MESSAGE DE SA SAINTETÉ PIE XII
À L'OCCASION DES JOURNÉES INTERNATIONALES CATHOLIQUES
À L'EXPOSITION DE BRUXELLES
« Benedicite, omnia opera Domini, Domino; laudate et superexaltate eum in saecula » (Dan. 3, 57). Œuvres du Seigneur, bénissez toutes le Seigneur; louez-le et exaltez-le à jamais!
Cette invitation à chanter la gloire du Très-Haut monte spontanément à Nos lèvres, chers fils et chères filles, quand Nous contemplons en esprit la somme immense des ressources répandues dans la nature, et que le travail de l'homme fait aujourd'hui fructifier et offre à la société pour son bonheur. Et s'il est vrai que l'Exposition Universelle et Internationale de Bruxelles veut présenter au visiteur une brève évocation de ces ressources comme de ce labeur, et ouvrir ainsi des perspectives de plus grande félicité, il Nous plaît de vous inviter par ce Message à faire remonter vers Dieu la louange qui lui est due. N'est-ce pas d'ailleurs le sens profond de la cérémonie eucharistique qui, à l'occasion des Journées Internationales Catholiques de l'Exposition, vous rassemble en grand nombre autour de l'autel du Saint Sacrifice dressé dans l'ample stade de Heysel?
Au premier rang de votre assistance, Nous sommes particulièrement heureux de saluer Sa Majesté le Roi des Belges, accompagné de plusieurs membres de la famille royale. Par sa présence, dont Nous lui savons gré, le Souverain de la noble nation qui vous accueille rehausse l'éclat de ces solennités, que Nous-même avons tenu à présider en la personne très estimée et aimée de Notre éminent Légat. Nous saluons également de grand cœur Notre Cher Fils le Cardinal Archevêque de Malines et les membres de l'épiscopat de Belgique, ainsi que les hautes personnalités ecclésiastiques, civiles et militaires qui prennent part à cette imposante cérémonie.
Oui, bénissez Dieu pour tant de richesses culturelles et matérielles offertes à notre siècle, et qui, malgré leur profusion, ne représentent sans doute encore qu'une faible partie des biens mis avec libéralité par le Créateur à la disposition des hommes: « Emplissez la terre et soumettez-la! » (Gen. I, 28). Dans' le cadre grandiose de l'Exposition, il n'est que de parcourir du regard ces richesses multiples pour étre saisi d'admiration au spectacle de la puissance acquise par l'homme et de la grandeur de ses œuvres. Les diverses nations, en effet, rassemblées côte à côte dans une pacifique émulation, s'honorent de présenter aux visiteurs, dans leurs pavillons respectifs, les réalisations les plus suggestives de la vie du pays, les produits les plus nouveaux de l'industrie, les chefs d'œuvre de l'art, les initiatives humaines les plus audacieuses ou les plus généreuses. Avec quelle légitime fierté l'homme moderne ne contemple-t-il pas l'univers dont il s'efforce de pénétrer les secrets! Avec quelle hardiesse n'envisage-t-il pas de nouveaux progrès! Avec quelle impatience aussi n'attend-il pas des fruits de son labeur qu'ils lui donnent enfin la félicité et la paix auxquelles il aspire!
Bien plus, alors que les peuples prennent une plus vive conscience de leur dépendance réciproque, que la science découvre de nouvelles formes d'énergie, que la technique offre des possibilités naguère insoupçonnées de production et permet ainsi une élévation plus générale du niveau de vie, il est juste d'espérer que l'Exposition de Bruxelles, lieu de rencontre des nations, favori- sera entre elles les collaborations nécessaires au bien de l'humanité entière. Jamais notamment, on ne dira assez le grave devoir des peuples privilégiés par les ressources de leur sol et une authentique culture, de travailler généreusement et dans un esprit de service au développement économique et social de leurs frères moins avantagés.
Et pourtant que serait, chers fils et chères filles, cette admiration pour les réalisations de l'intelligence humaine, auxquelles l'Exposition porte un si éloquent témoignage, si elle ne s'achevait dans l'adoration de Dieu, de qui viennent tous les biens, et dans le respect de ses lois? « Domine, Domine noster, quam admirabile est nomen tuum in universa terra! » (Ps. 8, i): O Seigneur notre Dieu qu'il est admirable votre nom par toute la terre! S'il en est hélas aujourd'hui qui, comme l'insensé que condamne le psalmiste, osent dire en leur cœur Dieu n'existe pas (cfr. Ps. 13, i), le chrétien au contraire fait monter avec d'autant plus de ferveur vers Dieu l'hymne de son action de grâces, qu'il comprend et apprécie davantage les libéralités de son Créateur. Dans la chapelle du Pavillon Pontifical la présence réelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu et unique Sauveur, caché sous le voile des espèces eucharistiques mais rayonnant de grâces et d'amour, est un rappel incessant de la souveraineté de Celui à qui revient justement tout honneur et toute gloire; elle est une invitation à remonter de la beauté des choses créées à la splendeur des réalités divines, de la poursuite des biens éphémères à la découverte du bonheur que le monde ne peut donner.
Nous sommes heureux que Notre Pavillon Pontifical et sa chapelle si visitée soient ainsi, au cœur même de cette Exposition, comme l'attestation permanente des valeurs absolues, religieuses et morales, sans lesquelles toutes les richesses évoquées dans les stands divers ne trouvent ni leur unité ni leur achèvement ultime. Nous remercions vivement tous ceux de Nos fils de Belgique et des autres pays, qui par leur compétence et leur dévouement, non moins que par leurs généreuses offrandes, ont permis la construction de ce Pavillon. Puisse-t-il révéler à de nombreux visiteurs le vrai visage de l'Eglise, fidèle depuis ses origines à la mission de vérité, de charité et de paix, qu'elle a reçue de son fondateur! Puisse-t-il leur faire découvrir en l'Eglise cette Mère vénérable et toujours jeune, éducatrice des peuples au cours des siècles, accueillante à toutes les véritables valeurs de la culture, respectueuse de la science et de toutes ses applications moralement justes, heureuse des progrès authentiques de l'humanité, soucieuse surtout de conduire celle-ci aux sources pures du vrai bonheur, car « l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matth. 4, 4).
A l'exemple sublime de la Très Sainte Vierge Marie, dont la liturgie célèbre aujourd'hui le triomphe céleste, sachez vous-mêmes, chers fils et chères filles, écouter la parole de Dieu et la garder (cf. Luc. Il, 28); sachez aussi vous en faire l'écho fidèle autour de vous. Par l'intercession de Notre Dame, Nous appelons sur vous tous une large effusion de grâces divines et Nous vous en accordons pour gage Notre très paternelle Bénédiction Apostolique.
Du Vatican, le 15 août 1958.
PIUS PP. XII
*Discours et Radiomessages de Sa Sainteté Pie XII, XX,
Vingtième année de Pontificat, 2 mars - 9 octobre 1958, pp. 511-513
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