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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX MEMBRES DE LA SECTION FÉMININE
DU COMITÉ INTERNATIONAL POUR L'UNITÉ
ET L'UNIVERSALITÉ DE LA CULTURE
*

Salle du Consistoire - Jeudi 26 janvier 1956

 

Il Nous est agréable d'accueillir le groupe d'élite que constitue la section féminine du Comité International pour l'Unité et l'Universalité de la Culture. C'est une initiative fort louable que de vouloir associer à vos devoirs de représentation l'étude des problèmes de la culture, de la morale, de la jeunesse, de l'éducation, que votre position et vos relations vous permettent d'aborder sous des points de vue variés et du plus grand intérêt. L'organisation de réunions régulières d'information et de discussion sur ces questions, que l'évolution accélérée de la civilisation contemporaine renouvelle sans cesse, vous mettra à même d'enrichir votre expérience personnelle, d'y faire participer autrui et d'exercer ainsi une influence plus marquée dans les milieux avec lesquels vous entrez en rapport.

Nul doute que le désir d'affirmer et de défendre les valeurs spirituelles, de développer et d'approfondir la connaissance et la compréhension réciproque des différentes nations, ne vous amène à découvrir des ressources insoupçonnées, mais aussi des souffrances et des misères, près desquelles vous risquiez de passer sans leur accorder toute l'attention qu'elles méritent. De là naîtront, Nous en sommes sûrs, de fructueuses activités au service du monde féminin, un apostolat discret, mais très efficace pour préparer un monde plus fraternel et plus humain. Aussi voulons-Nous encourager les débuts de votre comité. Nous le sentons plein de générosité et de vues élevées, convaincu des devoirs de charité, que vous impose la situation privilégiée qui est la vôtre dans la société nationale et internationale. Qu'il Nous soit permis d'évoquer ici les paroles mêmes du divin Maître : « On n'allume pas un flambeau pour le mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, afin qu'il éclaire tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5, 15). Tout moyen naturel de rayonnement social crée une obligation morale: vous en avez pris conscience et vous avez raison de faire face à vos responsabilités.

C'est un signe consolant, en cet âge de triomphe pour la science, qui étend au delà de toute limite prévisible la puissance de l'activité humaine, que de voir se former des groupes d'étude comme le vôtre, orientés non vers une expansion des conquêtes techniques, mais vers un approfondissement intérieur, une recherche nullement utilitaire, mais désintéressée et bienfaisante. Et sans doute convenait-il spécialement à un comité féminin de se tourner résolument dans cette direction. La vocation naturelle de la femme, épouse et mère, gardienne du foyer et de son intimité, l'invite à réfléchir sur tout ce qui concerne la destinée des personnes, leur vie profonde, leurs aspirations fondamentales, qui restent sous-jacentes à toute attitude concrète, à toute décision pratique, et commandent leurs comportements. C'est en ce domaine que la femme agit avec le plus d'efficacité et de bonheur, et c'est par là d'abord qu'elle doit tenter d'influencer de manière durable le développement d'une personne, d'une famille, et de tout un milieu culturel.

Or on assiste maintenant au drame d'une civilisation matérialiste qui, non contente de vouloir s'emparer du contrôle absolu des forces de la nature, transpose cette ambition au monde humain, dans lequel elle pénètre tantôt insidieusement et sans bruit, tantôt par la violence : elle prétend enfermer l'homme lui-même dans un déterminisme sans faille, anéantir toute vraie liberté, enserrer les intelligences et les cœurs dans une servitude impitoyable. S'il est indispensable pour conjurer le péril de mettre en alerte toutes les forces vives de la société, qui peut se rendre compte mieux que vous des ravages déjà causés dans les âmes et apporter les remèdes les plus appropriés à la nature même du mal, c'est-à-dire un renouveau d'énergies morales et spirituelles ?

Mais il est essentiel à cette fin, que vous n'ayez point vous-mêmes perdu le contact avec les sources de vérité et de force, que vous ayez préservé votre âme de toute insensibilité, de tout durcissement ou aveuglement, fruit de l'égoïsme individuel ou collectif. Le souci d'information large, qui vous inspire, exige aussi que vous opériez, en présence des faits rencontrés, un discernement nécessaire du bien et du mal. Où trouverez-vous la règle, qui vous permettra de juger avec sécurité, de redresser les idées fausses, d'apporter les correctifs indispensables et de donner les vraies solutions aux problèmes infiniment délicats qui touchent au rôle de la femme, à l'éducation, à ses fonctions de mère et d'éducatrice, à l'action qu'elle exerce au foyer et dans son milieu ? Nous croyons que seul un Maître divin, un Esprit vivant et générateur de vie de lumière et de ferveur, peut être votre guide. Mais il ne se manifeste qu'à ceux dont l'esprit reste ouvert dans l'humble attente, la docilité empressée, la promptitude à répondre à ses inspirations.

Et comment ne pas évoquer ici la douce image de la Vierge Marie ? Si elle mérita de donner au monde le Sauveur, n'est-ce pas parce qu'elle fut toujours depuis le premier instant, de son existence, — et en particulier à l'heure de son consentement explicite aux desseins de Dieu sur elle — remplie de n'est-ce Saint, accueillant sans hésiter les intentions divines à son égard et y répondant sans réserve ? Que la Mère de Dieu daigne attirer et vous diriger par son exemple ! Qu'elle guide vos efforts si nobles pour restaurer, chez les hommes d'aujourd'hui, la pleine intégrité morale et religieuse, le sens des vraies valeurs et la volonté de les respecter et de les promouvoir. vous

Nous appelons sur votre programme, sur les animatrices de et votre comité, sur vos personnes vos familles et tons ceux celles qui vous sont chers, une large effusion de la grâce divine, en gage de laquelle Nous vous accordons paternellement et de grand cœur Notre Bénédiction apostolique.


* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XVII,
 Dix-septième année de Pontificat, 2 mars 1955 - 1er mars 1956, pp. 499-501
 Typographie Polyglotte Vaticane

 



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