DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
À S. E. MONSIEUR HENRY SÖDERHOLM,
NOUVEL AMBASSADEUR DE FINLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE*
Samedi, 28 novembre 1992
Monsieur l’Ambassadeur,
C’est avec joie que j’accueille Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent auprès du Siège apostolique en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Finlande.
Je suis sensible aux paroles que vous m’avez adressées rappelant la cordialité et la qualité des relations qui unissent le Saint-Siège et votre pays. Je vous remercie, en particulier, de m’avoir transmis le message courtois et déférent de Son Excellence Monsieur Mauno Koivisto, Président de la République de Finlande. Je vous saurais gré de lui exprimer mes vives salutations, en lui redisant combien je garde en mémoire l’accueil chaleureux qui m’a été offert par les autorités civiles comme par le peuple finlandais, lors de ma visite pastorale en 1989.
Par votre présence dans ces lieux et par votre message, Monsieur l’Ambassadeur, vous témoignez de l’estime et de l’intérêt que votre nation porte aux questions humaines, morales, spirituelles et religieuses. Pour l’ensemble des États européens, votre pays revêt une signification importante et demeure un exemple dans le contexte actuel. Pendant toute la période où l’idéologie communiste maintenait fermement l’Europe de l’Est sous le joug de l’oppression, votre nation et ses dirigeants ont conservé leur unité nationale, affermi la démocratie représentative à l’intérieur de leurs frontières et sauvegardé leur indépendance dans leurs relations avec les États voisins. Mais cette tradition s’accompagne aussi d’une grande attention aux hommes d’autres pays et d’un souci constant d’ouverture et de solidarité qui honorent la Finlande.
On retrouve ces qualités spécifiques dans les grands moments de l’histoire de la Finlande. Elles ont été reconnues par l’ensemble des dirigeants des nations à l’Est comme à l’Ouest, et elles ont permis à des gouvernements qui s’opposaient d’être accueillis sur votre sol, de se rencontrer et d’engager de sérieuses négociations au sein de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe, forum d’une portée et d’une ampleur considérables dans le domaine des relations internationales.
Ainsi, votre capitale est devenue un lieu hautement symbolique de la construction d’une Europe fraternelle. Désormais, depuis la signature de l’Acte final, le 1er août 1975, le nom d’Helsinki reste lié à des aspects essentiels de la coopération entre les États du continent européen.
Le Saint-Siège, qui fut un des premiers à s’engager dans le processus qui a donné le jour à la CSCE, demeure très attaché, comme vous le souligniez, à une Europe dont une des bases fondamentales est la paix. Malheureusement, la guerre en Bosnie-Herzégovine reste une plaie au cœur du continent. Au sein de la force des nations Unies, certains de vos compatriotes apportent leur contribution au processus de paix et au nécessaire devoir humanitaire à l’égard des populations concernées. La croissance des personnes et des peuples ne peut se faire sans que soient pleinement respectées et reconnues par tous les valeurs morales fondamentales, qui trouvent leur heureuse expression dans l’Acte final de la Conférence et dans la Charte de Paris: le respect des personnes, quelle que soit leur appartenance ethnique, ainsi que des libertés essentielles comme celles de pensée, de conscience, de religion ou de conviction, le respect des limites territoriales, la non-ingérence dans les affaires intérieures et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la collaboration entre les États pour une vie plus conviviale et une solidarité qui dépasse les limites nationales, sans oublier l’engagement pris par tous les signataires de régler leurs différends par des moyens pacifiques.
Je forme des vœux fervents pour que, motifs d’espérance, les dispositions de l’Acte final d’Helsinki contribuent à affermir la paix entre les personnes et entre les peuples, une paix qui passe nécessairement par la réconciliation où chacun, faisant taire les tensions et les divisions du passé par une purification de la mémoire et une conversion du cœur, s’engage au service de son pays comme de la communauté internationale.
Ma pensée se tourne vers l’ensemble de vos concitoyens. Je souhaite qu’au sein de l’Europe ils puissent partager avec leurs frères le sens du dialogue et le désir de la pacification dont ils ont souvent su faire preuve. Mon regard se tourne aussi vers les catholiques de Finlande. Ils sont peu nombreux, mais ils souhaitent participer activement à la vie sociale de leur pays, grâce aux relations constructives qu’ils entretiennent avec les communautés d’autres confessions religieuses, dans un esprit œcuménique et de charité fraternelle, et grâce au bon accueil que les autorités ont réservé aux pasteurs venus prendre soin des fidèles catholiques.
Au moment où commence votre mission de Représentant de la République de Finlande, je souhaite, Monsieur l’Ambassadeur, que votre séjour vous apporte beaucoup de joie. En contemplant la Ville depuis la colline du Janicule et en en découvrant les multiples richesses, vous pourrez percevoir les liens entre la culture à laquelle vous appartenez et la culture romaine, pour en faire apparaître la complémentarité. Pour leur part, les relations diplomatiques traduisent la confiance mutuelle qui nous unit. Soyez assuré que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs un soutien attentif et un accueil cordial.
Sur Votre Excellence, sur le peuple finlandais et sur ses dirigeants, j’invoque de grand cœur l’abondance des Bénédictions divines.
*Insegnamenti di Giovanni Paolo II, vol. XV, 2 pp.749-751.
L'Attività della Santa Sede 1992 pp. 811-812.
L’Osservatore Romano 29.11.1992 p.10.
L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.51 p.9.
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