DISCOURS
AUX PARTICIPANTS AU IXe CONGRÈS INTERNATIONAL
DES INDUSTRIES AGRAIRES*
Salle Clémentine - Jeudi 29 mai 1952
C'est avec grand intérêt, Messieurs, que Nous suivons le développement de la collaboration dans le domaine scientifique et technique, telle qu'elle est promue par la Commission Internationale des Industries Agricoles. Nous espérons beaucoup de ces relations d'entraide, qui multiplient les liens d'homme à homme et de nation à nation, pour le bien de l'humanité. L'interdépendance toujours plus étroite et toujours plus sentie de tous les groupes humains les uns par rapport aux autres impose d'ailleurs et favorise à la fois l'échange des connaissances et des ressources matérielles. Alors que la majeure partie des hommes ne mange pas à sa faim et que de vastes régions sont toujours soumises à des famines périodiques, il ne peut être question de garder égoïstement pour soi des avantages, qui priveraient des peuples entiers d'un soulagement auquel ils ont bon droit. C'est pourquoi Nous Nous tournons avec joie vers votre activité bienfaisante, dédiée à l'amélioration des conditions de la recherche scientifique et de ses applications pratiques dans les industries agricoles.
Quels beaux résultats n'a pas en effet enregistré la science au service de ces industries! Depuis le premier Congrès International de Chimie appliquée, tenu à Paris en 1894, et ceux qui donnèrent naissance à votre Commission Internationale, quels progrès n'ont pas faits, par exemple, l'étude du sol et des moyens à employer pour le préserver et l'enrichir, la connaissance des lois de nutrition des végétaux, la fabrication et l'utilisation des engrais, la génétique, fondée par l'Abbé Gregor Mendel sur la théorie chromosomique de l'hérédité et point de départ de nombreuses améliorations dans la culture et dans l'élevage, la microbiologie, qui a révélé tout un monde d'infiniment petits extrêmement actifs ? En ce qui concerne l'alimentation, la reproduction, l'amélioration des races animales, des essais patients et méthodiques ont été couronnés de succès. Il Nous faudrait parler aussi de tant de techniques spéciales, qui relèvent de votre Commission. Partout de nouvelles connaissances scientifiques, de nouvelles machines, ont permis de transformer complètement et de rendre beaucoup plus efficaces les méthodes de production.
C'est encore trop peu, Nous disent vos rapports ; il faut constamment augmenter la quantité des matières premières disponibles, transformer celles-ci en vue de les conserver, d'en améliorer les qualités alimentaires, d'en permettre le transport, si l'on veut répondre aux besoins de la consommation, notamment chez les peuples les plus déshérités. Il s'agit d'une nécessité tellement fondamentale, qu'elle constitue en quelque sorte une obligation morale. De ce fait vos recherches et vos congrès revêtent une importance toute spéciale et retiennent à juste titre Notre bienveillante attention. Nous souhaitons vivement que vous rencontriez un appui efficace dans vos efforts pour intensifier les rapports de la science et de la technique, afin de favoriser le bien-être de l'humanité sur le point essentiel de l'alimentation. Les services constitués par la Commission Internationale des Industries Agricoles, celui en particulier concernant la bibliographie et les publications, sont un titre indéniable à l'encouragement.
Vous aurez pu dans votre neuvième Congrès constater une fois de plus qu'une meilleure connaissance de la nature met à la disposition des travailleurs scientifiques et des techniciens des moyens toujours plus abondants de servir leur prochain. La loi de l'effort, imposée par Dieu à l'humanité, pour qu'elle s'élève vers lui et domine de plus en plus la matière, produit encore en ceux qui s'y conforment des fruits d'ordre spirituel et les aident à comprendre en toutes choses le plan mystérieux, mais très sage, de la divine Providence. Elle leur permet de mieux voir l'étroite solidarité, qui unit tous les hommes et les fait 'dépendre les uns des autres, au point que la vie matérielle de chacun est un peu l'œuvre de tous. Puisse la conscience de cette solidarité s'étendre et s'approfondir; puisse chaque jour davantage la coordination des études, la diffusion de la documentation, la valeur professionnelle des chercheurs, le désintéressement généreux des individus et des groupes, multiplier les échanges, faire part à tous des connaissances utiles, des expériences et des ressources. Vous y aurez, Messieurs, contribué pour votre noble part, et Nous prions Dieu de vous aider à y contribuer toujours davantage. Et dans cette intention, Nous vous donnons de grand cœur, à vous-mêmes et à vos familles, Notre Bénédiction Apostolique.
* Discours et Messages-radio de S.S. Pie XII, XIV,
Quatorzième année de Pontificat, 2 mars 1952 - 1er mars 1953, pp. 169-170
Typographie Polyglotte Vaticane
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