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LETTRE DU PAPE PAUL VI
À THEO VAN ASTEN, SUPÉRIEUR GÉNÉRAL
DE LA SOCIÉTÉ DES MISSIONNAIRES D’AFRIQUE

 

A Notre cher Fils Theo van Asten,
Supérieur Général de la Société des Missionnaires d’Afrique

Votre grande famille , la Société des Missionnaires d’Afrique - plus connus sous le nom de «Pères Blancs» - va fêter le 18 octobre prochain le centenaire de sa fondation par le Cardinal Lavigerie, en l’année 1868 qui est ainsi devenue grâce à lui, et grâce à tous ceux qui, par la suite, ont entendu son message, une grande date dans la vie missionnaire de l’Eglise.

C’est avec joie que Nous saisissons cette occasion pour adresser à ses continuateurs - Pères, Frères, Clercs déjà engagés sur le chemin de l’apostolat - un message de particulière estime et de paternelle affection.

Si Nous tournons Nos regards vers ces cent années de labeurs missionnaires, Nous les voyons marquées à l’évidence par l’action de l’Esprit-Saint. N’est-ce pas lui qui a inspiré à l’homme de Dieu et à l’homme d’Eglise que fut votre prestigieux fondateur l’amour de l’Afrique et les moyens de la bien servir? N’est-ce pas Lui qui a suscité chez des légions de Pères Blancs, ses fils, une audace apostolique, une persévérance et un souci d’adaptation, un esprit de sacrifice poussé parfois jusqu’au don du sang, dont les fruits sont si abondants et si divers?

Dans l’impossibilité de les évoquer tous, qu’il Nous suffise de signaler, parmi les plus beaux fruits nés du grain semé en terre, le merveilleux témoignage des Martyrs Baganda, dont Nous avons eu la joie de proclamer la Canonisation le 18 octobre 1964. Et jetant les yeux sur les territoires où vous et vos prédécesseurs ont dépensé sans compter leurs sueurs et leurs fatigues, Nous voulons saluer avec reconnaissance la Hiérarchie, le Clergé et le Laïcat autochtones, dont la seule présence est la meilleure preuve de la fidélité de votre Société au désir de son fondateur.

N’écrivait-il pas, dès l’année 1874: «Il manquera aux missionnaires cette grande voix du sang qui faisait tressaillir Saint Paul pour le salut des hébreux, ses frères selon la chair . . . l’œuvre durable devra être accomplie par les Africains eux-mêmes devenus chrétiens et apôtres»?

Aujourd’hui, si ce vœu n’est pas encore pleinement réalisé, si de nouveaux labeurs demeurent nécessaires et urgents pour que l’Eglise d’Afrique prenne partout le visage qu’appellent le caractère et le génie propres de ses fils, il est déjà très largement exaucé, comme en témoigne l’éminente dignité que Nous avons conférée à l’un des vôtres, le Cardinal Paul Zoungrana, Archevêque de Ouagadougou.

Appuyés sur tout le passé qui fait votre honneur et votre fierté, regardez désormais hardiment vers l’avenir. La Providence a permis que vous fêtiez le Centenaire de votre fondation au lendemain d’un Chapitre Général qui doit marquer une étape importante dans la vie de votre Société.

Appelés par le Concile à l’effort d’adaptation et de rénovation que l’Eglise veut accomplir dans tous les domaines, vous vous êtes mis promptement et sérieusement au travail, pour que l’Esprit qui a suscité votre naissance dirige aussi votre croissance et anime votre apostolat durant l’époque de profonde mutation que traverse le monde actuel.

«Etre apôtre et rien d’autre . . .»: telle était la consigne donnée à ses fils par le Cardinal Lavigerie. Elle demeure votre idéal permanent. Mais vous êtes apôtres pour l’Afrique et il vous appartient pour une parte de faire entrer chaque jour davantage dans les faits les orientations que Nous proposions l’an passé dans Notre Message à l’Afrique.

La volonté de votre fondateur était aussi que vous fussiez apôtres non pas isolément, chacun pour soi, mais «en communauté», et tous ceux qui vous connaissent savent combien est vivant parmi vous l’esprit de famille, l’esprit de «corps», au sens que la première épître aux Corinthiens donne à ce mot. Mais aujourd’hui le même esprit vous conduit à faire corps de plus en plus profondément avec les autres familles missionnaires, à vous prêter à de nouvelles formes de collaboration, à travailler surtout en étroite communion avec ceux qui sont devenus les premiers responsables de l’Eglise en leur pays.

Telles sont les directions dans lesquelles vous cherchez la fidélité à votre vocation propre, condition essentielle de votre fécondité apostolique. N’est-ce pas l’Apôtre des Gentils qui doit vous fournir la clef de cette fécondité qui es votre plus grand désir: «Pour moi - s’écriait-il - vivre c’est le Christ»?

Ouverts aux appels du monde - et spécialement de l’Afrique - vous ne pourrez y répondre pleinement que si, de tout votre être, vous êtes ouverts à l’Esprit du Christ missionnaire, que si vous êtes apôtres «par Lui, avec Lui et en Lui».

Implorant sur vous-même, sur tous les Pères Blancs et sur ceux qui vous sont confiés l’abondance de la grâce divine, Nous vous donnons de grand cœur, en gage de paternelle affection, Notre Bénédiction Apostolique.

Du Vatican, le 18 octobre 1968.

PAULUS PP. VI

 



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