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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE*

Lundi 1er janvier 1951

Dans ce court espace de temps qui va de la fermeture de la Porte Sainte à l'entrée de l'année nouvelle, les yeux des fidèles continuent de tenir leurs regards fixés sur le sillage de lumière, que laisse après lui le Jubilé romain. Sa clarté va, maintenant, rayonner sur toutes les plages du monde et y étendre ses salutaires effets. Cette coïncidence donne à la visite de Vos Excellences et à l'accueil que Nous sommes heureux de leur réserver, un cachet tout à la fois plus solennel et plus intime que celui qui marque d'ordinaire les traditionnelles réceptions du premier de l'an. Solennel en raison des circonstances mémorables des jours présents, intime du fait de la participation que vous y avez eue.

Vous avez été, tout au long de l'Année Sainte, « l'année favorable du Seigneur » (Lc 4, 10), les témoins des évènements qui l'ont jalonnée jour par jour ; vous avez, par votre assiduité à les suivre, manifesté votre intérêt pour leur grandeur et leur magnificence spirituelle, pour leur rayonnement large et profond, tels que les annales du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège n'en ont, sans doute, jamais enregistré de semblables.

Témoins, disions-Nous. Plus que cela : grâce à votre exquise culture, à votre sympathique compréhension de la Rome chrétienne et de sa vie, grâce aussi au concours délicat de vos familles et au dévouement intelligent du personnel de vos Chancelleries, vous avez été les précieux coopérateurs de l'heureux dé roulement de l'Année Sainte.

Nous avons suivi de près et hautement apprécié, dès la période laborieuse des préparations, votre constante autant que discrète activité pour rendre plus facile la tâche ardue des services du Saint-Siège, assurés de pouvoir compter en toute confiance sur votre intérêt, toujours en éveil, sur vos avis éclairés, sur votre expérience. Vous avez mis tout en œuvre pour aplanir tant d'obstacles actuels relatifs aux transports, aux transferts de monnaie, aux changes, aux passeports ; vous n'avez rien négligé pour procurer toutes sortes de facilités aux groupes de pèlerins accourus de toutes les parties du monde, ravis de se voir, de votre part, l'objet du plus cordial empressement. Comment ne garderaient-ils pas aussi un souvenir ému des attentions si aimables et si empreintes de sens religieux des Dames du Corps diplomatique ?

C'est pour Nous-même un bien agréable devoir que celui d'exprimer aux gouvernements de vos pays respectifs Notre vive reconnaissance pour la largeur d'esprit et de cœur qu'ils ont apportée à frayer la route à l'imposant afflux des pèlerins vers la Ville éternelle. N'est-ce pas merveille, en un temps de tragiques conflits et de lutte entre frères, que d'avoir vu ce sol de Rome devenu le rendez-vous fraternel, où s'est réalisé un rapprochement spirituel des peuples ?

De toutes les manifestations, auxquelles a donné lieu l'Année Sainte, il n'en est pas, dans l'ordre des relations humaines, de plus importante, de plus significative, que l'affirmation hautement proclamée de la volonté des peuples, tendue unanimement vers la paix, vers une paix équitable, librement stipulée, affranchie de toute injuste condition, de toute charge intolérable. Tous l'attendent, cette paix, tous la désirent, tous l'implorent. Tous ont manifesté avec la même énergique clarté leur horreur de la guerre, leur conviction que celle-ci est, moins que jamais, un moyen propre à dirimer les conflits, à rétablir la justice. Seules peuvent y réussir des ententes librement et loyalement con senties. Que s'il pouvait être question de guerres « populaires » — en ce sens qu'elles répondent aux vœux et à la volonté des populations —, ce ne serait jamais que dans le cas d'une injustice si flagrante et si destructrice des biens essentiels d'un peuple, qu'elle révolte la conscience de toute une nation.

Telle est la volonté formelle de paix, que les peuples ont exprimée avec une évidence irrécusable autant par les paroles que par les faits.

Cet empressement à accourir vers Rome devenue symbole de l'universalisme chrétien, cette communauté de vie sans ombre de ressentiment national, mais dans le respect et l'amour réciproque, cet émouvant rapprochement de drapeau à drapeau, de nation à nation, cette franche joie de participer ensemble aux mêmes biens et au même bonheur, sans oublier pour autant la propre patrie, tout cela avait la valeur d'un plébiscite des peuples en faveur de la paix, non seulement au nom du christianisme, mais au nom de l'humanité tout entière.

Plutôt que la fin d'une ère, l'Année Sainte 1950 marquera donc dans l'histoire, on peut l'espérer, l'acheminement encourageant vers une voie nouvelle.

C'est dans cette pensée et avec cette espérance que Nous vous offrons Nos meilleurs souhaits de bonne et heureuse année, implorant avec une inaltérable bienveillance la protection du Tout-Puissant sur les peuples que vous représentez si dignement, sur leurs corps législatifs, sur leurs gouvernements, comme Nous l'appelons sur Vos Excellences, sur vos collaborateurs et sur toutes vos familles.


* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XII,
Douzième année de Pontificat, 2 mars 1950 - 1er mars 1951, pp. 407-409
Typographie Polyglotte Vaticane

L’Osservatore Romano 2-3.1.1951 p.1.

Documents Pontificaux 1951, p.16-18.

L’Osservatore Romano. Édition hebdomadaire en langue française, n° 2, p.1, 2.

La Documentation catholique n.1087 col.65-68.

 



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