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PIUS PP. X

LITTERAE

AU CARD. RICHARD, ARCHEVÊQUE DE PARIS*

 

Notre très cher Fils,

Les graves événements, qui se déroulent en France et qui menacent les intérêts suprêmes de la religion, sont l'objet de Nos préoccupations constantes à l'heure actuelle. Malgré tuos Nos efforts pour éloigner de l'Eglise de France les malheurs qui paraissent aujourd'hui inévitables, on persiste à travailler avec acharnement à la destruction des saintes et glorieuses traditions de votre noble et bien-aimé pays. Nous manifesterons en temps et lieu toute Notre pensée et Nous donnerons au clergé et aux fidèles de France les instructions exigées par une situation douloureuse qui n'est pas Notre œuvre et (comme le reconnaissent tous les esprits honnêtes et éclairés) dont Nous ne sommes en aucune façon responsables.

En attendant, et pour pouvoir affronter sans crainte les difficultés toujours croissantes d'un avenir prochain, Nous sentons très vivement la nécessité pour Nous-mêmes, et pour vous, d'invoquer les lumières et le secours que Dieu seul peut donner. Si dans sa miséricorde infinie, le Seigneur nous invite à recourir à Lui pour nos besoins particuliers, à plus forte raison devons-nous L'appeler à notre aide dans les nécessités de la vie publique et dans ces moments solennels où la religion et la patrie sont en péril. Notre cause après tout est la cause de Dieu, et la parole que le Seigneur adressait jadis au peuple fidèle prosterné devant Lui au temps de Josaphat, peut bien s'appliquer aux catholiques français: Nolite timere, nec paveatis hanc multitudinem: non est enim vestra pugna, sed Dei (II Par., XX, 15). Aussi voudrions— Nous, très cher fils, que dans tous les diocèses de France des prières publiques fussent prescrites pour implorer les bienfaits de la miséricorde divine sur votre patrie, et une protection toute spéciale pour l'Eglise en présence des épreuves qui la menacent à l'heure présente. Nous le savons cependant, Dieu écoute surtout la prière des âmes purifiées par le repentir, car il est écrit: Non est speciosa laus in ore peccatoris (Eccl., XV, 9); aussi serait-il désirable, en ces jours, que tous les fidèles s'approchent plus souvent des sacrements et que leur prières soient rendues plus efficaces par des pratiques de pénitence.

Dans l'espoir que cette invitation à la prière sera accueillie avec empressement par tous les fidèles de France, et que Dieu daignera exaucer les vœux ardents que Nous formons pour le vrai bonheur de votre bien-aimée patrie, comme gage de Notre affection Nous vous envoyons, très cher fils, la bénédiction Apostolique.

Du Vatican, 4 octobre 1905.

 

PIUS PP. X


*AAS, vol. XXXVIII (1905-06), pp. 193-194.



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