DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX JEUNES DE LA FÉDÉRATION NATIONALE
DES PATROS DE BELGIQUE
Dimanche 24 juillet 1968
Chers jeunes gens et jeunes filles
de la Fédération nationale des Patros de Belgique,
Bien qu’en cette période Nous ayons quelque peu réduit le rythme de Nos activités extérieures, Nous n’avons pas voulu vous laisser repartir dans votre pays sans vous rencontrer et vous adresser quelques mots.
Soyez donc les bienvenus, et permettez-Nous de vous redire, ce que Nos prédécesseurs et Nous-même eûmes l’occasion d’exprimer à d’autres pèlerinages de votre Fédération, à savoir combien Nous estimons et apprécions le travail qui se fait dans les «Patros» de Belgique.
Vous êtes des jeunes, des jeunes chrétiens, et vous voulez vivre votre foi dans le monde d’aujourd’hui, en union avec ceux de votre âge, en dialogue avec tous les hommes, sans distinction de race, de classe sociale ou de religion, afin de bâtir ensemble l’humanité de demain.
Cette humanité nouvelle, il s’agit de la construire patiemment, en faisant appel à tous, en tenant compte de tous. Vous aurez donc le souci de respecter toute valeur humaine authentique, de travailler volontiers en équipe, de vous ouvrir au dialogue avec d’autres qui ne partagent pas nécessairement vos points de vue ou vos convictions, mais en demeurant fidèlement attachés au bien le plus précieux que vous ayez reçu en héritage: votre foi en Jésus-Christ.
Membres à part entière de l’Eglise, vous avez le devoir, dans l’édification d’un monde meilleur et plus fraternel, d’être la lumière qui éclaire, le sel qui donne la saveur, le levain qui fait monter la pâte et la porte à son ultime achèvement.
Vous serez donc des apôtres convaincus. D’abord auprès des jeunes de votre génération qui ne connaissent pas, ou qui ont rejeté celui qui est le Sauveur et le Seigneur de tous les hommes. Mais aussi auprès de ceux que les circonstances de la vie vous permettent de rencontrer ou de côtoyer.
Pour ce faire, c’est-à-dire pour être les bâtisseurs d’un monde où règnera plus de justice, plus de paix et plus d’amour, pour être les messagers de l’Evangile du salut, il faut que sans cesse vous puisiez aux trésors de vie spirituelle que l’Eglise vous offre.
C’est en vous nourrissant de la Parole de Dieu - méditée et confrontée aux événements de la vie - et de l’Eucharistie, l’aliment qui contient et qui donne la vie divine, que vous trouverez la force nécessaire pour porter aux autres vos propres richesses. C’est dans la prière et le silence que vous découvrirez le vrai visage de ce Dieu dont vous voulez et devez révéler la face à ceux qui l’ignorent.
Vous serez lucides et critiques envers vous-mêmes. Sachez déceler et combattre efficacement les ambitions malsaines et les égoïsmes étroits qui habitent tout cœur humain, et ne vous contentez pas seulement de mettre en question le monde des adultes, sans vous convertir vous-mêmes à cette rigueur que vous exigez de vos aînés!
Mettez-vous généreusement au service des peuples en voie de développement et collaborez avec les responsables des pouvoirs publics en vue d’une solution rapide et humaine aux grands problèmes qui continuent d’interpeller notre monde. Soyez des artisans convaincus de la paix, en dépassant les barrières du nationalisme, du racisme, de la lutte des classes, ainsi que les autres obstacles que les générations précédentes ont parfois artificiellement dressés entres les hommes, les peuples et les nations.
Et puis, dans cette œuvre de recherche d’un monde plus conforme à l’idéal de l’Evangile, respectez chaque homme pour ce qu’il est: un fils du Père, créateur de toutes choses; un frère du Christ, racheté par le sang du Fils de Dieu fait homme; un ami de l’Esprit que le Père à la demande de son Fils ressuscité a répandu sur toute chair. Dans cette œuvre soyez dociles envers ceux qui on été établis dans le Peuple de Dieu comme juges et docteurs de la foi. Ce sont vos évêques qui, tout en vous invitant à assumer votre part de «coresponsabilité dans l’Eglise» (Cardinal Suenens), sont chargés de vous guider, de vous orienter et de vous aider à déchiffrer les «signes des temps» à la lumière de la tradition. Ecoutez-les volontiers!
Pour finir, et avant de prendre congé de vous, Nous voudrions vous féliciter de l’harmonie et de l’esprit de collaboration qui, d’après ce qu’on Nous a dit, règnent entre les deux branches flamande et wallone de votre Fédération. C’est en effet là, chez vous et au sein de votre Mouvement qu’il convient de réaliser en premier lieu, par-delà des différences légitimes d’ordre culturel, linguistique ou ethnique, l’union des cœurs, la coopération des vouloirs, l’harmonie des desseins.
En ce jour de la fête nationale belge, Nous formons des vœux fervents pour votre chère patrie, pour vous-mêmes, chers fils et filles, ainsi que pour tous les anciens des «Patros». Sur chacun de vous, sur vos familles et sur vos amis, Nous invoquons l’abondance des meilleures grâces d’en-haut et vous accordons, en témoignage de Notre paternelle bienveillance, une large et affectueuse Bénédiction Apostolique.
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