DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX PÈLERINS RÉUNIS À ROME POUR LA CANONISATION
DE SAINT MICHEL GARICOÏTS ET DE
SAINTE JEANNE-ÉLISABETH BICHIER DES AGES*
Salle des Bénédictions - Lundi 7 juillet 1947
LES RICHESSES DE LA « GRÂCE MULTIFORME » DE DIEU
Plus d'une fois, célébrant les élus qu'il Nous était donné d'élever à la gloire des autels, Nous Nous sommes complu à faire admirer, dans la variété de leurs physionomies, la richesse de la palette divine, de cette multiformis gratia (1 P 4, 10), qui, posant sur le front de chacun des saints, comme le prisme sur l'écran, un des reflets diversement colorés de l'unique et infinie lumière incréée, fait de leur ensemble une image, bien pâle assurément, merveilleusement belle pourtant, de celle qui est appelée par excellence miroir de justice, parce qu'elle réfléchit en elle seule la splendeur de son Fils qui est lui-même candor lucis aeternae et speculum sine macula (Sg 7, 26).
C'est que, si toutes les vertus — et toutes pratiquées dans un degré héroïque — doivent figurer au diadème dont l'Église couronne les bienheureux, le caractère, le tempérament de chacun, les évènements ou les circonstances de leur vie, mettent plus ou moins yen relief et en lumière l'une ou l'autre des gemmes qui en rehaussent l'éclat.
PROFILS DE SAINTS
Nous remarquons cette diversité entre les saints, quand nous comparons entre eux les deux prêtres, dont la vie a été si étroitement liée à celle de sainte Élisabeth Bichier des Ages. L'un a partagé avec elle les honneurs de la solennité d'hier ; l'autre les y a précédés de plusieurs années. Il est impossible de dissocier ce triple souvenir.
Or, à étudier la figure de Michel Garicoïts, son histoire et sa psychologie, on a l'impression de se trouver en face d'une de ces eaux-fortes qui, par la netteté coupante des traits gravés dans le cuivre, par le clair-obscur opposant la vivacité des lumières et la profondeur des ombres, sont propres à exprimer la physionomie marquée d'un caractère vigoureux.
À contempler d'autre part la figure d'André Fournet, on pense involontairement aux pastels nuancés, en faveur à son époque. Si la force à se vaincre a mis la douceur de la grâce dans la rude nature du montagnard pyrénéen, la générosité d'une charité ardente a rendu forte comme le diamant la nature délicate, tendre, presque timide et hésitante du curé poitevin.
Il serait plus difficile de dire quel fut en Élisabeth Bichier des Ages le trait dominant. Favorisée, dans l'ordre physique, intellectuel, moral, surnaturel, des dons les plus variés de la nature et de la grâce, elle s'est trouvée placée, dans le sombre passage du XVIIIe au XIXe siècle, au carrefour des événements et des situations les plus disparates, les plus brillants, les plus tragiques, les plus favorables à l'exercice héroïque de toutes les vertus. Elle s'est montrée, toujours et partout, à la hauteur des circonstances, fidèle et diligente à faire fructifier au centuple les dons reçus. Complète et harmonieuse, elle est vraiment cette femme incomparable, dont l'Esprit-Saint a daigné peindre lui-même le portrait. Et ce sont les conjonctures extérieures plutôt qu'une évolution personnelle, qui ont marqué des étapes dans la manifestation de ses riches qualités et de ses éminentes vertus.
LA JEUNESSE D'ÉLISABETH BICHIER DES AGES
Notre sainte appartenait à cette aristocratie, alors plus nombreuse et plus digne qu'on ne croit ou qu'on ne veut reconnaître, aristocratie de province et de campagne, providence du pays. Sa grâce faisait le charme des réunions de famille et de bon voisinage, réunions chrétiennement mondaines — pour rapprocher ces deux mots si rarement accordables — qu'elle animait joyeusement, trouvant toutefois la manière élégante d'esquiver toute participation aux danses, pourtant bien plus modestes dans son milieu à cette époque qu'elles ne le sont devenues depuis. Sa formation religieuse et intellectuelle était ample et solide autant qu'affinée, jointe le plus heureusement du monde au savoir-faire dans tous les soins, même les plus humbles, de la vie domestique d'alors, passant avec une aisance enjouée de la cuisine et des offices, où elle venait de faire la joie des serviteurs, au salon où elle faisait les délices des invités. Qui n'eût souri à la voir, à d'autres heures, suivre assidûment, plus résignée qu'enthousiaste, les leçons de comptabilité de son vénérable oncle, le chanoine de Moussac !
Dans les plans divins, tout cela, même les austères registres, doit lui servir un jour, jour très proche de l'épreuve : dans la maison endeuillée par la mort de son père et dont elle a la conduite ; dans la paroisse où, digne et distante vis-à-vis du clergé schismatique, elle soutient la fermeté catholique des paroissiens ; dans la prison où, avec l'habileté d'une professionnelle, elle ressemelle les chaussures et ravaude les vêtements de sa mère et de ses autres compagnons de détention ; dans le maquis de la procédure révolutionnaire, où, avec toute la compétence d'un homme d'affaires, elle discute les intérêts, défend le patrimoine, revendique les droits de la famille ; dans les innombrables péripéties de la vie clandestine, où elle se fait l'ange gardien et l'apôtre des fidèles traqués et persécutés.
Comment définir la maison de Béthines, la Guimetière, et l'existence qu'elle y mène avec sa mère, objet de sa sollicitude filiale, mais en même temps judicieuse et dévouée coopératrice de son apostolat, avec les quelques compagnes qui sont venues se joindre à elles pour partager les travaux de leur zèle et de leur charité ? Est-ce maison et vie de famille ? Est-ce couvent et vie religieuse ? Est-ce hôpital, école, dispensaire, centre d'œuvres de piété ? C'est tout cela en même temps : foyer d'activité, multiple sans confusion, empressée sans agitation.
Et il semblait que tout pela allât de soi-même, au gré des circonstances qui dictaient au jour le jour le programme du bien à faire et la manière de le faire, tandis que la main de la Providence, qui dirigeait le cours apparemment capricieux de ces circonstances, pourvoyait à mettre notre sainte en mesure et à même d'y répondre.
PRÉLUDE DE VIE RELIGIEUSE
La paix religieuse et sociale commençait à peine à renaître. Mais tout était à refaire : tant de ruines à relever, tant de désordres à recomposer !
La tâche qui s'imposait à Elisabeth était immense, surhumaine. Par bonheur les concours déjà s'étaient spontanément offerts. En outre, elle avait eu la grâce de rencontrer en saint André Fournet un guide pour sa vie personnelle, comme pour sa vie apostolique. Le plus urgent semblait être le rétablissement d'une vraie chrétienté. L'oncle chanoine vient en aide et fournit des missionnaires : on réconcilie tout d'abord l'église, on restaure le culte, on évangélise la population ; encore faut-il que ce ne soit pas un feu de paille. Il y a donc à pourvoir aux besoins de tous ordres et voici poindre toute une floraison d'œuvre apostoliques : instruction, catéchisme et autres — d'œuvres charitables parmi les pauvres, les malades, les infirmes. Il faut tout à la fois, pour répondre aux nécessités, s'étendre et se concentrer, se développer et s'organiser.
Dans la lumière et sous l'impulsion de l'Esprit-Saint on s'achemine progressivement vers une vraie vie religieuse, mais une vie dont l'activité sainte ne soit que le jaillissement au dehors de la flamme d'une ardeur excessive, incoercible, attisée par une contemplation intense et continuelle. Consciente de la grandeur d'une telle vocation, notre sainte n'ose point improviser ; elle veut s'informer, connaître et, sans se relâcher du soin de sa petite communauté et de ses œuvres, elle se met en campagne, elle visite des couvents, elle consulte, elle médite, elle prie. Elle trouve de belles et admirables choses qui lui donnent quelque lumière, qui lui suggèrent quelque inspiration ; elle ne rencontre pas précisément ce qu'elle cherche. Et ainsi, avec son bon Père André Fournet, elle a préparé des constitutions ; avec ses compagnes, elle s'est liée par des vœux ; l'autorité ecclésiastique a tout approuvé et la voilà, sans s'en être aperçue, devenue fondatrice.
FONDATRICE !
Fondatrice ! Songe-t-on à tout ce que sous-entend ce simple mot ? Dans l'ordre matériel, le seul auquel le monde prête attention : ampleur et complexité de tous les devoirs et soucis du gouvernement, de l'administration domestique et économique, des maisons à acquérir, à bâtir, à accommoder, à installer ; — dans l'ordre moral : sollicitude maternelle, à la fois forte, vigilante et tendre, qui doit s'exercer aussi bien dans le choix, la formation, la direction, le soutien des religieuses, que dans le soin corporel et spirituel des enfants, des pauvres, des malades et autres, dont tout l'institut a la charge ; — dans l'ordre ascétique : sanctification personnelle par la souffrance et par l'humilité, par la pratique héroïque de toutes les vertus, par la contemplation et l'union continuelle avec Dieu.
Comme un organiste, après avoir présenté tour à tour les jeux de son instrument et fait valoir la pureté, le timbre, la délicatesse mystérieuse ou le mordant éclat de chacun d'eux, petit à petit, les groupe ou les oppose pour, ensuite, synthétiser dans un final la richesse et la puissance de son orgue aimé, ainsi Dieu qui a fait chanter, dans toutes les conditions où il l'a successivement placée, les vertus de sa servante, va désormais les mettre toutes ensemble en pleine valeur dans la vie de son épouse.
Fondatrice ! Élisabeth Bichier des Ages — devenue, de nom et de fait, Fille de la Croix — va l'être à la grande manière, à la manière d'une Thérèse de Jésus et, plus d'une fois, sans vouloir s'arrêter à d'oiseuses comparaisons, on voit surgir, derrière elle, le souvenir de la Vierge d'Avila.
VISIONS DE SAINTETÉ
Il serait impossible d'esquisser, même sommairement, la vie si humble et si haute, si chargée et si équilibrée, de mettre en pleine lumière la figure si simple et si compréhensive de celle qui n'a voulu être appelée que « la Bonne Sœur ». Il y faudrait toute une galerie de tableaux.
Quelle scène, par exemple, que celle de l'opération à l'Abbaye-aux-Bois. Les chirurgiens, qui viennent de lui faire subir sous leurs fers des tortures dont la seule évocation donne le frisson, vont ensuite conter à la Cour et à la Ville l'héroïsme de leur sainte patiente. L'histoire vole aux quatre coins de la France, et la Fille de la Croix, elle-même élevée sur la Croix, attire tout à elle ! De partout on accourt à son chevet pour la voir et lui parler ; de partout aussi, on l'appelle et les fondations se succèdent dans la région parisienne.
Elle est attendue pour ce motif dans un des salons les plus aristocratiques du faubourg Saint-Germain. Quelle scène encore que celle-ci ! Elle est entrée, modeste comme une pauvre petite « Bonne Sœur » qu'elle est et, sans le savoir, majestueuse comme une reine. Elle sourit, tranquillement oublieuse des avanies qui, au dehors, avaient accueilli son approche ; mais voici maintenant que toutes ces grandes dames qui viennent, horrifiées, d'en apercevoir les traces, s'empressent autour d'elle avec vénération pour essuyer les crachats, dont leurs laquais avaient souillé, l'instant d'avant, sa pauvre robe. Sauf sa compassion pour ces pauvres gens qui ne savaient ce qu'ils faisaient, elle n'a été nullement émue par l'incident, pas plus qu'elle ne le sera aux Tuileries, quand le roi, marri de ce que ses officiers de service l'ont fait attendre, sort de ses appartements pour venir en personne au-devant d'elle.
PROGRÈS DE L'INSTITUT
L'œuvre va toujours s'étendant. La fondatrice prie le Seigneur de faire « pleuvoir des Sœurs » pour y suffire. Et les postulantes pleuvent aussitôt en telle abondance qu'elle ne sait plus où les loger. À grand'peine, elle acquiert à cette fin l'antique monastère de La Puye ; elle le trouve en tel état que, pour y remettre un peu d'ordre et d'unité, pour rejoindre les tronçons demeurés debout, pour adapter le tout à sa destination, elle s'improvise chef d'entreprise, directrice des travaux de charrois et de chantier.
Tant de labeurs et de tracas, loin d'interrompre l'extension de l'Institut, étaient destinés à la promouvoir. Mais alors, que de voyages ! et quels voyages ! On croirait par moments relire le « Livre des Fondations » de sainte Thérèse. Avec les moyens de locomotion d'alors, elle sillonne sans relâche toute la France, du Poitou à la Bourgogne et à la Franche-Comté, de l'Ile-de-France aux Pyrénées.
LA FIGURE DE MICHEL GARICOÏTS
Les Pyrénées ! C'est là qu'entre en scène Michel Garicoïts. Ce grand saint, si différent, dans tout l'ordre naturel, d'André Fournet, devait être, après sa mort et par la suite, un second père pour les Filles de la Croix. À l'en croire, il devait tout à leur mère : « En voyant, dit-il, la sainteté de cette âme d'élite, sa vie religieuse, sa pauvreté, je fus amené à réfléchir sur moi-même....Où serais-je sans elle ? Car... c'est à elle, après Dieu, que je dois le peu que je suis ; oui, je vous le dis, c'est elle qui m'a converti ». Et il déclarait même à qui voulait l'entendre que c'était elle encore « qui avait tout fait dans la fondation de la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Bétharram, dont il était le premier Supérieur Général ». Faisons la part de la modestie ; les saints excellent dans l'habileté à se renvoyer réciproquement le mérite de leurs vertus et de leurs œuvres.
Quoi qu'il en soit, Michel Garicoïts, homme tout d'une pièce, ne fait pas les choses à demi. S'il est vrai que la vue de la pauvreté de la noble Élisabeth Bichier des Ages a converti « le jeune vicaire qui, ayant vécu très pauvrement... se parait de chaussures élégantes pour remplacer ses sabots de berger », il ne tarda pas à égaler son modèle, sinon à le surpasser, et les soutanes du saint deviendront aussi légendaires que la robe de la sainte.
« DE FORTI DULCEDO »
Avec la pauvreté, comprise et aimée, il a accueilli son inséparable cortège d'humilité, de mortification, d'abnégation, de zèle, de charité et il s'est pénétré en même temps d'une telle bonté, qu'on pourrait bien lui appliquer le « de forti... dulcedo » (ludic. 14, 14). De son cœur dans mille détails de sa vie, de ses lèvres dans ses conférences et entretiens spirituels, de sa plume dans ses lettres, jaillissent, comme d'un volcan en incessante éruption, des gerbes de flammes étincelantes de toutes les vertus. Échappement spontané, insuffisant toutefois à verser au dehors l'excès de charité, dont la pression va faire éclater son cœur impuissant à la contenir. C'est ce besoin de se dépasser lui-même qui, tout en faisant de lui le fondateur d'une famille religieuse, fait aussi de lui l'ami passionnément dévoué de toutes les autres. Là où de moins grands verraient des concurrents, il voit des frères et, plus encore, des apôtres, dont il ambitionne d'être, lui, l'humble coopérateur. Il accueille les Capucins chassés d'Espagne ; il prête son concours à la Congrégation naissante des Missionnaires de l'Immaculée Conception ; il aide avec une joie empressée à l'établissement des jésuites à Pau ; il fait le possible pour faciliter le retour des Prémontrés ; il collabore à la fondation de Notre-Dame du Refuge du Père Cestac ; il se dévoue dans la direction spirituelle des Carmélites, des Ursulines, des Dominicaines, et surtout de ses chères Filles de la Croix.
MERVEILLEUSE ACTIVITÉ DE SON ZÈLE
Les œuvres personnelles ne lui manquent pourtant pas : la formation et le gouvernement de sa Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur-de-Jésus, le sanctuaire et le Calvaire de Bétharram, la création et la direction de collèges, orphelinats agricoles et industriels, le recrutement de Frères instituteurs. La région pyrénéenne, où il a tant à faire et où il fait tant, ne le retient pas de répondre à la proposition d'une lourde mission en Argentine, puis dans l'Uruguay.
Si encore il s'était contenté de concevoir, de créer et de lancer ! Mais il est présent et agissant partout, soit par ses visites, soit par sa correspondance d'une extraordinaire multiplicité et, en même temps, si précise, si judicieuse, si cordiale et si enflammée d'ardeur surnaturelle, qu'on ne sait comment un seul homme a pu faire face à tant de tâches.
GLORIFICATION SUPRÊME
La Providence qui, au déclin de la vie d'Elisabeth, au brillant lever de la vie apostolique de Michel Garicoïts, a rapproché ces deux saints et assuré par leur mutuelle assistance la solidité et l'efficacité de leurs œuvres respectives, a voulu sanctionner leur rencontre ici-bas par leur réunion dans la glorification suprême.
Étonné par la plénitude qui fait la ressemblance de ces deux existences si diverses, le monde superficiel demandera par quel miracle a pu se concilier l'extension sans limite et la profondeur insondable de leur activité extérieure avec le recueillement intérieur de leur vie éminemment spirituelle et contemplative. Qui donc parle de concilier ? Une conciliation entre la flamme de leur zèle, qui propage au dehors l'incendie, et le foyer de la charité où elle s'est allumée ? Entre la clarté qu'ils répandent autour d'eux et la lumière infinie dont ils portent le reflet ?
EXHORTATION PATERNELLE
Quelle leçon pour vous, chers fils, Prêtres du Sacré-Cœur, chères Filles de la Croix ! Elle tombe des lèvres aimées des deux saints à qui, les uns et les autres, vous devez tant ! Que votre zèle, comme le leur, soit ardent, agissant, conquérant, adapté aux besoins de chaque temps, mais qu'il s'alimente toujours à la source vive ! Soyez sourds à la tentation de sacrifier votre vie religieuse et votre sanctification personnelle à l'apostolat. Ce serait cueillir de l'arbre les fleurs épanouies pour en faire un bouquet et vouloir chercher ensuite du fruit sur les branches dépouillées.
À leurs enseignements, à leurs exemples s'ajoute la puissance de leur intercession. Avec confiance Nous l'invoquons pour vous, en vous donnant, à vous, à tous ceux et celles que vous représentez ici, à tous ceux et celles auprès de qui ou pour qui vous vous dévouez, à vos familles, à tous ceux qui vous sont chers, Notre Bénédiction apostolique.
* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, IX,
Neuvième année de Pontificat, 2 mars 1947- 1er mars 1948, pp. 151-159
Typographie Polyglotte Vaticane.
Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana