DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT
ŒCUMÉNIQUE DE CONSTANTINOPLE
Solennité saints Apôtres Pierre et Paul
Samedi 29 juin 1996
Soyez les bienvenus, Frères très chers dans le Seigneur.
C'est avec une grande joie que nous vous accueillons, vous qui êtes délégués par le Patriarche œcuménique pour participer a la célébration, par l'Église de Rome, des saints apôtres Pierre et Paul. L'an dernier, c'est Sa Sainteté Bartholomaios Ier qui était parmi nous et je lui exprime à nouveau mes sentiments de gratitude pour sa visite.
Cet échange de visites entre nos Églises lors de la fête de leurs saints patrons, à Rome et au Phanar, nous offre chaque année l'occasion d'une rencontre fraternelle dans la prière et le dialogue en vue d'intensifier nos relations ecclésiales et de discerner ensemble les voies les plus indiquées pour progresser vers le rétablissement de la pleine communion.
Tout d'abord, par ces rencontres, nous désirons suivre le chemin vers l'unité pour laquelle le Seigneur a fait monter ses supplications vers le Père. De son Esprit, nous recevons la force de renouveler sans cesse notre élan.
Ces rencontres sont aussi, deux fois par an, l'occasion de considérer franchement et fraternellement le développement de nos relations. Il faut faire le point sur ce qui a été accompli et sur ce qui n'a pas été accompli. Il faut décider en commun des initiatives à prendre pour continuer ou pour relancer le mouvement. Il faut prévoir ensemble quand, où et comment notre dialogue devra se poursuivre. Nous pouvons, en ces échanges fraternels, nous dire très librement les différentes réactions que provoquent dans nos Églises le développement de ce dialogue ou son apparente stagnation. Nous pouvons aussi évaluer ensemble les résultats de nos efforts pour faire mieux comprendre au clergé et aux fidèles, de part et d'autre, la nécessité de ce dialogue. Ces conversations doivent être le moyen privilégié d'adopter, dans la mesure du possible, une attitude commune devant nos fidèles et de contribuer ainsi à ce que soient dépassées les réactions non contrôlées, les habitudes de critiques ou même de polémiques qu'un passé, aujourd'hui, révolu, avait profondément imprimées dans les mentalités.
Le deuxième Concile du Vatican a souligné que la conversion du cœur était la condition préalable nécessaire à l'engagement œcuménique. Par nos échanges de vues, nous pouvons nous rendre compte ensemble de la situation de cette conversion dans nos Églises. Afin d'être crédibles pour nos fidèles, notre prière et notre concertation doivent être suivies de réalisations concrètes. Il faut réaliser ensemble ce que nous avons projeté ensemble.
L'an dernier, considérant avec Sa Sainteté le Patriarche Bartholomaios l'approche du grand Jubilé de l'An 2000, nous avons invité nos fidèles à parcourir ensemble spirituellement ce pèlerinage vers le Jubilé. La réflexion, la prière, le dialogue, le pardon et la charité fraternelle réciproque ― avons-nous encore affirmé ― nous rapprocheront davantage du Seigneur et nous aideront à mieux comprendre sa volonté sur l'Église et sur l'humanité » [1].
En effet, nous devons vivre et célébrer une échéance historique importante. Elle est pour nous l'occasion d'inviter tous les fidèles à renouveler leur adhésion à la personne même de « Jésus-Christ qui est le même hier, aujourd'hui et à jamais » [2]. Il s'agit de promouvoir un approfondissement de la foi, un renouveau de la vie chrétienne, de la fraternité et de la communion entre les chrétiens [3]. Je remercie le Patriarche œcuménique d'avoir accepté d'envoyer un délégué fraternel à la rencontre qui, en février dernier, devait préparer le grand jubilé. Il m'est agréable de souligner que vous avez été vous-même ce délégué, cher Frère Michaël. Je serai heureux qu'un esprit de collaboration dans l'effort de renouveau s'étende partout où les catholiques et les orthodoxes vivent les uns près des autres. La célébration de l'an 2000 pourrait être ainsi une célébration commune de Jésus-Christ, notre Seigneur.
Je vous prie, Frères très chers, de transmettre mes salutations affectueuses au Patriarche Bartholomaios, aux membres du Saint-Synode, au clergé et à tous les fidèles du Patriarcat œcuménique. Que « la grâce et la paix vous soient données en abondance » [1]!
[1] « Declaratio communis » inter Ecclesiam Romanam et Ecclesiam Constantinopolitanam », 3.
[2] Hebr. 13, 8.
[3] Cfr. « Declaratio communis » inter Ecclesiam Romanam et Ecclesiam Constantinopolitanam », 4.
[4] 1 Petr. 1, 2.
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