DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX ÉVÊQUES DE MADAGASCAR
EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM»
Vendredi 6 mai 1977
C’est avec une vive satisfaction que Nous vous accueillons ce matin, vous, nos Amis, nos Frères dans la plénitude du sacerdoce.
Que cette rencontre soit placée sous le signe de la joie! En vos personnes, ce sont en effet quatre Eglises malgaches qui saluent l’Eglise de Rome, lointaine par la distance bien que toujours proche par le cœur, et viennent, ce faisant, resserrer leur communion avec elle pour manifester l’unité de la famille catholique. Instant solennel, peut-être, par certains aspects, mais il semble plus exact de dire : intime, empli d’émotion, d’intensité spirituelle, d’une profonde charité. Instant qui restera gravé en vos mémoires pour vous aider à poursuivre, avec un élan nouveau, la tâche magnifique et exigeante des pionniers de l’Evangile qui est celle des Evêques.
Et maintenant, plaçons-nous également sous le signe de la foi, en tournant nos regards vers Celui qui nous a choisis et mis là où nous sommes, et dont nous voulons être les humbles ministres. Un jour, nous aurons tous à lui rendre compte de ce mandat reçu pour le service de son peuple. Qu’avons-nous fait de sa Parole, de ses dons? Comment accentuer nos efforts pour qu’Il soit connu et aimé d’un plus grand nombre, et pour que se lèvent de nouveaux témoins de son Amour?
Il n’est pas facile de répondre à de si graves questions. La lumière peut jaillir parfois, cependant, des échanges fraternels et des réflexions qu’ils suscitent. C’est pourquoi Nous n’hésitons pas à vous remercier très sincèrement de votre contribution. N’en soyez pas étonnés! Rien de ce que vous avez exposé ces temps-ci à vos divers interlocuteurs du Saint-Siège, rien de ce que vous Nous dites à Nous-mêmes, ne sera perdu ou oublié. Votre témoignage, apporté au nom de beaucoup de chrétiens de Madagascar, enrichit dès à présent l’ensemble du peuple de Dieu, car il est très profitable de voir comment la foi chrétienne, identique dans toute l’Eglise, trouve chez vous une expression appropriée, dans la sagesse et dans l’expérience locales.
De notre côté, et dans le même esprit d’assistance mutuelle, conscient aussi du rôle spécifique qui est celui du Successeur de Pierre, Nous ne craignons pas de vous donner deux conseils, ou plutôt deux encouragements, qui Nous paraissent susceptibles de répondre à vos préoccupations pour les temps à venir. Bien d’autres sujets seraient à retenir, mais vous Nous permettrez de Nous limiter à ceux-là.
Le premier conseil est lié au domaine de l’enseignement. L’Eglise a beaucoup apporté jusqu’ici à votre pays en cette matière. Elle continue, à travers l’évolution de la situation, à remplir sa mission d’éducatrice de l’homme pour que, fidèle à l’héritage reçu des Ancêtres, il soit ouvert au monde d’aujourd’hui sans y perdre son âme; pour que, s’il est chrétien, il soit un ferment dans la société nouvelle qui s’instaure.
Nous formons donc le souhait que les énergies déjà si bien déployées pour la formation initiale et permanente des enseignants catholiques soient dépensées de manière accrue, afin de parfaire l’œuvre commencée. L’enjeu est de taille. Madagascar peut déjà compter sur nombre de maîtres dont la vocation et le désintéressement sont méritoires. Il leur faut être toujours plus compétents, se souvenir qu’ils sont avant tout des éducateurs, et n’oublier jamais que l’avenir du pays et de l’Eglise dépend d’eux pour une grande part. Voilà un objectif qui Nous semble tout à fait essentiel.
Le deuxième domaine auquel Nous voudrions Nous arrêter avec vous est celui de l’action caritative et sociale, parce que c’est le témoignage de l’Amour du Christ envers tous, surtout envers les plus déshérités. Frappée par divers malheurs, et notamment par des cyclones qui causent de grands ravages, la Grande Ile doit, presque chaque année, panser des plaies et venir au secours des sinistrés. L’Eglise est présente dans cette entraide nationale et cette action en faveur de la justice; attentive plus particulièrement aux besoins des pauvres, elle participe généreusement aux aides par sa campagne annuelle de partage; elle s’efforce de redonner des raisons de vivre et d’espérer aux personnes les plus défavorisées par les circonstances. Par ses multiples activités au service des malades, elle soulage aussi bien des misères.
Continuez, continuez, chers Frères, à stimuler un tel courant d’entraide! Nous serons tous jugés sur notre attention au prochain (Cfr. Matth. 25, 31-46). Aidez 1’Eglise à rester attentive aux vrais besoins des populations, en formant sans relâche des animateurs, en lançant des réalisations concrètes, en collaborant à des tâches communautaires. Ainsi apportera-t-elle une contribution plus efficace et plus évangélique au développement du pays, en visant toujours à une promotion humaine intégrale et solidaire qui fait que chacun et tous deviennent les artisans de leur propre promotion.
Il Nous semble que les laïcs de vos diocèses, les jeunes surtout, peuvent comprendre l’appel que vous ne cessez de leur lancer au service de la communauté malgache et de l’Eglise, et y répondre avec enthousiasme parce que le Christ les attend sur cette route. Ils ne doivent pas se cacher qu’ils trouveront parfois l’épreuve au détour du chemin, mais un chrétien qui porte sa croix sait que l’épreuve n’est pas forcément un échec; bien au contraire, c’est une source prometteuse d’un avenir meilleur. Et ils répondront, Nous n’en doutons pas, à la voix du sacrifice et du don de soi pour Dieu et pour les autres.
Puissent nos paroles toutes simples vous réconforter et vous assurer de la sympathie avec laquelle Nous regardons votre apostolat, comme celui de vos collaborateurs dans le saint ministère! Nous pensons souvent à vous, à votre clergé, à vos religieux, à tous vos fidèles. A votre tour, en rentrant chez vous après avoir «vu Pierre» et reçu sa Bénédiction, vous prierez et ferez prier à ses intentions de Pasteur universel. Nous vous en remercions de tout cœur.
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