Salle du Consistoire, Palais pontifical de Castel Gandolfo
Vendredi 1er septembre 1950
Votre groupe, chers normaliens, petit par le nombre, compte à Nos yeux parmi les plus importants. Aussi, dans l'impossibilité de vous entretenir plus au long, comme Nous l'aurions souhaité, Nous tenons néanmoins à vous adresser deux mots d'affection et d'encouragement. Votre recrutement, votre formation, votre propre travail personnel vous destinent à être un jour dans les premiers rangs de ceux qui exercent en France une influence intellectuelle prépondérante. Il suffit de jeter un coup d'œil sur la liste des hommes sortis de l'École Normale Supérieure pour se rendre compte que, s'ils occupent dans l'enseignement universitaire ce qu'on a appelé dans une heureuse formule les postes-clefs, leur prestige et leur autorité morale débordent largement les limites des grandes chaires professorales. Dans le nombre des écrivains, des critiques les plus en vue, des guides de l'orientation philosophique, des diplomates les plus considérés, des hommes politiques conducteurs de l'opinion, partout l'on trouve les noms d'illustres normaliens.
En faut-il davantage pour faire entrevoir les raisons de Notre particulier intérêt ? Vous devez diriger le courant de la pensée ; fort bien, mais dans quel sens ? N'est-ce pas là une question de gravité capitale ? Bien souvent et trop longtemps — Nous pouvons devant vous parler avec une entière franchise — ce courant, unique et sans dérivation, demeurait étranger, hostile même, au courant catholique ou tout simplement religieux. En ces temps-là même, bon nombre de vos aînés ont donné l'exemple de la fermeté dans leurs principes, de la fière énergie de leur conduite chrétienne. Il fallait alors du courage, presque de l'héroïsme.
Depuis, le mouvement catholique au sein même de l'École, et sans détriment, tant s'en faut, de la fraternelle camaraderie, s'est accentué, malgré des éclipses passagères dues aux circonstances extérieures, et votre présence ici est un signe évident des plus heureuses dispositions. Le plus grand nombre d'entre vous sont ouvertement croyants, pratiquants et zélés, membres du groupe des « Talas ». Il en est d'autres qu'amène ici une saine et loyale curiosité; d'autres encore peut-être qui viennent ici avec le désir et l'espoir d'y trouver « ce qu'on vient chercher à Rome ».
À vous tous, tant que vous êtes, très chers fils — car à vous tous Notre cœur aime à donner ce nom — Nos souhaits de lumière et de juvénile ardeur à chercher la Vérité pour la donner à votre tour aux autres. Que l'Esprit Saint vous illumine, que la Vierge Immaculée, Siège de la Sagesse, vous éclaire et vous guide, que sur vous descende l'abondance des grâces divines, en gage desquelles Nous vous donnons avec l'affection la plus paternelle Notre Bénédiction apostolique.
* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XII,
Douzième année de Pontificat, 2 mars 1950 - 1er mars 1951, pp. 173-174
Typographie Polyglotte Vaticane
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