MESSAGE-RADIO
EN CONCLUSION DU CONGRÈS
EUCHARISTIQUE NATIONAL FRANÇAIS*
Dimanche 30 septembre 1951
Déjà présent à votre Congrès eucharistique national dans la personne de Notre aimé Cardinal Légat, Nous ne résistons pas au désir de vous visiter plus directement encore, en vous faisant entendre Notre parole. Avec raison, le monde admire et apprécie et Nous-même utilisons avec joie dans des circonstances comme celle-ci, les merveilleuses découvertes de la science et de l'ingéniosité humaines qui raccourcissent et, presque, suppriment les distances. Qu'est-il pourtant, ce rapprochement, en comparaison de l'étroite union qui, par la grâce, par la communion des saints, joint en un seul cœur et en une seule âme (cfr. Act. 4, 32) les cœurs et les âmes, apparemment dispersés, de tous les chrétiens?
En cet instant, où Notre voix porte jusqu'aux extrémités du monde, tous les fidèles de la terre vivant à l'ombre du tabernacle, tous ceux qui viennent de s'approcher de la Table sainte, tous ceux qui, prosternés devant l'ostensoir, y adorent dans la foi, l'espérance et l'amour, le Christ vrai Dieu et vrai Homme sous les espèces eucharistiques, tous ceux-là sont unis entre eux et vous sont unis, tout particulièrement à vous, dont la foule emplit les majestueuses arènes, dans l'intimité d'un seul Verbe éternel, d'un seul Agneau immolé, d'une seule hostie, du même inépuisable aliment divin.
Néanmoins , le désir d'une union, d'une présence, non pas plus réelle ou plus parfaite, mais plus humainement goûtée dans la satisfaction sensible de la foi, vous a ressemblés en ce XVeme congrès eucharistique national de la France. Nîmes était un centre fort heureusement choisi pour ce rendez-vous: par sa position géographique, par sa vénérable antiquité, par son histoire, par ses monuments, elle se trouve comme à l'un des importants carrefours de la civilisation latine, classique et moderne.
Mais surtout, aujourd'hui, en ce moment même où vous entendez Notre voix, il Nous semble la voir de Nos yeux comme un foyer brillant et brûlant où convergent, de toutes les régions de la France, les forces vives de la foi pour s'aviver encore et se renforcer par leur rencontre et puis, de là, se répandre de nouveau, rallumant partout la ferveur, excitant la flamme qui, parfois, sommeille, mais qui, en tant de cœurs, n'est pas morte et n'attend pour se réveiller et tout embraser qu'un souffle de votre zèle. Quelle heure plus propice que celle-ci? Renouvelés dans l'ardent amour du Christ, dans l'obéissance empressée et joyeuse à votre Mère la sainte Eglise, retournez dans vos provinces, porteurs du feu sacré, décidés à reconquérir à cette Mère les esprits et les cœurs attiédis ou égarés.
C'est là pour Notre cœur une intime consolation et, plus qu'une consolation, le motif d'une solide espérance que le Christ eucharistique, qui, dans la préparation de ce congrès, a mis en tous de si fraternels et de si beaux sentiments, ne laissera pas son œuvre inachevée. Comment le permettrait-il, lui qui regarde comme fait à lui-même le bienveillant accueil réservé aux siens, lui qui a si magnifiquement récompensé l'hospitalité de Zachée?
Il Nous semble l'entendre en ce jour renouveler la prière qu'il adressait à son Père entre l'offrande non sanglante du sacrifice au Cénacle et sa consommation sanglante sur le Calvaire: « Père saint, sanctifiez-les dans la vérité ...; comme vous, mon Père, vous êtes en moi et moi en vous, qu'ils soient un en nous afin que le monde croie que vous m'avez envoyé » (cfr. Io. 17, 17. 21).
Helas! dans le ciel serein de ces journées eucharistiques dont votre ferveur, chers fils et chères filles de France, fait descendre dans Notre cœur la lumière et la joie, un nuage vient assombrir et voiler de tristesse Notre regard à la vue des terribles et si nombreux fléaux qui pèsent actuellement sur les âmes et sur les corps, sur les valeurs essentielles et les destinées des peuples, à la vue des périls qui menacent l'avenir de l'univers entier. Tant de problèmes angoissants, qui inquiètent la génération présente, bien loin de s'acheminer vers des solutions, sinon heureuses et satisfaisantes, du moins partielles et provisoires, se complique et s'aggravent de jour en jour, ébranlant l'équilibre du monde au point de faire redouter un choc définitif et fatal. Non plus problèmes limités aux intérêts et au sort de quelque nation, mais problèmes universels. qui opposent entre elles des coalitions formidables, dont le heurt pourrait entraîner les conséquences les plus désastreuses.
Levez donc avec Nous les yeux et les mains dans un geste d'ardente supplication vers l'éternel et souverain Prêtre, auteur et garant de la concorde et de la paix: concorde et paix entre les peuples et les particuliers, concorde et paix entre tous les hommes dans les questions temporelles et morales, mais surtout concorde et paix profonde, qui rapprochent de Dieu tous ensemble les hommes et les peuples, les nations et les Etats, pour faire entre eux l'union — la seule union véritable et solide —dans la conformité de leurs actions, de leurs pensées, de leur conduite, à la sainte et divine volonté.
Si lointain que puisse sembler l'avènement de cette concorde et de cette paix, que nul ne se décourage ni ne faiblisse; tout est possible à la puissance de Dieu, tout est possible à l'amour de Jésus-Christ. Et Nous croyons à la puissance et à l'amour du Christ, en qui repose toute notre espérance. Que du cœur de Jésus descende sur vos foules assemblées la flamme d'amour dont il brûle lui-même; que de l'hostie immaculée rayonne sur tous les esprits droits et de bonne volonté la lumière qui éclaire tout homme en ce monde et qui donne à quiconque veut bien la recevoir le privilège de « devenir enfant de Dieu » (Io. I, 9. 12)!
De son trône resplendissant où elle règne en corps et en âme, aimable et souriante, la Mère de Dieu, Mère des hommes, vous appelle tous, oui, tous. Elle dit à son Fils les besoins de vos cœurs et de vos intelligences, certaine d'être écoutée de lui. Ne serait-elle donc pas écoutée de vous, lorsqu'elle vous dit: « Faites tout ce qu'il vous dira! ». Et vous le savez bien, vous le savez tous ce qu'il vous dit: « Venez à moi! » Et pour qu'une grâce toute-puissant vous incline à la docilité envers lui, envers sa Mère et la vôtre, pour qu'elle triomphe des dernières résistances, des dernières hésitations, Nous vous donnons, dans toute l'effusion de Notre amour paternel, Notre Bénédiction Apostolique.
* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XIII,
Treizième année de Pontificat, 2 mars 1951 - 1er mars 1952, pp. 266-268
Typographie Polyglotte Vaticane
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