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DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II
LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE
DU NOUVEL AMBASSADEUR
DE LA RÉPUBLIQUE COOPÉRATIVE DE GUYANA
PRÈS LE SAINT-SIÈGE,
S.E. M. LALESHWAR KUMAR NARAYAN SINGH*

Jeudi 17 décembre 1998

 

Monsieur l'Ambassadeur,

C'est avec un grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue au début de votre mission comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République coopérative de Guyana près le Saint-Siège. Je suis particulièrement heureux de vous accueillir comme premier Ambassadeur depuis l'établissement des relations diplomatiques en 1997; je suis certain que cette étape importante favorisera une relation encore plus fructueuse entre nous dans les années à venir. En acceptant vos Lettres de Créance, je vous demande de transmettre au Président, Mme Janet Jagan, ainsi qu'à vos concitoyens, mes meilleurs vœux et l'assurance de mes prières pour la paix et la prospérité de la nation.

A travers ses relations diplomatiques, le Saint-Siège cherche à offrir un service tout à fait particulier, se plaçant toujours du côté de la paix et de l'harmonie entre les peuples, et tenant compte du bien commun et du développement intégral des individus et des nations. L'Eglise offre ce service à une époque où la diplomatie elle-même traverse une période de transition. La tâche de la diplomatie aujourd'hui est de plus en plus déterminée par les défis de la globalisation et par les nouvelles menaces à la paix dans le monde que celle-ci comporte. La question principale ne concerne plus la souveraineté territoriale - frontières et territoire - même si dans certaines parties du monde, cela demeure un problème. Les menaces à la stabilité dans le monde sont aujourd'hui, et de loin, représentées par la pauvreté extrême, les inégalités sociales, les tensions ethniques, la pollution de l'environnement, l'absence de démocratie et le non-respect des droits humains. Telles sont les situations auxquelles la diplomatie est appelée à faire face.

Certains de ces problèmes ne sont pas inconnus à votre pays. Vous-même avez souligné que les valeurs de la démocratie, de la bonne gestion, des droits humains, du dialogue et de la paix tiennent au cœur du gouvernement et du peuple du Guyana; et depuis le retour au régime démocratique, votre gouvernement s'est efforcé de renforcer le processus démocratique et de garantir que le respect des droits humains devienne un élément fondamental de l'éthique nationale. Le Saint-Siège soutient pleinement ce processus, car aucune autre base ne pourra permettre au Guyana de bâtir un avenir digne de la dignité humaine de ses citoyens. Les pays les plus petits, comme le vôtre, sont particulièrement vulnérables aux pressions économiques qui accompagnent le processus de globalisation. Il existe le danger que la globalisation économique accroisse l'écart entre les riches et les pauvres dans le monde, laissant les pays en voie de développement en proie à des défis toujours plus important.

Dans une telle situation, l'Eglise continuera d'œuvrer pour une globalisation de la solidarité, visant à garantir que chacun profite de ses bénéfices potentiels. Voilà une manière d'œuvrer pour la paix dans le monde d'aujourd'hui. L'Eglise continuera également de plaider en faveur d'un allègement de la dette écrasante qui condamne des pays comme le vôtre à la pauvreté ne laissant aucune issue. Comme le Saint-Siège l'a constamment souligné au cours des dernières années, cette dette est en partie le résultat de structures injustes dans l'économie mondiale. Mais il est également vrai que dans certains pays, une administration inadaptée et même corrompue a contribué à l'aggravation de ce problème. Le Saint-Siège est certain que la détermination du gouvernement du Guyana garantira que son administration financière contribue à la solution plutôt qu'au problème. Si les efforts venant de l'extérieur ne bénéficient pas de la coopération interne, ils n'ont que peu de chances de réussir.

Les tensions ethniques sont un autre fléau de la planète dont le Guyana a également été victime. Aussi longtemps qu'un ou plusieurs groupes, quels qu'ils soient, se sentiront privés de leurs droits électoraux ou traités injustement, les tensions demeureront et s'aggraveront. Il est clair que si l'on veut surmonter les maux du passé et construire un nouvel avenir, la justice doit être accessible à tous. Ce n'est que si la culture du bien commun prévaut que les causes fondamentales de la tension ethnique disparaîtront. Ici également, l'Eglise appelle au soutien de tous les efforts visant à construire une culture du dialogue plutôt que de la confrontation, de la réconciliation plutôt que du conflit.

L'expérience des dernières années dans d'autres régions du monde a montré que, après de longues années de pouvoir autoritaire de la part d'un gouvernement à l'idéologie matérialiste, la tâche de reconstruction est lente et complexe. Les blessures infligées par une idéologie qui nie la vérité de la personne humaine, demeurent. Le processus de guérison exige donc un effort long et patient d'éducation qui ne consiste pas seulement à transmettre des compétences utiles pour l'économie. S'il se limitait à cela, il resterait lié au matérialisme qui a provoqué tant de dommages par le passé. L'éducation plus approfondie et qui est nécessaire concerne la vérité transcendante de la personne humaine, sans laquelle il est vain de parler de droits humains qui, comme vous le reconnaissez vous-même, sont absolument nécessaires pour un développement soutenu. Dans cette tâche d'éducation, l'Eglise promet son soutien, en puisant à sa profonde tradition éducatrice et à l'engagement religieux de tant de ses membres.

Etant donné l'engagement de l'Eglise dans ces domaines, l'activité diplomatique du Saint-Siège s'efforce de promouvoir les valeurs et les idéaux sans lesquels la société humaine est vouée à l'échec. A travers la diplomatie fondée sur les principes éthiques qui placent la personne humaine au centre de toute analyse et prise de décision, l'Eglise vise de façon catégorique le bien-être spirituel, moral et matériel de la famille humaine. Tels sont l'intérêt et l'amour que le Successeur de Pierre et l'Eglise tout entière ont pour le peuple du Guyana tandis qu'ils s'acheminent vers un nouvel avenir.

Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous entrez dans la communauté diplomatique accréditée près le Saint-Siège, je vous assure de la pleine coopération des divers bureaux et organismes de la Curie Romaine. Puisse votre mission servir à renforcer les liens de compréhension et de coopération entre votre gouvernement et le Saint-Siège. Sur vous, sur votre famille et sur le peuple du Guyana, j'invoque les Bénédictions abondantes de Dieu tout-puissant.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française 1999 n.3 p.4, 6.

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