DISCOURS DU PAPE PAUL VI
À L’OCCASION DU
«TROISIÈME FESTIVAL INTERNATIONAL DU LIVRE»
Il nous est agréable de Nous adresser à vous tous qui participez à cette messe télévisée, à l’occasion du «troisième Festival international du Livre», organisé en la ville accueillante de Nice. En ce jour de Pentecôte, vous êtes venus de différents horizons, culturels et linguistiques, pour exposer diverses productions littéraires et rechercher ensemble l’essort d’un art et d’une industrie qui importent au plus haut point pour l’avenir de l’homme.
Nous n’avons certes pas besoin de souligner devant vous l’importance croissante du livre: non point relayé par les nouvelles techniques audio-visuelles, mais conjugué avec elles, il ne cesse de constituer un moyen privilégié de savoir et de réflexion. Comment dès lors ne pas se réjouir de voir ce Festival du livre axé sur la diffusion de la culture auprès de jeunes et dans les pays en voie de développement?
Et pourtant, le «progrès» qui résulte de cette diffusion n’est pas toujours dépourvu de toute ambiguïté. Au lieu d’apporter aux civilisations, avec un enracinement plus profond, un surcroît d’épanouissement, n’arrive-t-il pas que livres et imprimés contribuent, hélas, au contraire, à les déséquilibrer, en y mêlant des ferments de désagrégation corrupteurs, de nature à corroder les plus hautes valeurs humaines? Disons-le avec force: aucun prétexte, pas même celui du gain, ne saurait justifier de pareilles entreprises. Quelle lourde responsabilité est donc la vôtre, à vous tous qui participez à la diffusion du livre! Aussi vous adressons-Nous un pressant appel à repousser toute tentation mercantile et à mettre d’abord à la portée du public les œuvres de ceux qui, aux divers plans des arts, des lettres, des sciences, de la philosophie, de la vie spirituelle, proposent à l’humanité une expérience capable de l’éclairer, de l’élever, de la guider vers son véritable bien.
Et Nous Nous tournons plus spécialement, au cours de cette liturgie de la Parole, vers les écrivains, éditeurs et libraires chrétiens. Il revient certes à tout baptisé et confirmé de faire briller, dans sa parole comme dans ses actes, la flamme d’amour et d’espérance allumée en ce jour par l’Esprit Saint dans le coeur des apôtres, de répandre aux quatre coins du monde le message du Christ. Mais vous, chers amis, quelle incomparable contribution doit être la vôtre, avec les moyens merveilleux que Dieu vous a donnés. Ce message transmis par les apôtres, recueilli dans les saintes Ecritures, n’a cessé, sous l’impulsion des pasteurs de l’Eglise, d’être approfondi, vécu, on pourrait dire écrit, dans le cœur des fidèles, au souffle de l’Esprit de sainteté: gerbe magnifique de recherches, de témoignages, de réflexions, dont nos contemporains ont tant besoin pour entendre l’appel de Celui qui est «la Voie, la Vérité et la Vie» (Io. 14, 6). Certes, Nous ne l’ignorons pas: la diffusion du livre chrétien est souvent entravée par nombre de difficultés, financières ou idéologiques. Que ces difficultés, loin de vous décourager, vous stimulent au contraire dans l’accomplissement de cette œuvre plus nécessaire aujourd’hui que jamais pour ouvrir ce nouveau monde en gestation aux valeurs évangeliques.
Aussi est-ce de grand cœur que Nous vous adressons, en gage des divines grâces sur vos efforts pour promouvoir, à travers le livre, un authentique développement culturel et spirituel, Notre paternelle Bénédiction Apostolique.
Du Vatican, le 30 Mai 1971.
En la fête de la Pentecôte.
PAULUS PP. VI
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