DISCOURS DU PAPE PIE XII
AU DIRIGEANTS ET HAUTS FONCTIONNAIRES DE L'U.N.R.R.A. - ADMINISTRATION DES NATIONS UNIES
POUR LES SECOURS ET LA RECONSTRUCTION*
Dimanche 6 avril 1947
Dimanche de Pâques
En accueillant ce groupe très distingué de hauts fonctionnaires de l’U.N.R.R.A., on peut aisément céder à la tentation de disserter longuement sur les mots qui forment le titre de votre organisation : « United Nations », les nations unies ; tel est sûrement l’espoir ardent et saint des mères, des épouses, des sœurs et de tous les hommes de bonne volonté, unies de plus dans le but de porter secours à leurs frères moins fortunés et ce qui vaut mieux encore, unies pour leur insuffler à nouveau un courage ardent ou un sens renouvelé de respect personnel et de responsabilité, afin qu’ils reprennent leur place avec dignité parmi leurs pairs: quel précieux et noble but ! Mais le temps ne Nous permet pas de Nous attarder à ces pensées et Nous devons Nous contenter de vous exprimer à vous tous Nos souhaits de bienvenue.
Vous vous êtes réunis à Rome pour préparer le passage de votre organisation dans l’histoire de ces jours mouvementés. Son livre de vie va être fermé. Mais l’esprit qui a écrit ses plus belles pages ne doit pas mourir. Il y a encore des nations en détresse, elles ne peuvent rester sans aide. Il y a encore des peuples qui se débattent pour vivre, ils sont prêts à succomber à l’agonie qu’ils endurent dans leur corps et dans leur âme depuis longtemps déjà, durant ces années interminables de l’après-guerre, à moins que les greniers de leurs frères plus prospères ne continuent à venir leur fournir la subsistance. Nous le disons à ceux qui par expérience savent combien tragiques sont ces conditions. Nous sommes certain que ces peuples ne seront pas abandonnés.
Aujourd’hui, Nous célébrons la fête de Pâques. Dans un quart du monde, les hommes commémorent aujourd’hui la Résurrection du Sauveur de l’humanité. Son amour embrassait tous les hommes, comme d’ailleurs l’amour de l’Église qu’Il a fondée. Pour ses disciples, il n’y avait pas d’étrangers mais tous les hommes devaient devenir frères en Lui. Cet esprit d’amour fraternel fait toujours vibrer le cœur des hommes. Les manifestations de cet amour généreux sont un aspect radieux et élevant au milieu des épreuves d’aujourd’hui. Les hommes ne désirent pas être brutalement opposés les uns aux autres ; ils veulent s’aimer les uns les autres et ils savent que c’est par là qu’on atteint la paix. C’est dans cet amour fraternel universel que Nous plaçons Notre confiance que des secours continueront à être apportés à ceux qui sont dans le besoin.
C’est dans la capacité de cet amour à triompher de toutes les tentatives de semer la haine ou la discorde que Nous voyons le seul espoir de fonder une paix juste et durable. Que personne ne cesse d’agir et de prier afin que cette paix vienne, et vienne rapidement, cette paix du Christ dans le cœur des hommes et cette concorde parmi les nations.
Puisse Dieu vous bénir abondamment pour le bien que vous avez pu accomplir grâce à votre organisation. Comme gage de la récompense éternelle, Nous sommes heureux de vous donner Notre Bénédiction pour vous et tous ceux qui vous sont chers.
* Documents Pontificaux 1947, p. 91-92.
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