Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Illustres Professeurs et très chers étudiants!
1. C'est bien volontiers que j'ai accepté l'invitation à présider l'ouverture solennelle de l'Année académique et à rencontrer tous ceux qui, à titres divers, font partie de la grande famille universitaire du Latran. Merci pour votre accueil chaleureux! Merci pour ce témoignage renouvelé de fidélité et de dévouement au Successeur de Pierre!
J'adresse des salutations cordiales avant tout au Cardinal Camillo Ruini, grand Chancelier de cette Université. Avec lui, je salue Messieurs les Cardinaux et les Evêques présents, ainsi que le Recteur magnifique, Mgr Angelo Scola, que je remercie des aimables paroles de bienvenue qu'il m'a adressées au nom de toute la communauté universitaire.
J'adresse également une pensée respectueuse à Messieurs les Ambassadeurs, aux Recteurs magnifiques des Universités ecclésiastiques et civiles, aux Recteurs des Séminaires et des Collèges, aux "sponsors" ainsi qu'aux bienfaiteurs intervenus au cours de ce Acte académique solennel.
Je désire, enfin, m'adresser avec une affection toute particulière à vous, illustres professeurs et chers étudiants, qui consacrez chaque jour vos énergies à la recherche exaltante et difficile de la vérité. Votre engagement aujourd'hui peut tirer profit des nouveaux locaux que je viens de bénir, des réformes de statut récemment approuvées et de la mise à jour de la gestion technique et administrative, qui assurent à l'Université pontificale du Latran et à l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les Etudes sur le Mariage et la Famille, une gestion et un réseau de services profondément unifiés, dans le respect de l'autonomie des deux Institutions et de leur vocation académique imprégnée de souffle romain et, dans le même temps, universel.
2. En réfléchissant aujourd'hui sur les origines de l'Université, il nous est presque donné l'occasion de relire une page de l'histoire même de l'Eglise qui, comme on le sait, a été le promoteur des plus anciennes Universités européennes.
A l'époque moderne, la réforme de l'Université datant du siècle des lumières a voulu apporter une réponse aux questions essentielles sur l'homme et sur son destin, en faisant abstraction de la Révélation. Dans de nombreux cas, la théologie elle-même s'est vue, pour ainsi dire, exclue de l'Institution académique, après en avoir été pendant des siècles le centre.
Toutefois, dans le contexte culturel actuel, la remise en perspective des prétentions exclusives de la raison et l'aridité dont a fait preuve le relativisme agnostique semblent conduire à nouveau au centre de l'attention universitaire l'étude de l'intégralité de l'humanum.
En tant qu'héritiers légitimes de la tradition académique des écoles médiévales, les Universités "ecclésiastiques" sont appelées à devenir les protagonistes de ce réveil, dans une collaboration féconde avec de nombreux chercheurs du monde universitaire particulièrement catholique.
3. Cette attention renouvelée à l'homme dans son lien intrinsèque avec l'être et avec la question sur Dieu, ouvre notre regard aux devoirs propres aux Facultés et aux Instituts oeuvrant dans l'Université du Latran.
La Faculté de Théologie est appelée à imiter la tension incessante de l'intellectus fidei à pénétrer toujours plus profondément dans le mystère de Dieu et à le proposer dans la "langue" de la génération actuelle.
La Faculté de Philosophie doit se mesurer, d'un côté, avec le développement constant des sciences de la nature et de l'homme et, de l'autre, avec la perte d'un degré supérieur de réflexion, qu'il soit en rapport avec la philosophie de l'homme ou métaphysique (cf. Fides et ratio, n. 83), à partir duquel récapituler, ordonner et intégrer les autres degrés de l'expérience et de la connaissance, pour s'ouvrir ensuite au dialogue fécond avec la foi.
L'Institut pontifical Utriusque Iuris, avec sa physionomie scientifique particulière, alimentée par une vision articulée de l'histoire des droits, est appelé à relancer les principes de l'ordre juridique canonique et civil à travers le concours de ces "deux mains" de son savoir.
L'Institut pontifical pastoral Redemptor hominis, qui, depuis quelques années, consacre une attention particulière à la Doctrine sociale de l'Eglise, devra réfléchir sur l'urgence d'une action ecclésiale efficace pour faire en sorte que soit perçue dans les milieux religieux, culturels, sociaux, politiques et économiques, la vérité centrale répétée par le Concile Vatican II, selon laquelle l'homme est "la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même" (Gaudium et spes, n. 24).
Enfin, je désire souligner une fois de plus l'importance de la recherche sur le dessein de Dieu en ce qui concerne la personne, le mariage et la famille, qui se déroule à l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les Etudes sur le Mariage et la Famille, que j'ai rappelé également à l'occasion de la récente rencontre avec le Corps enseignant de ses diverses sections internationales (cf. O.R.L.F. n 36 du 7 septembre 1999, p. 4).
4. Afin de répondre à ces défis, la collaboration de toutes les composantes universitaires est nécessaire, y compris les réalités académiques qui sont, sur différents continents et à titres divers, liées à l'Université du Latran. A travers elles, votre Université contribue à redéfinir les frontières idéales et réelles de l'Université du troisième millénaire, qui s'étend, au-delà du continent européen, au niveau planétaire. De même que l'Universitas médiévale participa à la formation de l'identité européenne, de façon analogue, l'Université du troisième millénaire est appelée à faire croître la nouvelle conscience d'appartenir à toute la famille humaine d'hommes et de peuples.
Dans cette oeuvre, votre devoir spécifique consistera à témoigner de la façon dont cette conscience se fonde sur Jésus-Christ, qui est l'Alpha et l'Oméga, la Racine et le Bourgeon, le Principe et la Fin.
5. Chers professeurs et étudiants de l'Alma Mater Lateranensis, qui a l'honneur d'être à titre particulier l'"Université du Pape", ayez toujours à coeur l'unité créatrice et dynamique entre la foi et l'intellectus fidei. Celle-ci, comme le rappelle saint Anselme, est exposée au drame du péché selon lequel "la vérité parle clairement mais ce qui est intime reste insensible" (Oratio ad Sanctum Paulum 82-84). Cette conscience doit conduire à rechercher une unité efficace entre les divers milieux pédagogiques, à travers une coordination toujours plus efficace et cordiale entre les responsables de votre Institution universitaire et les éducateurs des séminaires et des collèges, en particulier ceux présents dans le diocèse de Rome.
Avec ces souhaits, je confie à Marie, Mater Ecclesiae, Marie, Sedes Sapientiae cette nouvelle année académique, qui exige de chacun de vous un engagement, un esprit d'initiative et de fidélité, dans l'obéissance à la "Vérité" qui vient d'En-Haut, garantie par le Magistère authentique de l'Eglise. Le Pape vous soutient, vous accompagne et vous bénit tous avec affection.
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