ADDRESS OF HIS HOLINESS JOHN PAUL II
TO H.E. Mr NIKOLAOS KALANTZIANOS
NEW AMBASSADOR OF GREECE TO THE HOLY SEE*
Monday, 3 June 1996
Monsieur l'Ambassadeur,
C'est pour moi un grand plaisir de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire tentiaire de la République hellénique près le Saint-Siège. Je vous remercie des salutations cordiales que vous m'avez transmises de la part de votre Président, M. Stephanopoulos et du gouvernement, et je vous prie de bien vouloir leur transmettre mes salutations et l'assurance de mon estime pour votre nation.
Comme vous l'avez observé, l'histoire récente du continent européen a été marquée par de profonds et d'importants changements, à la fois politiques et idéologiques. Ces changements apportent de grandes espérances. Les personnes ont des chances réelles d'établir des relations toujours plus justes et harmonieuses entre elles et entre tous les membres de la société. Toutefois, une certaine pression demeure: alors que le «vieux continent» s'achemine vers une plus grande intégration et un soutien réciproque, le danger de fragmentation et d'isolement demeure. Comme j'ai eu l'occasion de le remarquer il y a deux ans dans mon discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège: «D'une part, l'Europe possède un réseau d'institutions pluri-étatiques qui devraient lui permettre de porter à terme son noble projet communautaire. Mais d'autre part, cette même Europe est comme débilitée par des tendances au particularisme qui vont en s'accentuant et qui engendrent des réflexes inspirés par le racisme et le nationalisme les plus primitifs» (Discours au Corps diplomatique, 15 janvier 1996, n. 6, cf. ORf n. 3 du 16 janvier 1996).
Les terribles conséquences de ces tendances sont certainement apparues de la façon la plus évidente dans le tragique conflit qui a apporté une horreur et des destructions indescriptibles à vos voisins des Balkans. Le Saint-Siège encourage la Communauté internationale à persévérer dans ses efforts afin de parvenir à une paix juste et durable. Cela est tout simplement une expression de la solidarité qui devrait unir toutes les nations en tant que membres de l'unique famille humaine à travers le monde.
Promouvoir la solidarité et la coopération entre les peuples et les nations représente l'une des principales raisons de la présence et de l'activité du Saint-Siège dans le domaine de la diplomatie internationale. Une ère nouvelle et importante s'ouvre à la communauté mondiale, qui exige un sens renouvelé de la responsabilité morale collective pour la promotion du développement humain intégral, de la préservation des libertés et des droits humains, la promotion d'une plus grande forme de participation au gouvernement et l'établissement de structures efficaces pour résoudre de façon équitable les différends existant entre les nations et les groupes sociaux et ethniques. C'est en particulier à la lumière de ce dernier point que j'exprime le souhait que tous les obstacles à la paix dans la Méditerranée seront surmontés grâce à un dialogue sincère et ouvert.
En effet, ce sont précisément le dialogue et l'engagement à la paix qui doivent caractériser les relations entre les peuples et les nations. De plus, dans le monde interdépendant d'aujourd'hui, la construction de sociétés pacifiques exige une coopération étroite entre les nations plus riches et celles encore en voie de développement. Le scandale de la pauvreté, la violence et l'oppression politique qui frappe encore de vastes secteurs de l'humanité doit être affronté et il est encourageant de noter qu'au Sommet mondial pour le Développement social, qui s'est tenu l'an dernier à Copenhague, ces problèmes ont été justement repris avec une détermination renouvelée. Le Sommet a reconnu que, dans différentes parties du monde, les rapides processus de changement et de réajustement ont provoqué une aggravation de la pauvreté, du chômage et de la fragmentation sociale. Le défi qui se présente aujourd'hui à la Communauté des nations consiste à déterminer la meilleure façon de faire face à ces situations, de manière à accroître les bénéfices que les changements peuvent apporter à toute la famille humaine et, dans le même temps, en permettant aux nations en voie de développement d'être les principaux agents de leur progrès social et économique.
Dans la Déclaration officielle sur le Développement social, approuvée par le Sommet, les différents chefs d'État et de gouvernement se sont engagés à adopter «une vision politique, éthique et spirituelle du développement social» qui respecte pleinement «les différentes valeurs religieuses et éthiques ainsi que les milieux culturels des personnes» (Déclaration de Copenhague, n. 26). Une telle vision et un tel respect sont véritablement nécessaires pour atteindre un développement humain intégral. En effet, ce n'est que lorsque la valeur, la dignité et les droits de la personne humaine sont maintenus et promus que le tissu social est véritablement renforcé et que les priorités des personnes et des nations sont correctement établies.
La mission de l'Église comporte la tâche spécifique de défendre l'ensemble des droits humains, particulièrement les droits à la vie et à la liberté religieuse car ceux-ci constituent la base de la liberté et de la dignité humaines, qui sont à leur tour une conséquence du fait que les hommes et les femmes ont été créés à l'image et à la ressemblance de Dieu. C'est pour cette raison que l'Église participe de façon active à la recherche du véritable progrès et du développement authentique; et cela est également la raison de sa contribution spécifique dans les domaines de l'éducation, de la santé, et des services sociaux. Dans ce même contexte, l'Église catholique demeure engagée à poursuivre et à promouvoir le dialogue Ĺ“cuménique avec les différentes Églises chrétiennes et les communautés ecclésiales. Si l'on veut apporter un témoignage crédible du rôle primordial que la chrétienté doit jouer sur le plan spirituel et culturel dans le Troisième Millénaire, il est nécessaire d'encourager et de soutenir fortement le respect et l'amour mutuels entre les chrétiens, ainsi qu'une véritable coopération.
Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que, durant votre mandat, l'amitié et la compréhension qui ont toujours marqué les relations entre la Grèce et le Saint-Siège continueront de s'accroître, et je vous assure de la complète coopération des différents bureaux de la Curie romaine. J'invoque de Dieu tout-puissant une abondance de bénédictions sur vous, ainsi que sur tous les habitants de votre pays.
*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.30 p.2.
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