DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX REPRÉSENTANTS DE LA CROIX ROUGE AMÉRICAINE*
Samedi 31 mai 1947
C’est une joie pour Nous que l’honorable président de la Croix-Rouge américaine et ses distingués collaborateurs aient pu venir à Rome et prendre immédiatement un contact personnel avec le Saint-Siège. Le Saint-Siège, traditionnellement un centre de charité et de bonté pour toute l’humanité, est aujourd’hui chargé d’un fardeau incroyable: il a la tâche difficile d’étendre ses secours aussi loin que possible, avec l’aide de la Providence divine, à des indigents innombrables et tout particulièrement dans les pays dévastés et ruinés par la guerre en Europe. Nous sommes heureux de pouvoir dire qu’en réalisant cette œuvre de charité chrétienne le Saint-Siège a, durant ces dernières années, reçu une collaboration efficace de la Croix-Rouge américaine.
Si Nous pouvions exprimer une pensée qui ne Nous quitte pas et que vous pouvez rapporter aux membres de votre organisation aux États-Unis, c’est celle-ci : durant ses nombreuses années d’existence, la Croix-Rouge américaine a gagné une réputation méritée, entre autre pour l’organisation des secours prompts et efficaces à l’occasion des grandes calamités naturelles. Aux communautés souffrantes, paralysées par les flots, les incendies, les tremblements de terre ou autres catastrophes, vos travailleurs volontaires ont apporté des secours immédiats, une organisation éprouvée et la possibilité de reconstruire et de revivre. Vous avez trouvé le moyen de mobiliser rapidement les puissantes forces de la collaboration humaine.
Mais les désastres qui, aujourd’hui, réclament votre aide ne sont pas provoqués par les forces aveugles de la nature. Ils sont le résultat des erreurs de l’homme lui-même, le fruit amer du péché, la conséquence terrible de ses désobéissances à la loi de Dieu et son refus d’écouter la voix si éloquente de l’amour de Dieu, Rédempteur compatissant. Les cendres du feu matériel sont rapidement éteintes, les flots de l’inondation matérielle reculent aisément, mais le feu des inimitiés humaines et le flot des dévastations spirituelles persistent longtemps et ajoutent leur poids au fardeau de la misère générale.
Pour le succès complet de vos travaux, il est donc essentiel que vous gardiez devant l’esprit le but dernier de toute œuvre de secours, qui ne consiste pas seulement à atténuer les souffrances physiques, mais, grâce aux secours matériels, à favoriser la vie spirituelle de l’homme, à rendre possible aux familles, aux parents comme aux enfants, la délivrance de conditions de vie qui empêchent l’exercice des vertus qui créent un foyer sain et une société civile normale, qui tentent de bannir le désespoir et qui élèvent les cœurs vers le Créateur céleste, l’auteur et la fin de toute vie. Telle est l’aide indispensable qu’il faut apporter en vue de la restauration de la paix.
Le maintien dans votre organisation de tels buts élevés et spirituels vous préservera de toutes les erreurs matérialistes contemporaines et vous invitera, vous et vos collaborateurs, à faire toujours de plus grands sacrifices. Sur vous et sur ceux qui vous sont chers, sur vos collaborateurs et sur l’œuvre de charité chrétienne que la Croix-Rouge américaine pourra réaliser, Nous demandons la Bénédiction de Dieu.
* Documents Pontificaux 1947, p.154-155.
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