MESSAGE-RADIO DU PAPE PIE XII
EN CONCLUSION DES JOURNÉES EUCHARISTIQUES DE LIÈGE*
Dimanche 30 juin 1946
Tandis que vous célébrez, chers fils et chères filles de Belgique, dans la ferveur de votre robuste foi, dans la joie de votre enthousiaste dévotion, le septième centenaire de l'institution par l'évêque de Liège, Robert de Torote, de la fête du Corps sacré du Seigneur, que vous appelez d'un si beau nom « la Fête Dieu », notre esprit se reporte spontanément vers cette vision du ciel que l'Apôtre saint Jean, après l'avoir contemplée de son regard d'aigle, racontait aux hommes en un langage qui n'est pas de la terre. De cette vision tout entière, le centre est l'Agneau, l'Agneau immolé, l'Agneau que suivent les vierges et dans le sang duquel les pécheurs, lavant leur robe souillée, se revêtent de splendeur, l'Agneau vers lequel convergent, avec les adorations de millions et de myriades d'anges, celles des foules innombrables de tous les peuples et de toutes les nations.
Le pinceau génial de vos compatriotes, les deux van Eyck, a magnifié ce triomphe et cette fécondité de l'Agneau mystique, centre de l'Eglise, centre des esprits, des cœurs, des âmes, source permanente de toute vie, de tout bien, de tout salut, de toute vigueur, de toute sainteté, de tout amour. Et voici que, ces deux dimanches, ce magnifique tableau s'est animé et, aujourd'hui même, en cet instant solennel, c'est dans la plus absolue réalité que l'Agneau de Dieu préside à votre imposante assemblée, en cette Belgique, terre eucharistique par excellence, où fleurit, autour du Verbe fait chair et fait pain vivant, la plus merveilleuse histoire de l'activité humaine et chrétienne sous toutes les formes, par l'éclat des grandes chaires universitaires où vibre encore la voix des plus éminents docteurs, par l'épanouissement de tous les arts et de toutes les industries, par la sublime élévation de la sainteté tant mystique qu'apostolique, par le foisonnement de toutes les œuvres sociales et charitables. Faut-il nous étonner que le Christ de lumière, d'amour et de charité ait choisi votre patrie pour lui confier, par le ministère caché de la vierge augustinienne de Cornillon, ce joyau de la liturgie catholique, la « Fête-Dieu », afin que, brillant d'abord chez vous du plus pur éclat, il rayonne de chez vous sur le monde entier en sorte que tous, sans distinction de pays, de classes, de conditions, rassasiés de la même nourriture divine, goûtent ensemble la fortifiante douceur de l'unité et de la paix que signifient les apparences du pain et du vin sous lesquelles se voilent le corps, le sang, l'âme, la divinité du Christ, notre véritable aliment et notre véritable vie (cf. Miss, in festo Corp. Dom., Secr.).
Tel est l'objet de la prière qui monte, ardente, de Notre cœur vers le Cœur de Jésus, présentée par le Cœur Immaculé de Marie Mère et Médiatrice; qu'elle attire sur vous l'abondance de toutes grâces avec la bénédiction que Nous allons vous donner dans toute l'effusion de Notre amour paternel, à vous, peuple liégeois, à vos chefs spirituels, et particulièrement aux nouveaux prêtres et sous-diacres ordonnés en cette mémorable journée.
* Discours et messages-radio di S.S. Pie XII, VIII,
Cinquième année de Pontificat, 2 mars 1946 - 1er mars 1947, pp. 139-140
Typographie Polyglotte Vaticane
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