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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX CHEMINOTS CATHOLIQUES DE FRANCE
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 Mardi 17 septembre 1957

 

Nous saluons avec beaucoup d'affection plusieurs centaines des Cheminots Catholiques de France, accompagnés de membres de leurs familles.

L'Union Catholique du Personnel des Chemins de Fer Français ne Nous est pas inconnue, car Nous avons eu déjà l'occasion de recevoir ses membres et de leur dire Notre estime pour la ferveur de leur vie spirituelle et de leur apostolat (Discorsi e Radiomessaggi vol. X p. 55-65 - 12 avril 1948).

Vous êtes venus encore une fois, chers fils et chères filles, prier aux tombeaux des Apôtres et vénérer de façon particulière saint Pie X, qui vit naître votre Union, la sanctionna de sa haute autorité et la bénit. Nous vous félicitons de ce geste de foi, si conforme à la belle devise qui vous rassemble : « Fidem servavi » « J'ai gardé la foi » (2 Tm 4, 7). Oui, chers fils et chères filles, gardez-la, fortifiez-la, montrez-la fièrement, cette foi chrétienne, précieux héritage de vos ancêtres ; qu'elle demeure toujours pour vous le grand trésor à transmettre intact à vos enfants. Par cette foi de votre baptême et de votre première communion, vous appartenez à l'immense famille catholique, qui honore Dieu à travers les, siècles, depuis les grands témoins des premières persécutions, saint Pierre et saint Paul, saint Laurent et sainte Agnès, qui ont versé leur sang ici à Rome, jusqu'aux fidèles inconnus, qui souffrent aujourd'hui dans les prisons et les camps de travail, parce qu'ils ne veulent pas renier leur attachement à l'Eglise de Jésus-Christ et à son Chef visible.

Cette foi, qui demande à chacun des sacrifices, qu'il faut éclairer, fortifier et défendre contre les tentations du dedans et du dehors, elle est avant tout une source de lumière et de force. Le chrétien sait de Dieu lui-même d'où il vient et où il va, il a pour chef et pour modèle le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité pour lui ; il sait le sens de la souffrance et le prix de la véritable liberté. Il s'efforce, à l'exemple de Jésus, de servir ses frères les hommes dans son travail et dans sa prière quotidienne. Il trouve dans cette pensée la paix de la conscience et la joie du cœur.

Soyez donc reconnaissants, à Dieu d'abord, qui vous l'a donnée et à tous ceux qui vous aident à garder vivante la flamme de votre christianisme et à la faire rayonner. Nous attendons de votre générosité que vous soyez partout des chrétiens exemplaires, au foyer et dans le quartier, à la paroisse et dans votre Union, au lieu de votre activité professionnelle et dans la vie civique.

L'important service public, assuré avec tant d'exactitude par votre corporation, vous aide à comprendre la responsabilité sociale du chrétien. De même que vous êtes fiers des succès et de la réputation de la Société Nationale des Chemins de Fer Français, à laquelle vous appartenez, vous devez être fiers aussi des gloires et, des conquêtes de votre Mère la Sainte Eglise, toujours féconde en saints, en apôtres, en missionnaires, toujours charitable envers les pauvres, les malades, les affligés, toujours constante et ferme dans son enseignement, une à travers les siècles et les continents. Vous devez sentir également à son égard votre responsabilité, tout comme vous sentez envers votre corporation l'obligation de vous montrer dignes de ses traditions. Il existe entre les chrétiens du monde entier une solidarité bien supérieure à tous les liens de la terre, car elle est fondée sur la communauté de la vie surnaturelle. Chacun porte et nourrit les autres comme les membres d'un même corps. Il prend sa part des fardeaux, il a souci du bien commun, il se sacrifie au besoin pour les autres. Sa foi ne reste jamais inerte, mais s'épanouit constamment dans la charité. Ainsi ferez-vous dans l'exercice de votre vie professionnelle et chrétienne. Il n'y a en effet aucune cloison entre les activités du chrétien : c'est la même foi et le même amour de Dieu, qui lui font remplir ses devoirs sociaux de travailleur et ses devoirs religieux de croyant. L'uniforme de service ou le costume d'atelier n'en font pas un homme différent du fidèle, qui se rend à l'église en vêtements de ville, ou qui prie à genoux avec ses enfants à la maison. Partout il honore Dieu, partout il porte au cœur la pensée de ses frères les hommes. Il ne prie pas pour lui seul, il ne travaille pas pour lui seul, car l'égoïsme est aux antipodes du christianisme. Conscient d'être toujours de service, le chrétien, même dans ses loisirs, a toujours le souci de l'action apostolique. Aussi est-il prêt en toute occasion à parler et à agir en chrétien, à manifester ses convictions religieuses, aussi bien que sa conscience professionnelle, pour que se réalise davantage, en lui et par lui, la demande qu'il formule chaque jour dans le Pater : « Que votre Règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

Travaillez donc de grand cœur, chers fils et chères filles, à être indissolublement d'excellents cheminots et d'excellents chrétiens. C'est ainsi que vous ferez rayonner votre foi et que vous servirez le Christ et son Eglise. Nous savons que vous avez une dévotion ancienne et particulière au Sacré-Cœur de Jésus, et c'est pour Nous un grand motif d'espérance, car il a promis d'assister et de bénir les fidèles, qui auraient recours à sa protection dans leurs entreprises et dans leurs prières. Aussi voulons-Nous lui confier vos intérêts, lui recommander la prospérité de votre Union et la fécondité de son action apostolique. Qu'il garde vos foyers, qu'il vous aide dans votre tâche d'éducateurs, dans vos fonctions professionnelles ou charitables, qu'il répande ses grâces abondamment sur vous-mêmes, sur tous ceux qui n'ont pu venir, et sur ceux enfin que vous désirez présenter en ce moment à Notre paternelle Bénédiction apostolique.


* Discours et messages-radio de S. S. Pie XII, XIX,
 Dix-neuvième année de Pontificat, 2 mars 1957 - 1er mars 1958, pp. 409-411
 Typographie Polyglotte Vaticane

 



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