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DISCOURS DU PAPE PIE XII
À QUELQUE 400 PHARMACIENS CATHOLIQUES*

Samedi 2 septembre 1950

Maintes fois déjà Nous avons eu l'occasion de manifester Notre intérêt pour tous ceux et celles qui, à des titres divers, et dans les activités les plus variées, consacrent leur vie et leur dévouement au soulagement des souffrances, à la guérison des infirmités et, dans la mesure du possible, à la défense préventive contre les maladies par tous les moyens et grâce à tous les progrès de l'hygiène et de la prophylaxie.

Dans l'ensemble de ce corps sanitaire, vous tenez une place fort importante par les continuelles fatigues qu'elle vous impose, par les lourdes responsabilités dont elle vous charge. Et c'est pourtant la première fois que Nous Nous adressons expressément et particulièrement à vous, chers fils pharmaciens catholiques. Aussi aurions-Nous eu plaisir à vous entretenir un peu plus au long, si les multiples et pressants devoirs de cette Année Sainte ne Nous obligeaient à Nous imposer des limites.

Vos fatigues et vos responsabilités, disions-Nous. Elles ne sont pas toujours, ni par tout le monde, connues et appréciées à leur juste mérite. On ne saurait cependant en faire reproche à personne : votre activité attentive s'exerce en grande partie dans le silence de vos laboratoires. Le public n'en est pas témoin, et vous n'avez pas, comme le médecin ou l'infirmier, le réconfort psychologique que donne, si pénible qu'il soit parfois, le contact intime, permanent, avec les patients.

Pour achever de voiler aux yeux des profanes l'intensité et la valeur de votre travail, le développement extraordinaire, qu'a pris la thérapeutique par les spécialités, donne l'impression, bien injustifiée, que la partie commerciale tient, sinon l'unique, du moins la première place dans vos occupations. Il faut pourtant reconnaître que bon nombre d'entre vous ont contribué notablement à la découverte et au perfectionnement de ces mêmes spécialités. Mais le domaine propre de votre profession déborde ce champ restreint. Malgré tout, les manipulations pour l'exécution des ordonnances médicales n'ont pas cédé tout le terrain aux spécialités, précisément dans les cures les plus délicates, et, dans bien des cas aussi, dans celui, par exemple, de graves opérations chirurgicales, les préparations destinées à l'asepsie, à l'antisepsie, à la narcose, à l'anesthésie requièrent de vous le plus grand soin.

Il suffit de songer un instant aux conséquences de la plus petite erreur, non seulement sur la substance, mais sur la qualité, le dosage, la durée de validité, pour entrevoir la responsabilité qui vous incombe. Qui donc oserait la prendre sur ses épaules, sans s'y être préparé par l'étude et par la pratique des sciences physiques, chimiques, botaniques, biologiques, dont peu de gens supposent l'ampleur et la difficulté ? Une chose rend encore cette responsabilité plus pesante, c'est que votre attention ne peut se relâcher, pour ainsi dire, un instant, c'est qu'elle doit s'exercer, au delà de vos propres actions, sur celles de tous vos collaborateurs, aides, préparateurs, « élèves », parce que, si le pharmacien peut et doit se faire assister, il n'a droit de se reposer sur personne.

Votre responsabilité s'étend plus loin : outre son aspect technique, l'effet heureux ou funeste des remèdes, elle revêt aussi un aspect moral, auquel la déviation et le désarroi actuel des consciences donnent aujourd'hui une gravité plus grande que jamais.

Parfois vous avez à lutter contre l'importunité, la pression, les exigences de clients, qui recourent à vous en vue de faire de vous les complices de leurs desseins criminels. Or, vous le savez, dès lors qu'un produit par sa nature et dans l'intention du client est indubitablement destiné à une fin coupable, sous n'importe quel prétexte, sous n'importe quelles sollicitations, vous ne pouvez accepter de prendre part à ces attentats contre la vie ou l'intégrité des individus, contre la propagation ou la santé corporelle et mentale de l'humanité. Vous aurez au contraire fort à cœur d'unir vos efforts en vue de rallier l'opinion à la doctrine et à la moral catholique, qui ne font que promulguer avec l'autorité de la religion la doctrine même de la raison et la morale de la simple honnêteté.

C'est avec confiance que Nous attendons de vous ce zèle à réveiller et éclairer les consciences, et que Nous appelons de tout cœur sur vous-mêmes, sur votre Congrès, sur vos collègues, sur vos familles, les plus précieuses grâces de Dieu, en gage desquelles Nous vous donnons Notre Bénédiction apostolique.


* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XII,
Douzième année de Pontificat, 2 mars 1950 - 1er mars 1951, pp. 177-178
Typographie Polyglotte Vaticane

 



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