DISCOURS
Jeudi 27 août 1953
Après avoir reçu, voici quelques années, les petits mutilés italiens, Nous avons la douce consolation, chers fils, d'accueillir aujourd'hui dans la maison du Père commun votre groupe provenant de six nations ; et Nous ressentons une profonde émotion à retrouver dans vos yeux les reflets de votre jeunesse et dans vos membres les flétrissures de la Guerre.
Mais cette grande pitié, qui fait de chacun de vous un être doublement sacré et comme un sacrifice vivant de l'humanité innocente pour l'humanité coupable, ne laisse pas de mêler à la tristesse pour vos souffrances la ferme confiance d'un bien qui vous est réservé dans la vie, grâce à votre foi dans la bonté de Dieu et à la connaissance cordiale de Notre Seigneur Jésus Christ, la grande victime de la douleur du monde.
Le bien auquel Nous voulons faire allusion, appartient au monde de la Foi et de la Grâce, qui a le secret de changer le mal en bien et fait de la souffrance un moyen d'élévation à une plus haute vie.
Si la condition d'infériorité où la calamité de la Guerre vous a réduits est un mal, un horrible mal, et si la douleur qui s'en suit est un ennemi, depuis que Jésus est venu et a souffert pour les crimes du monde, ce mal apparaît comme l'expiation des péchés de tous, et cette douleur, pour qui sait l'accepter, prend la valeur d'une initiation à la vie supérieure; elle devient un ressort de notre progrès moral et le plus parfait stimulant de l'amour pour Dieu notre Père.
En outre, quand on aime Jésus Christ le rendement de la vie n'a pas de limites. Enfin — et ceci doit être pour vous un vrai motif de joie — votre souffrance, unie aux souffrances de Notre Seigneur, vous amènera à un plus grand amour de Lui, et à une tendre et forte charité envers tous vos frères. C'est assez — n'est-ce pas, chers fils ? — pour vous consoler de votre malheur et pour répandre dans votre cœur la tranquillité et la paix pendant que vos charitables maîtres, instituteurs et hommes de la science se dévouent à l'œuvre de votre rééducation.
Nous leur disons à tous — et de tout cœur — Notre reconnaissante admiration. Nous implorons sur eux et sur vous la divine assistance. Et Nous prions Dieu de vous combler tous des faveurs du Ciel, dont Nous espérons que la Bénédiction apostolique vous sera un gage assuré.
* Discours et Messages-radio de S.S. Pie XII, XV,
Quinzième année de pontificat, 2 mars 1953 - 1er mars 1954, pp. 245-246
Typographie Polyglotte Vaticane.
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