation des biens primordiaux; la défense des valeurs de la famille, de la fraternité sociale et de l'intégrité morale: voilà des domaines où il n'est pas rare que se rencontrent la sollicitude de l'Église et l'application des gouvernements des peuples.
Dans les limites de sa propre mission, l'Église ne manque jamais – comme on le sait – de conseiller à ses fils de prendre part, avec prudence aux efforts qui sont exercés dans le but d'éliminer ou réduire les carences, d'entreprendre de véritables réformes, de pourvoir aux nécessités vitales, de faciliter à tout le monde l'accès aux moyens qui permettent de se nourrir de se soigner et de s'instruire, d'améliorer les conditions de vie et, de cette manière, de garantir la paix.
L'Église qui, en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond d'aucune manière avec la communauté politique et n'est liée à aucun système politique est à la fois le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine. Aussi, quand il s'agit de servir la sublime vocation personnelle et sociale des hommes qui la composent et qui sont en même temps membres de la communauté politique, il arrive que la route de l'Église converge sur celle que parcourt la communauté politique elle-même (cf. Const. Gaudium et spes, 76).
3. En rendant hommage à la mémoire des fils de l'Église pour la contribution qu'ils ont apportée à la formation de la société brésilienne actuelle, caractérisée par une singulière universalité, Votre Excellence a mis en relief le fait qu'elle est un point de rencontre de l'action de l'Église et de l'action de l'État dans le domaine des valeurs éthiques et spirituelles; c'est sur celles-ci en effet qu'est fondée la dignité de toute la personne humaine, avec ses droits, ses libertés et ses devoirs qui se réaliseront grâce à la recherche du progrès authentique et du bien commun par les voies de la compréhension, de l'entraide, de la justice et de la fraternité, bien différentes des voies de la violence qui explose quand ces droits, ces libertés et ces devoirs ne sont pas observés.
Au Brésil, une nation de longue tradition chrétienne, l'État et l'Église ont mené un dialogue constructif, comme constructives furent leurs préoccupations et attitudes réciproques, en plein respect de leurs domaines respectifs et je sais que chacun désire poursuivre sur cette voie. Quant au Saint-Siège, il se montrera d'avance reconnaissant chaque fois que Votre Excellence se fera l'écho de convictions et de désirs compatibles avec la mission de l'Église qui n'a jamais manqué de les exprimer au sujet des grands problèmes et des défis que le monde entier doit affronter aujourd'hui et qui affectent donc tous les pays et chacun d'eux en particulier. Ce n'est pas le moment d'énumérer ces problèmes et ces défis auxquels j'ai fait allusion au cours de ma récente rencontre avec le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège (12 janvier 1985). Toutes et chacune des nations sont appelées à s'intéresser et, peut-être même, à prendre part à un dialogue sérieux et franc, évitant toute méfiance, portant sur les impératifs du bien commun de toute la famille humaine et sur les exigences de la solidarité; comme vous le savez, quand celle-ci est authentique, elle comporte le respect d'autrui et l'aide nécessaire aux peuples en difficulté.
Je fais les meilleurs vœux pour que le Brésil continue, avec clairvoyance et discernement, à assumer son rôle dans l'édification d'un monde plus éclairé par l'amour, par la justice, par la vérité de l'homme et par la solidarité, en marche vers une paix durable.
Je souhaite cordialement à Votre Excellence qui continue ici dès aujourd'hui une tradition – tradition de relations amicales ininterrompue depuis l'aube de l'indépendance de votre pays – que se réalise sans obstacles l'ardent désir que vous avez exprimé de vous y consacrer avec le plus grand dévouement. Et je souhaite également que l'heureux et fécond accomplissement de votre mission, vous apporte joies et consolations et vous permette en outre de mieux découvrir le vrai visage de l'Église catholique. Pour tout ceci j'invoque pour la personne de Votre Excellence et pour le cher peuple brésilien – et pour tous ceux qui ont la tâche de sauvegarder et promouvoir son bien commun – l'assistance, les faveurs et les bénédictions de Dieu.
*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.17 p.2.
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