DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX EVÊQUES D'AFRIQUE ET DE MADAGASCAR

Vendredi 28 octobre 1977

Dear Brothers in Christ,

We are particularly happy to welcome all of you who represent at this Synod the entire continent of Africa. It was just ten years ago, on October the twenty-ninth, that our Message was directed to all Africans, to express our affection, our hopes and our good wishes. Since then our pastoral heart has never ceased to share, in so many ways, in your joys and concerns: through our journey to Uganda, at the time of your Symposium in Rome two years ago, during your frequent visits to us, and through your letters and reports. We deeply appreciate your profound desire to remain in close communion with us, the guarantor of doctrinal fidelity and ecclesial unity, and we also thank you for the sentiments just now expressed by your President. May you discern in our response -necessarily brief-all our esteem, encouragement and confidence.

With realism and hope the Church is conscious of the fact that your countries have known an exceptional development during the last two decades. On the civil level, in accordance with the natural right of peoples to fashion their own destiny, most of them have passed from colonial status to independence, with great social and economic problems still remaining to be solved. On the international level we are witnessing an ever greater affirmation of African presence and of the cultural originality of Africa. On the ecclesial level, the accession of the local clergy to the episcopate and to many other tasks in the Church-happily begun before independence demonstrates the same change. In saying this we do not forger the role of missionaries and missionary Institutes, to whom is due the merit of planting the Church: we owe them profound gratitude, for they have sown and others have reaped the harvest (Cfr. Io. 4, 35-38). And their selfless collaboration is still very necessary. At the same time, it is a fact that you, the African Bishops, are now in charge, in the front line, of the Christian destiny of the whole of Africa. And the help of the Holy Spirit is with you.

What is at stake in this immense task? As we wrote ten years ago in our Message to Africa: “It is, then, your concern to make alive and efficacious the meeting of Christianity with the ancient tradition of Africa” (PAULI PP. VI Africae Terrarum, 23). In this way we can speak of the true planting of the Church: it is a question of establishing or of making deeper a new civilization, a civilization that is both African and Christian (Cfr. PAUL VI, Discourse to the Uganda Symposium). And we affirm with you that this programme can be realized, through the grace of God: that Christianity can and must be entirely “at home” in African cultures, and that the African soul is destined and prepared to receive the salvation of Christ.

How can this be brought about? Faith-authentically Christian and Catholic faith-must enliven from within the traditions and the civilization which these traditions involve. The Christian and Catholic faith has been grafted on to the venerable ancestral trunk: it is this faith that must give quality and taste to the fruits of the tree. This presupposes that faith has been truly assimilated, and formulated in appropriate terms, without losing its specific vigour or nature, which is a free gift of God and which we have all received through Christ, whether we be Europeans of Africans or from any other continent. As Bishops, your first charge is to be the tireless teachers of this faith. Faith Will enable you to shed light on the study and solution of other problems; faith Will bring the hope of salvation, no matter what the problems are. As we said to your Symposium in Rome: “Faith must remain . . . the supreme guideline of every social initiative undertaken by the Church” (AAS 67 (1975) 571). Indeed, “this is the victory that overcomes the world, our faith” (1 Io. 5, 4).

Pour l’avenir de la foi chrétienne en terre africaine, Nous accordons comme vous une grande importance à la formation de ceux qui consacrent toute leur vie au Christ comme prêtres, religieux et religieuses. Ils seront comme l’âme de vos communautés chrétiennes, prenant peu à peu la relève de ceux qui sont venus d’ailleurs pour ce service incomparable, ou collaborant avec eux, car «vous êtes désormais vos propres missionnaires», comme Nous vous le disions à Kampala (Cfr. AAS 61 (1969) 575). Aussi notons-Nous avec satisfaction les signes prometteurs, comme l’inauguration de nouveaux séminaires, ou l’ouverture d’instituts supérieurs de théologie. Puisse cette formation des disciples du Seigneur être à la hauteur de la tâche et du témoignage qu’on attend d’eux: disponibilité à servir partout où c’est nécessaire, y compris chez les plus pauvres, formation spirituelle, doctrinale, pastorale, ouverture à l’Eglise universelle et donc ferme attachement à son centre romain. Sur ce dernier point, vous savez comme Nous - puisque beaucoup d’entre vous en ont bénéficié - l’intérêt, quand c’est possible, de plusieurs années d’études universitaires passées près du Siège de Pierre, avec des collègues du monde entier.

La foi, relation à Dieu, ne peut manquer de transformer les relations humaines. Chaque page de l’Evangile invite à faire taire en soi l’esprit de domination et de privilège, à servir le prochain comme un frère, à se faire artisan de justice et de paix. Ceci contraste avec les pénibles situations de discrimination raciale qui sont encore la plaie de certains pays d’Afrique. Et vous sentez vous-même chaque jour davantage combien la conquête du pouvoir peut conduire aussi à des graves abus et à de grandes souffrances, si elle n’est pas accompagnée de cette rectitude morale, de cette volonté de service, de ce sens du bien commun et du partage équitable, de ce respect des libertés fondamentales et de ce refus de la violence, qui sont des fruits de l’esprit évangélique. Les chrétiens ont sur ce point un témoignage exemplaire à donner.

Cet esprit ne pourra «évangéliser les cultures» (PAULI PP. VI Evangelii Nuntiandi, 20) imprégner vraiment les différents milieux sociaux, rendre fraternels les rapports entre les hommes et améliorer efficacement la gestion des réalités temporelle quotidiennes, que si les laïcs participent activement à la mission de l’Eglise. A cela ils doivent être formés, encouragés, et ce n’est pas le moindre rôle des prêtres, non seulement en vue des nécessités locales de l’Eglise, mais pour assumer les responsabilités qui leur reviennent au service de leur pays et des organisations internationales. La conférence panafricaine d’Accra a bien mis en relief cet appel des laïcs, qui constitue pour vous une exigence supplémentaire, mais aussi une grande espérance.

Sur tous ces points, qui Nous tiennent très à cœur, Nous suivons vos efforts méritoires, Frères vénérés, avec les Organismes du Saint-Siège, et Nous vous encourageons. Nous tenions a vous le dire, en ce dixième anniversaire de notre Message à l’Afrique. Et Nous apprécions particulièrement le travail communautaire que vous accomplissez dans votre symposium des Conférences épiscopales, pour aider toutes les jeunes Eglises du continent africain et de Madagascar à faire face à leurs responsabilités, dans la clarté de la foi et le dynamisme de la charité. A touts et à chacun, notre affectueuse Bénédiction Apostolique.