LETTRE DU PAPE PIE XII À L'ARCHEVÊQUE DE TOKYO
ET À L'ÉPISCOPAT JAPONAIS*
À Nos Vénérables Frères les Évêques et Ordinaires du Japon, salut et bénédiction apostolique. En prenant connaissance de votre Lettre collective, par laquelle, après une si longue et douloureuse interruption, se renouent enfin directement les liens de surnaturelle affection qui unissent le Pasteur Suprême avec les brebis et les agneaux de l'Église du Japon, Nous avons été profondément ému.
Elle Nous apporte, en effet, le témoignage de la patience et du courage, avec lesquels vous et vos ouailles avez enduré les affres de ce terrible conflit. Nous rendons grâces à Dieu qui vous a largement départi les vertus nécessaires en des circonstances parfois si tragiques, et Nous ne doutons pas que, pour prix de votre fidélité, il ne réserve à vos ardeurs apostoliques une ample et consolante moisson.
Nous ne pouvons pas. cependant, ne pas ressentir aussi un très vif regret des pertes considérables, que vos diocèses, vos paroisses et vos œuvres ont éprouvées. Si, grâce à une protection extraordinaire, vous n'avez à déplorer que peu de pertes en vies humaines, il n'en reste pas moins que le support temporel de toutes vos activités religieuses a subi d'immenses dommages, et l'on ne peut évoquer sans douleur la destruction de vos principales cathédrales, de tant d'églises et de presbytères, l'anéantissement de centres paroissiaux, tels que Urakami et Nakamachi, où le catholicisme au Japon plongeait ses plus anciennes et vigoureuses racines, sans compter les séminaires, les écoles, les couvents, les hôpitaux, que dans son aveuglement et sa violence, a emportés le fléau de la guerre.
Et pourtant, Vénérables Frères, votre ardeur et votre foi ne vacillent pas devant tant de ruines. On dirait au contraire qu'elles y puisent un nouvel élan. Déjà vous rassemblez vos chrétientés dispersées, déjà vous vous mettez au travail pour relever les murs calcinés, rouvrir de nouveaux sanctuaires, réparer les brèches matérielles et morales causées aux établissements et aux œuvres catholiques. Nous le savons, l'effort, qui vous est demandé dans ce domaine, est énorme, et Nous voulons Nous-même Nous y associer, en prenant des dispositions pour que la charité pontificale vous vienne en aide, dans la mesure du possible, pour cette lourde tâche de reconstruction.
Mais, non content d'un concours matériel, si indispensable sot-il, étant donné l'exceptionnelle dureté des temps, c'est d'une assistance morale, plus importante encore, que Nous voulons vous assurer de toute Notre âme. Nos prières vous sont promises plus instantes que jamais, pour que le Maître de la moisson répande la céleste rosée de sa grâce sur vos terres désolées, et y envoie de nombreux et fervents ouvriers apostoliques. À cet égard, Nous ne manquerons pas non plus d'intervenir auprès des Supérieurs de Congrégations missionnaires pour qu'ils dirigent vers ces portions éprouvées du champ du Père de famille des prêtres et des religieux, qui vous soient un précieux renfort dans la propagation de l'Évangile de paix et d'amour.
C'est qu'en effet s'ouvrent devant vous les perspectives d'un consolant avenir. Dieu fasse que les saintes ambitions nourries par saint François-Xavier à propos de votre patrie deviennent un jour une bienheureuse réalité. L'Église en tressaillira d'une joie maternelle et en dira sa plus vive reconnaissance au Père des lumières, d'où provient tout don excellent et toute grâce parfaite.
Nous vous adressons donc, Vénérables Frères, l'expression de Notre paternelle complaisance et de Nos chaleureux encouragements, pour que vous en fassiez part aussi à vos chers et fidèles troupeaux ; et, priant le Seigneur de sécher vos larmes et de faire renaître chez tous, sous l'égide de vos martyrs japonais et surtout de leur Reine, la Très Sainte Vierge Marie, l'espoir invincible et la ferme confiance en un avenir meilleur dans l'ordre chrétien, Nous vous accordons avec effusion, ainsi qu'à votre Clergé, et spécialement aux missionnaires si méritants, aux religieux et religieuses, à tous les fidèles du Japon, comme gage de souverain réconfort, la Bénédiction apostolique.
Donné à Rome près St. Pierre, le 17 mai de l'année MDCCCCXXXXVI, de Notre Pontificat la huitième.
PIUS PP. XII
* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, VIII,
Huitième année de pontificat, 2 mars 1946 - 1er mars 1947, pp. 439-441
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