DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX PARTICIPANTS AU XIVe CONGRÈS INTERNATIONAL
DU LAIT ET DE SES DÉRIVÉS*
Castel Gandolfo - Samedi 28 septembre 1956
Le XIVe Congrès International du Lait et de ses Dérivés, qui vous a réunis à Rome, Messieurs, présente une importance particulière par le nombre élevé des nations représentées et des personnalités qui l'honorent de leur patronage ou de leur présence. Aussi sommes-Nous heureux d'accueillir l'hommage de votre visite et de vous dire l'intérêt, avec lequel Nous avons pris connaissance des manifestations et des travaux de votre Congrès : expositions, concours et conférences illustrent un programme fort vaste et procureront, Nous en sommes persuadé, un sérieux progrès dans le développement de la production du lait et de ses dérivés.
La variété même et l'ampleur des relations, qui Nous ont été aimablement transmises, laissent penser qu'aucun effort n'a été négligé en vue d'éclairer dans les derniers détails toutes les données des problèmes, et d'assurer une amélioration simultanée de la quantité et de la qualité des produits, qui forment la matière de votre industrie. L'objectivité des données scientifiques et les résultats de l'expérience ont posé les problèmes techniques et économiques dans leur minutieuse complexité. Le lait constitue en effet une matière première précieuse et délicate entre toutes ; par son origine organique, il possède une composition à la fois riche et fragile, qui requiert, si l'on veut respecter son intégrité biologique, des connaissances multiples, une vigilance attentive et de grandes précautions. S'il constitue normalement une nourriture incomparable pour les enfants et même pour les adultes, il peut aussi transmettre des germes nocifs, et c'est une grave responsabilité sociale, sanctionnée par la loi des divers pays, que de livrer au public un produit sain, dans les limites où l'industrie humaine peut en assurer à la fois la fraîcheur et l'innocuité.
Pour qu'on obtienne ce résultat, le lait demande d'abord à être recueilli dans les meilleures conditions d'hygiène. Sans parler ici de la santé des animaux qui le produisent, les diverses opérations que nécessite sa récolte et son transport exigent des soins précis. La propreté parfaite de toutes les parois, avec lesquelles il entre en contact, constitue un problème essentiel et compliqué, car il arrive, par exemple, que de simples traces des produits de nettoyage en détériorent les éléments.
Les divers traitements nécessités par sa conservation varient selon qu'il est destiné à la consommation immédiate ou doit constituer des réserves utilisables en toutes circonstances ; mais, si l'on n'y prend garde, il peut arriver que tous ces procédés altèrent la structure physico-chimique de certains constituants du lait, et réduisent plus ou moins les qualité nutritives, qui font sa richesse alimentaire incomparable. Au total cependant, les méthodes de conservation, par évaporation, concentration ou dessication, représentent un gros avantage. Elles ont permis et permettent chaque jour de faire parvenir à de vastes régions du monde, où la production demeure insuffisante, l'essentiel des éléments nutritifs contenus dans le lait, pour le plus grand bien d'innombrables enfants.
Il conviendrait maintenant de faire quelques allusions aux dérivés du lait, spécialement aux beurres et fromages, inappréciables éléments de l'alimentation humaine, et aux nombreux problème techniques de leur fabrication et de leur commerce. Plus que le lait, ces dérivés se distinguent par des qualités individuelles et constituent des objets d'échanges internationaux fort recherchés. C'est pourquoi Nous souhaitons que des conventions de plus en plus universelles contribuent à en garantir les privilèges et le transport à travers le monde.
Une heureuse initiative, qui assure déjà les meilleurs résultats et promet de se répandre toujours davantage, la distribution rationnelle du lait dans les écoles, mérite une mention la fois pour les avantages qu'elle procure aux industries laitières, qui trouvent là une excellente propagande, et pour la santé universelle qui peut en retirer de grands bienfaits. Un examen méthodique a permis en effet de constater que cette mesure procurait chez les enfants des accroissements considérables de poids, de taille, d'ardeur et de gaieté. Dans la mesure où ces faits seront reconnus et encouragés par les secours efficaces des pouvoirs publics, on se réjouit de voir son usage s'étendre à des zones de plus en plus larges, jusqu'à faire profiter tous les peuples et toutes les générations de ce don de Dieu pour la santé des corps. Il en résultera normalement un surcroît de forces pour le bien, et les familles, éclairées par l'expérience, accorderont à cet aliment de choix la place d'honneur, qui lui revient dans le régime diététique de l'humanité.
Est-il besoin, pour finir, de rappeler que les Livres Saints de l'Ancien Testament, divin patrimoine d'un peuple de pasteurs, ont symbolisé dans le lait les bénédictions temporelles du Créateur : une vingtaine de fois les auteurs sacrés donnent à la Terre promise le nom de pays, où coulent le lait et le miel. Et dans le Nouveau, l'Apôtre saint Pierre lui-même conseille à ses fidèles de solliciter de Dieu avec la simplicité des enfants le lait de la bonne doctrine : « Portez-vous avec ardeur, tels des enfants nouveaux-nés, vers le pur lait spirituel, qui vous fera croître pour le salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Petr., 2, 2-3). Tant il est vrai que ce monde matériel, dans lequel la Providence de Dieu a placé la famille humaine, n'est pas seulement un décor, si beau soit-il, ni un entrepôt de ressources matérielles pour la vie du corps, mais une véritable parabole, dont les divers éléments parlent de réalités supérieures aux cœurs purs et aux esprits bien disposés. Votre travail vous met en mesure de rendre à vos contemporains un service apprécié. Puissiez-vous aussi, au milieu de vos activités professionnelles, poursuivre un idéal encore plus élevé : celui de posséder vous-mêmes une vie morale et spirituelle toujours plus haute et plus fervente, qui s'alimente aux sources de vie que le Divin Sauveur a confiées à son Église et qui produise des fruits abondants de générosité, de compréhension, de charité.
Puissent ces brèves considérations constituer pour vous tous, Messieurs, le point de départ de réflexions salutaires et vous Permettre d'emporter de Rome, non seulement le bénéfice des travaux accomplis durant ce Congrès, mais aussi le souvenir d'un bienfait spirituel, que Nous demandons instamment au Maître des lumières de vous concéder dans sa bonté. C'est dans cette intention que Nous vous accordons à tous ici présents, à vos familles et à vos amis. Notre paternelle Bénédiction apostolique.
* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XVIII,
Dix-huitième année de Pontificat, 2 mars 1956 - 1er mars 1957, pp. 497-499
Typographie Polyglotte Vaticane
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