DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
AU NOUVEL AMBASSADEUR DE TUNISIE PRÈS
LE SAINT-SIÈGE, S.Exc. M. ISMAIL LEJIRI,
À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION
DES LETTRES DE CRÉANCE*
Samedi 19 novembre 1994
Monsieur l’Ambassadeur,
C’est avec joie que j’accueille Votre Excellence et que je Lui souhaite la bienvenue en cette demeure à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Tunisienne.
Je vous remercie des paroles courtoises que vous avez eues à mon égard et auxquelles j’ai été très sensible. En cette circonstance solennelle, ma pensée va en premier lieu vers Son Excellence le Président Zine El Abidine Ben Ali: je vous prie de bien vouloir lui présenter mes salutations déférentes et lui exprimer ma gratitude pour l’aimable message qu’il m’adresse par votre entremise. Je forme les meilleurs vœux pour sa personne ainsi que pour ceux qui collaborent avec lui au service de la nation tunisienne. Enfin, je salue de grand cœur les hommes et les femmes de votre pays engagés, sous l’impulsion du chef de l’État, dans l’exaltante construction d’une société moderne et ouverte, qui réponde à leurs aspirations vers un développement intégral et harmonieux. Bien volontiers, je prie Dieu de bénir les efforts de tous dans l’édification d’une Tunisie toujours plus digne et prospère, qui apporte, selon sa vocation, une juste contribution à l’équilibre et à la paix dans le continent africain comme entre les nations méditerranéennes en quête de concorde et de coopération.
Il m’est agréable de constater, suivant vos propos Monsieur l’Ambassadeur, le désir de vos concitoyens de promouvoir l’homme dans un Etat de droit, où la souveraineté appartient à la loi et n’est pas le fait de l’arbitraire de quelques-uns. En effet, une authentique démocratie n’est possible que dans un Etat de droit et sur la base d’une conception correcte de la personne humaine. L’Eglise apprécie le système démocratique en ce qu’il assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir leurs gouvernants. Elle observe que l’action politique doit être fondée, en dernier ressort, sur la vérité de l’homme, afin que les idées et les convictions ne soient pas détournées au profit d’un petit nombre de personnes.
Vous avez bien voulu relever, Monsieur l’Ambassadeur, les efforts qu’avec mes collaborateurs je poursuis afin de venir en aide aux peuples qui souffrent encore de la guerre. C’est mon souhait ardent, en effet, que la paix devienne une réalité dans la famille des nations. En raison de notre foi, nous sommes plus particulièrement appelés, chrétiens et musulmans, à être des artisans de paix. Pour les Livres sacrés des différentes religions, l’aspiration à la paix et sa réalisation occupent une place considérable dans la vie de l’homme et dans ses rapports avec Dieu. On peut même dire qu’une vie religieuse authentiquement vécue produit des fruits de fraternité et de paix, car il est dans la nature de la religion de favoriser des relations toujours plus solidaires entre les hommes, précisément par des liens toujours plus étroits avec la divinité.
Vous me permettrez de saisir l’occasion de cette rencontre pour saluer, par votre entremise, la communauté catholique de votre pays, qui, en famille unie dans la joie et dans la peine autour de son pasteur, Monseigneur Fouad Twal, s’efforce de promouvoir la charité, la justice et la compréhension au service de tous les Tunisiens. Les efforts que les catholiques déploient notamment dans la formation des jeunes et dans des œuvres d’assistance, les contacts amicaux qu’ils cherchent à entretenir avec leurs compatriotes d’autres croyances, sont une contribution qu’ils ont la joie d’apporter à la vie de leur pays.
Votre présence ici, Monsieur l’Ambassadeur, raffermira, j’en suis sûr, les liens qui existent déjà entre la Tunisie et le Saint-Siège, et je m’en réjouis. Au moment où commence votre mission, je vous adresse mes souhaits sincères. Soyez assuré que vous trouverez au Vatican un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs.
Sur Votre Excellence, sur Monsieur le Président de la République, le gouvernement et le peuple tunisiens, j’invoque de grand cœur l’assistance du Très-haut et l’abondance des Bénédictions divines.
*Insegnamenti di Giovanni Paolo II, vol. XVII, 2 p. 810-812.
L'Attività della Santa Sede 1994 p. 863-864.
L’Osservatore Romano 20.11.1994 p.5.
L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.51 p.8.
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