DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX PARTICIPANTS AU XIVe CONGRÈS INTERNATIONAL
DE L'UNION MONDIALE
DES ORGANISATIONS FÉMININES CATHOLIQUES*
Salle des Suisses, Castel Gandolfo
Dimanche 29 septembre 1957
Poussés par le désir d'offrir au Père Commun, en hommage de respect et d'affectueuse dévotion, le fruit de cinq ans d'apostolat et de généreux dévouement au service de l'Église, vous vous pressez autour de Nous, chères filles de l'« Union Mondiale des Organisations féminines catholiques », et Nous sommes profondément touché de ce témoignage d'attachement filial. En vous disant Notre joie et Notre satisfaction, Nous félicitons à travers vous les trente-six millions de femmes catholiques inscrites dans les organisations nationales, qui font partie de votre Union, et que vous représentez ici.
Nous nous plaisons d'abord à souligner l'importance de votre association et l'ampleur de l'influence qu'elle a su acquérir, puisque vous avez maintenant statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations-Unies, de l'UNESCO, de la FAO, de l'OIT, de l'UNICEF, du Conseil de l'Europe et de l'Organisation des Etats Américains. Il vous est possible, de la sorte, de faire connaître dans les secteurs d'opinion les plus différents la pensée de l'Église sur le développement de la personnalité de la femme et sur sa mission dans le monde moderne.
LE PROBLÈME DE LA « PROMOTION DE LA FEMME »
Ce problème que l'on désigne d'habitude sous la formule : « Promotion de la femme », n'est-il pas en effet au premier plan des préoccupations de nombreuses associations féminines internationales de tendances diverses, protestantes, neutres, ou marxistes, comme aussi des organisations internationales officielles ? Or la société contemporaine subit, en particulier dans les pays de formation récente, de profonds bouleversements; une multitude de problèmes nouveaux se posent que vous désirez aborder avec le maximum de sécurité dans un esprit de pleine fidélité à la doctrine chrétienne. Vous voulez être sûres d'interpréter par votre action la volonté de l'Église, qui vous fait confiance et attend de vos efforts la rénovation chrétienne d'une civilisation entachée de laïcisme, de marxisme ou désorientée par des mouvements religieux aberrants.
C'est pourquoi vous Nous priez de vous donner des directives qui éclaireront votre conduite et vous stimuleront au travail. Vous pouvez et vous devez faire vôtre, sans restrictions, le programme de promotion de la femme, qui soulève d'un immense espoir la foule innombrable de vos sœurs encore soumises à des coutumes dégradantes, ou victimes de la misère, de l'ignorance de leur milieu, du manque total de moyens de culture et de formation. Mais cette promotion de la femme vous la voulez conçue en termes chrétiens, dans la lumière de la foi, la perspective de la Rédemption et de votre vocation surnaturelle.
Vos enquêtes, menées en différents pays d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique, vous ont dévoilé trop clairement l'appel urgent qui monte de ces régions et qui attend une réponse vraiment compréhensive et satisfaisante, valable sur tous les plans de la vie individuelle et sociale, et surtout qui aille à la rencontre des vrais besoins spirituels. Pour vous aider dans cette lourde tâche Nous voudrions vous parler de la mission et de l'apostolat de la femme catholique sous ses trois aspects : l'apostolat de la vérité, l'apostolat de l'amour, l'apostolat de l'action.
TROIS ASPECTS DE L'APOSTOLAT DE LA FEMME CATHOLIQUE
I - L'APOSTOLAT DE LA VÉRITÉ
Trois points essentiels
Pour remettre sur le droit chemin une civilisation gravement désorientée, il faut commencer par rectifier les principes et les idées erronées qui commandent ses prises de position pratiques. D'ailleurs tout apostolat bien conçu commence par la réflexion, par la considération intellectuelle des vérités de base, sur lesquelles s'appuient toutes les démarches ultérieures. Nous nous limiterons ici à trois points essentiels, qui doivent former vos convictions personnelles et diriger vos interventions apostoliques, à savoir : la relation de la femme à Dieu, son appartenance au Christ, sa dépendance envers l'Église.
Relation de la femme à Dieu
La vérité la plus méconnue des hommes d'aujourd'hui, au moins dans leurs attitudes courantes, et cependant la plus fondamentale pour vous, est la relation de la femme à Dieu. La femme vient de Dieu ; elle lui doit son existence, les caractéristiques de son être, de sa tâche terrestre, et la destinée éternelle qui couronnera l'accomplissement fidèle de sa mission. Cette vérité, que déjà la raison fait connaître, acquiert dans la lumière de la foi sa pleine signification et une certitude absolue, qui vous prêtera un appui indispensable, lorsque vous serez exposées au flux et reflux des idées, que le roman, le cinéma, le théâtre, diffusent sans cesse dans les masses et qui leur donnent de la femme une conception profondément viciée.
Vous connaissez suffisamment l'enseignement de la foi catholique sur l'origine de l'homme et de la femme, pour qu'il soit inutile de l'exposer en détail. Dieu les créa tous deux, à son image et à sa ressemblance, c'est-à-dire comme des êtres intelligents et libres, capables de le connaître, de l'aimer, capables aussi de se perpétuer, de dominer la création et de l'utiliser pour leur bien propre et pour son service. Cette origine divine de la créature humaine ne s'impose pas seulement comme un fait passé depuis des millénaires, mais comme un fait actuel, une réalité de tous les instants, car à aucun moment Dieu ne cesse de donner l'existence à chaque être humain, d'imprimer dans son intelligence le signe de sa présence, de mettre dans son cœur une attirance invincible vers le bien, vers l'absolu, vers la béatitude parfaite. Aussi le sens de la vie humaine peut-il se résumer d'un mot : « chercher Dieu », chercher celui qui incessamment appelle à lui sa créature, pour la combler toujours davantage de la plénitude de sa vie et de son amour.
Quelle attitude adopte le monde moderne à l'égard de cette vérité fondamentale de l'origine divine de l'homme et de la femme ? Vous le savez par l'expérience directe que vous avez de votre milieu et par les diverses enquêtes que les organisations féminines ont entreprises en différentes régions du monde sur la condition de la femme. L'idée de Dieu apparaît comme superflue dans un monde tombé aux mains de l'homme, au pouvoir de la science et de la technique, et d'où on a éliminé les croyances encombrantes et les superstitions. Cette atmosphère d'athéisme combattif ou latent menace plus gravement la femme que l'homme, tant dans sa vie personnelle que dans son rôle social: car, Nous le soulignerons encore plus loin, par ses dispositions innée et la fonction à laquelle sa nature la destine, la femme est davantage en harmonie avec les réalités spirituelles. Elle les perçoit plus aisément, elle en vit plus consciemment, elle les interprète et les rend sensibles aux autres, en particulier à ceux dont elle a la charge comme épouse et comme mère. Sa dignité personnelle, le respect qu'on lui doit, sont motivés d'abord par la sauvegarde de cette mission spirituelle et donc, en dernière analyse, par sa proximité de Dieu. Le respect de la femme et la reconnaissance de son rôle véritable sont étroitement liés aux conceptions religieuses du groupe social, auquel elle appartient.
Vous voyez ainsi quel sera le premier objectif de votre apostolat au service de la vérité : restaurer dans toute son intégrité la foi en Dieu, parce que Dieu est la source de votre être et la fin dernière que vous poursuivez, et parce que le relèvement de la condition de la femme suppose comme première étape l'affermissement du principe qui l'assure.
Non seulement Dieu a donné à la femme d'exister, mais la personnalité féminine dans sa structure physique et psychique répond à un dessein particulier du Créateur. L'homme et la femme sont les images de Dieu et, selon leur mode propre, des personnes égales en dignité et possédant les mêmes droits, sans qu'on puisse soutenir en aucune manière que la femme soit inférieure. Elle est appelée en effet à collaborer avec l'homme à la propagation et au développement de la race humaine et assume en cela le rôle délicat et sublime de la maternité : celle-ci comporte des joies et des peines d'une intensité peu communes, parce qu'elle implique l'immense responsabilité de mettre l'enfant au monde, de le protéger, de le nourrir, de veiller à sa croissance, à son éducation première, de le suivre avec sollicitude pendant la période difficile de l'adolescence et de le préparer ainsi à ses responsabilités d'adulte. Aussi Dieu a-t-il dispensé à la femme des dons inestimables, qui lui permettent de transmettre non seulement la vie physique, mais aussi les dispositions les plus intimes de l'âme et les qualités d'ordre spirituel et moral, qui déterminent le caractère. Les études modernes de psychologie mettent assez en évidence la complexité et l'originalité de la nature féminine, pour qu'il ne soit pas nécessaire de Nous y attarder. Remarquons encore que ces mêmes qualités se déploient aussi avec bonheur dans tous les autres domaines de la vie sociale et culturelle. Elles en constituent même un apport indispensable, et les civilisations, qui les méconnaissent ou écartent leur influence, subissent inéluctablement des déformations plus ou moins graves, qui entravent leur épanouissement et les condamnent tôt ou tard à la stérilité et au déclin.
Si la femme exprime communément le don d'elle-même dans le mariage et par la maternité, elle peut aussi répondre aux intentions divines d'une manière plus directe et faire fructifier ses richesses spirituelles par la virginité consacrée qui, loin d'être un repliement sur soi ou un recul en face des tâches de l'existence, répond au désir d'un don plus total, plus pur, plus généreux. En pays chrétien, comme en terre de mission, la femme qui renonce au mariage pour s'adonner sans obstacles au soulagement des malades et des malheureux, à l'éducation des enfants, à l'amélioration du sort des familles, manifeste ainsi aux esprits non prévenus la présence et l'action divines. Elle s'acquitte par là de sa vocation propre avec la plus haute fidélité et le maximum d'efficacité.
Vous comprenez aisément, chères filles, les conséquences qui découlent pour votre apostolat des principes et des faits, que Nous venons de rappeler. En vous proposant de travailler de toutes vos forces au relèvement de la femme, à l'expansion de son influence dans la vie sociale, vous vous engagez aussi à ne développer ses dons que dans une perspective chrétienne, seule capable de leur conférer leur vraie et pleine valeur. Quel progrès merveilleux sur tous les continents, quelle élévation radicale du niveau social et culturel des peuples, si toutes les femmes prenaient conscience de l'emprise de Dieu sur leur personne et consacraient leur influence à le faire connaître et aimer !
Appartenance de la femme au Christ
La seconde vérité, que Nous voudrions souligner comme l'une des bases de l'apostolat de la femme catholique, est celle de son appartenance au Christ. Ce fait est clairement exprimé dans l'Ecriture en maints endroits. Il découle d'ailleurs de la nature même de l'œuvre de la Rédemption. Comment pourrez-vous sauver les autres, si vous ne leur portez pas le Christ ? Et comment pourrez-vous le leur porter, si vous ne le possédez pas vous-mêmes ? « Tout est à vous », dit l'Apôtre des Nations, « mais vous, vous êtes au Christ » (1 Co 3, 23). Telle est la conviction profonde, qui pénètre toute âme chrétienne, gouverne sa vie, dirige son apostolat. Vous transmettez aux autres la vérité et la grâce du Christ ; l'Evangile, les sacrements, la liturgie, les promesses de la résurrection et de la vie éternelle, s'adressent à vous dans toute leur plénitude, et s'il ne paraît pas indispensable de démontrer une telle vérité dans les pays chrétiens, il faut qu'elle apparaisse avec éclat dans les pays d'Asie et d'Afrique, partout où les cultes païens maintiennent encore vivaces des conceptions de la femme, qui la diminuent ou la relèguent à un plan inférieur. Il suffit d'ailleurs de lire l'Evangile et l'histoire de l'Église, pour se rendre compte aussitôt qu'aucune forme d'héroïsme et de sainteté n'est inaccessible aux femmes et que, dans tous les champs d'apostolat, elles ont occupé et occupent des charges multiples et irremplaçables.
L'appartenance de la femme au Christ prend dans le mariage un relief spécial, que l'Apôtre saint Paul a vigoureusement fait ressortir. Il écrit en effet aux Ephésiens : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l'Église et s'est livré lui-même pour elle » (Eph. 5, 2 5). « Que les femmes soient soumises à leurs maris, comme au Seigneur... De même que l'Église est soumise au Christ, que les femmes le soient aussi en tout à leur mari » (ibid. 5, 22, 24). En élevant à la dignité de sacrement le mariage des baptisés, le Christ conférait aux époux une dignité incomparable et assignait une fonction rédemptrice à leur union. Quand il affirme que les femmes doivent être soumises à leur mari comme l'Église au Christ, saint Paul établit entre les époux une différence bien nette, mais, par là même, il illustre la force, qui les associe l'un à l'autre et maintient l'indissolubilité du lien qui les unit. Les Etats modernes et les peuples jeunes, qui, depuis la dernière guerre, sont arrivés à l'indépendance ou y aspirent, tendent de plus en plus, dans leur législation et, leurs mœurs, à mettre sur un pied d'égalité l'homme et la femme dans la famille, comme sur le plan social, politique, professionnel. Cette évolution présente des aspects légitimes, et d'autres qui le sont moins, surtout quand elle s'inspire de principes matérialistes; Nous ne voulons pas ici discuter cette question trop vaste, mais seulement vous rappeler que votre apostolat doit maintenir fermement la conception chrétienne de l'épouse et du rôle de la femme dans la famille. Cette conception seule inspire, entre les conjoints, le vrai respect, l'estime mutuelle, le dévouement sans réserves, la fidélité totale et, par dessus tout, l'amour prêt à tous les sacrifices et à tous les pardons.
L'union du Christ et de la femme a trouvé son plus grand éclat et son parfait accomplissement dans la Vierge Marie. « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1, 14). C'est par la Vierge Marie que Dieu a pris la nature humaine et qu'il s'est inséré dans la race des fils d'Adam. La dignité de Mère de Dieu a appelé sur Marie des grâces insignes et d'extraordinaires privilèges, la préservation du péché originel et de toute faute personnelle, la splendeur des vertus et des dons de l'Esprit-Saint, la participation intime à tous les mystères de la vie du Christ, à ses souffrances, à sa mort et à sa résurrection, à la continuation de son œuvre dans l'Église et à sa Royauté sur toutes les créatures : tout cela lui fut donné parce qu'elle était Mère de Dieu et parce qu'ainsi elle avait à remplir un rôle unique clans la Rédemption du monde.
Quelles sont les conséquences de tout cela pour vous-mêmes et pour votre apostolat ? Tout d'abord, vous devez en concevoir la fierté de votre sexe. C'est d'une femme que la puissance du Très-Haut a couverte de son ombre, que la deuxième personne de la Trinité prit sa chair et son sang, sans la collaboration de l'homme. Si la vie révèle jusqu'à quelles profondeurs du vice et de l'abjection la femme descend parfois, Marie montre jusqu'où la femme peut monter, dans le Christ et par le Christ, jusqu'à s'élever au dessus de toutes les créatures. Quelle civilisation, quelle religion a jamais poussé l'idéal féminin à de telles hauteurs, l'a exalté jusqu'à cette perfection ? L'humanisme moderne, le laïcisme, la propagande marxiste, les cultes non chrétiens les plus évolués et les plus répandus, n'offrent rien qui puisse même être comparé à cette vision, à la fois si glorieuse et si humble, si transcendante et pourtant si aisément accessible !
Nous voulions vous esquisser l'idéal de la femme tel que la foi vous le présente : vous le trouvez en Marie et il s'explique par l'intimité des liens qui la rattachent au Christ. Dans la conduite de votre vie personnelle, dans tout votre apostolat ne perdez jamais de vue cet exemple : qu'il inspire vos paroles, vos attitudes, vos démarches, quand vous vous emploierez à mettre en lumière la dignité de la femme et la noblesse de sa mission.
Il ne suffit pas cependant de connaître Marie et ses grandeurs, il faut aussi s'approcher d'elle et vivre dans le rayonnement de sa présence. Qu'une femme catholique engagée dans l'apostolat n'entretienne pas une dévotion fervente à la Mère de Dieu, ce serait presque une contradiction. La dévotion mariale favorisera en vous une meilleure compréhension du Christ et une union plus intense à ses mystères. Vous recevrez, pour ainsi dire, le Christ des bras de sa Mère et elle vous apprendra à l'aimer et à l'imiter. Priez-la, pour qu'elle vous donne la force de le suivre jusqu'au bout dans la foi et l'amour ardent ! Priez-la, pour qu'elle vous aide à conduire les femmes d'aujourd'hui sur le chemin qui mène à lui !
Dépendance de la femme envers l'Église
Dès qu'elle s'engage dans une tâche apostolique, la femme catholique se trouve prise aussitôt dans un fourmillement d'idées, d'opinions, de tendances, de systèmes, qui la sollicitent de toute part. Il importe donc qu'elle sache s'orienter avec facilité suivant les circonstances et, pour cela, qu'elle possède des normes sûres, lui permettant de se tracer une ligne de conduite, ainsi que la force morale indispensable pour y rester fidèle et pour déceler et redresser les erreurs éventuelles. Où trouvera-t-elle cette règle ferme de pensée et d'action, sinon au sein de la communauté chrétienne, dans l'Église catholique ?
Par la volonté de son divin Fondateur, l'Église est dépositaire de la Révélation surnaturelle, elle en est la gardienne et l'unique interprète autorisée. Le magistère qu'elle exerce à l'égard du dépôt sacré suppose le pouvoir de juger de toute vérité, puisque la destinée éternelle de l'homme est unique et que rien dans sa vie n'échappe à cette finalité. Les réalités culturelles, politiques, sociales et morales influencent toutes l'orientation de sa conduite chargée de le conduire à Dieu et possédant les moyens infaillibles de discerner le vrai du faux, l'Église est capable apprécier la valeur exacte des principes intellectuels et moraux, ainsi que les comportements qui répondent aux exigences de la vérité dans les situations concrètes de la vie individuelle et sociale.
Dès lors dans sa conduite personnelle, comme dans son apostolat, la femme catholique doit se préoccuper de rester en contact étroit avec la source vive de lumière que le Seigneur a mise en son Église. Aussi longtemps qu'elle reste sous sa direction, qu'elle accepte son enseignement, et observe ses directives, elle jouit d'une sécurité infiniment précieuse, qui confère à toutes ses entreprises une autorité et une stabilité empruntées à celles de l'Église même.
D'aucuns ont voulu limiter l'objet de la compétence du magistère ecclésiastique au domaine des principes, et en exclure celui des faits, de la vie concrète. On prétend que celui-ci relève du laïc, que le laïc se trouve là sur son terrain propre, où il déploie une compétence qui manque à l'autorité ecclésiastique. Qu'il Nous suffise de répéter ici que cette affirmation est insoutenable: dans la mesure où il s'agit non de constater simplement l'existence d'un fait matériel, mais d'apprécier les implications religieuses et morales qu'il comporte, la destinée surnaturelle de l'homme est en jeu, et par conséquent la responsabilité de l'Église est engagée. Elle peut et elle doit, en vertu de sa mission divine et des garanties reçues à cet effet, préciser la mesure de vérité et d'erreur, que contient telle ou telle ligne de conduite, telle ou telle manière d'agir.
Bien que l'Église refuse de voir limiter indûment le champ de son autorité, elle ne supprime ni ne diminue de ce fait la liberté et l'initiative de ses enfants. La hiérarchie ecclésiastique n'est pas toute l'Église, et elle n'exerce pas son pouvoir de l'extérieur à la manière d'un pouvoir civil, par exemple, qui traite avec ses subordonnés sur le seul plan juridique. Vous êtes des membres du Corps mystique du Christ, insérés en lui comme dans un organisme animé par un seul Esprit, vivant d'une seule et même vie. L'union des membres avec la tête n'implique nullement qu'ils abdiquent leur autonomie ou qu'ils renoncent à exercer leurs fonctions. Bien au contraire, c'est de la tête qu'ils reçoivent sans cesse l'impulsion, qui leur permet d'agir avec force et précision, en parfaite coordination avec tous les autres membres, pour le profit du corps entier.
Que les femmes catholiques entretiennent avec joie le sentiment d'appartenir jusqu'au plus profond de leur être au corps de l'Église, comme des personnes libres et responsables, et d'assurer pour leur part les tâches qui leur sont réservées et qui contribuent à sa croissance et à son expansion !
II — L'APOSTOLAT DE L'AMOUR
L'apostolat de la vérité, dont Nous venons de vous tracer quelques directives, resterait en grande partie inefficace, s'il ne se prolongeait dans celui de l'amour et celui de l'action. Ces deux apostolats ne constituent en fait que deux aspects d'une même réalité, car l'amour authentique aspire à se traduire dans les œuvres, tandis que les actes en apparence les plus héroïques restent dépourvus de valeur, s'ils ne sont aussi les messagers d'un amour sincère. Toutefois, comme la femme est appelée par nature à manifester davantage la présence et le rôle de l'élément affectif, il convient que Nous accordions à ce dernier une attention spéciale, et que Nous précisions quelle place il occupe dans les activités apostoliques de vos associations.
La charité inspiratrice des œuvres
Rappelons d'abord ce qu'est l'apostolat catholique et ses moyens d'action. Vous savez bien qu'il n'est pas la simple transmission d'une doctrine, d'un ensemble d'exposés dogmatiques et de règles de conduite. Pour nécessaire que soit un tel enseignement, il ne fait que poser un fondement : l'essentiel est dans la pratique de ces vérités, dans la charité vivante, inspiratrice des œuvres et requise absolument pour la plénitude de la foi. Cette charité doit évidemment remplir celui qui exerce l'apostolat ; c'est elle qu'il communique, en même temps qu'il annonce l'Evangile et même déjà avant de l'annoncer. C'est elle aussi qu'il verra naître et s'épanouir au cœur de ses protégés, comme une fleur issue de la semence qu'il a jetée. Aussi le premier gage de succès de votre apostolat sera-t-il de posséder vous-mêmes en abondance ce trésor de l'amour de Dieu qui pénètre l'amour le dilate, le divinise et le rend capable, à travers les humbles signes, d'atteindre ces régions de l'âme, où la personne libre et responsable renonce à son orgueil, à son égoïsme, ses attachements déréglés, pour s'abandonner à l'amour divin qui vient l'envahir et veut la conduire selon ses propres desseins.
Pour que votre charité atteigne ce résultat, elle devra probablement emprunter des chemins longs et parsemés d'obstacles, car n'espérez pas, sans les y avoir patiemment préparés, faire comprendre et accepter les richesses du don de Dieu par des hommes pécheurs que leurs passions aveuglent. L'économie de la Rédemption dispose les réalités humaines à recevoir et à porter le divin ; elle les accepte telles qu'elles sont dans leur misère et leur impuissance et entreprend de les modeler, de les épurer, de les corriger sans relâche, comme une mère accueille l'enfant que Dieu lui donne, l'aime, lui consacre son temps et ses forces pour qu'il devienne un jour un homme prêt à affronter la vie. Ce qui mesure généralement la grandeur de l'amour et son héroïsme c'est sa fidélité à pourvoir, jusque dans les détails minimes et avec une délicatesse infinie, à toutes les nécessités de ceux qu'il prend en charge.
Aide en faveur des populations besogneuses
Vous avez relevé vous-mêmes dans vos enquêtes que l'on attend votre aide en faveur des populations besogneuses sur les trois plans spirituel, culturel et matériel. Seule une action menée de façon simultanée à ces trois niveaux peut enrayer efficacement l'avance du matérialisme, du communisme et des sectes. Le travail d'évangélisation trahirait donc l'Evangile, s'il s'arrêtait à la simple proclamation du message chrétien et négligeait ses implications pratiques, en particulier celles que la doctrine sociale de l'Église a mises en évidence. La charité véritable vous demande d'aimer les hommes comme le Christ les a aimés, lui qui ne pouvait renvoyer chez eux ses auditeurs avant de les avoir fait manger pour qu'ils ne défaillent pas en route (cf Mc 3, 3). Mais il faut qu'on aperçoive sans équivoque que votre dévoûment est animé par l'amour de Dieu, et pas seulement par un sentiment naturel de pitié ou de sympathie. Peu importe d'ailleurs que vous réussissiez toujours à éveiller en autrui l'écho qui réponde à vos efforts de service. Vous ne travaillez pas pour mériter la reconnaissance ou l'affection qu'on vous accordera en retour. Mais que votre désintéressement soit l'indice de la pureté de vos intentions, comme le suggère l'Apôtre saint Paul dans son hymne fameux à la charité : « La charité est patiente ; la charité est bonne. La charité n'est pas envieuse, elle n'est pas infatuée ni hautaine. La charité ne fait rien de méchant, elle ne cherche pas son intérêt, elle ne s'emporte pas, elle ne tient pas compte du mal. Elle ne prend pas plaisir à l'injustice, mais elle trouve sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle endure tout » (1 Co 13, 4-7).
La charité vous aidera aussi à deviner d'instinct les besoins des autres. Elle vous fera sentir les appels du Règne de Dieu, vous montrera en quels points plus menacés votre intervention est requise. Elle vous permettra de triompher des appréhensions et de l'indolence qui s'en remet à d'autres pour le travail plus pénible ou les initiatives difficiles. Elle vous suggérera les moyens les plus adéquats pour arriver à vos fins. Le dévoûment le plus sincère ne peut en effet céder sans discernement à toutes les impulsions spontanées. Il doit accepter une règle, s'imposer des limites. On rencontre parfois des âmes très généreuses, mais incapables de modérer leur élan, d'accepter les conseils de discrétion et de prudence, de laisser aux autres la liberté d'action nécessaire, de supporter les contraintes qu'impose toute collaboration. Il n'est pas toujours aisé de se dégager d'un bien particulier, qui attire et comble la sensibilité pour se soumettre aux impératifs austères du bien général. Bref, que votre charité soit judicieuse et ordonnée. Et vous apercevez ici l'importance de ce que Nous disions tantôt au sujet de la soumission à l'Église et à ses directives : cette soumission est d'autant plus nécessaire que la nature féminine subit plus largement l'influence des facteurs affectifs.
Epanouissement de la charité
Une des conséquences normales de l'apostolat de la charité sera de la faire croître et de la purifier aussi en vous-mêmes. Parmi les conclusions du premier stage latino-américain de l'Union Mondiale des Organisations féminines catholiques, vous avez relevé qu'on trouve dans le patrimoine spirituel, familial et social de l'Amérique latine un profond sentiment religieux de base, une forte abnégation dans la vie de la femme, une évidente générosité et un désir véhément de s'épanouir. Nous sommes certain que des constatations équivalentes pourraient être faites en beaucoup d'autres régions. En général les femmes auxquelles vous vous adresserez, possèdent déjà des ressources spirituelles incontestables, mais demeurées souvent cachées et incultes à cause de leurs conditions de vie. N'allez pas à elles avec un sentiment de suffisance, comme si vous aviez tout à leur donner et rien à recevoir. Bien au contraire, la vraie charité s'efface devant la personne qu'elle aborde, elle veut recevoir d'elle le plus possible, elle met en valeur les dons d'autrui et les cultive. Ainsi trouve-t-elle à s'édifier même auprès des plus pauvres et des plus démunis. Car telle est la loi profonde de l'amour qu'il désire le bonheur de l'être aimé et son épanouissement ; son principe de croissance le pousse à se détacher de lui même : au lieu de se croire capable de satisfaire pleinement autrui par lui seul, il se persuade de son impuissance et laisse agir de plus en plus celui qui seul possède les cœurs, Dieu.
Parvenue à son épanouissement, la charité divine maintiendra aisément l'unité et l'harmonie parmi toutes les tâches et les affections, qui se partagent votre cœur, sans négliger aucun des devoirs qui vous incombent au sein de la famille et dans votre milieu social, vous trouverez encore en surabondance le temps et la possibilité de vous livrer aux activités apostoliques que requiert le service de l'Église.
III — L'APOSTOLAT DE L'ACTION
Ainsi Nous en arrivons à la troisième partie, de cette allocution : l'apostolat de l'action. Eclairées par les vérités de la foi, entraînées par l'ardeur d'un amour de Dieu brûlant et prêt à tous les sacrifices, vous allez communiquer autour de vous ces biens surnaturels et, par vos conseils, vos exemples, vos interventions, devenir pour d'autres une lumière qui guide, une force qui soutient et encourage. Ici encore, la doctrine catholique et l'expérience séculaire de l'Église vous fournissent de précieuses indications, susceptibles d'orienter votre apostolat et de lui conférer une efficacité accrue. Nous considérerons donc d'abord quelques caractères généraux de votre action, puis Nous énoncerons quelques directives pratiques.
Nécessité de l'action
Le premier point qu'il faut se rappeler, Nous semble-t-il, est celui de la nécessité de l'action, d'une action clairement conçue et voulue avec fermeté. Toute attitude d'acceptation passive des événements, de laisser-aller, toute forme de quiétisme inerte est à rejeter. Vous ne pouvez en aucune manière vous exposer aux reproches du Maître, qui morigène son serviteur, parce qu'au lieu de faire fructifier son talent, il s'est contenté de l'enfouir dans le sol (cf Mt 25, 24-25). Imitez plutôt le bon Samaritain de la parabole (cf Lc 10, 30-37), qui avait compris ses devoirs envers le prochain et que le Seigneur propose en modèle à son interlocuteur : « Va et fais de même ».
Initiative de l'action
Mais votre intention n'est pas seulement d'accorder votre aide, quand le besoin immédiat s'en présente. Vous prétendez à l'initiative de l'action, à la spontanéité du dévoûment, et vous suivez la trace du Seigneur, que rien ne forçait à venir sur terre et qui n'obéit en cela qu'au penchant de sa miséricordieuse bonté. Que vos démarches répondent constamment à l'impulsion d'une générosité inspirée par un amour entièrement désintéressé ! D'ailleurs, le Christ, avant de monter au ciel, a confié à ses Apôtres, et par eux à toute son Église, la charge d'évangéliser le monde en son nom. Chaque chrétien doit donc se persuader qu'une partie de cette charge repose sur ses épaules et que personne ne peut s'en acquitter à sa place !
Universalité de l'action
Un troisième caractère de votre action sera son universalité. Vous avez à secourir les autres dans toute la mesure de vos possibilités et des besoins qui se manifestent. Cette universalité s'exprime pour une part dans le travail de chacune d'entre vous, mais bien davantage, comme il est évident, dans votre Union considérée dans son ensemble. Lorsque trente-six millions de femmes catholiques répandues sur toute la terre s'emploient à réaliser un programme commun issu des exigences de la foi et de la vie chrétienne, leur association porte certainement l'empreinte de cette catholicité, qui marque déjà son origine même. Pourquoi en effet réunir un Congrès international, échanger les idées et les expériences conduites en différents pays pendant ces cinq dernières années, sinon précisément pour affirmer l'universalité de votre action ?
Ajoutons encore une note typique, qui distingue votre Union des autres groupements féminins internationaux. Celui de qui en définitive relèvent toutes vos entreprises, celui qui leur confère efficacité et succès, c'est Dieu lui-même, dont la Providence aux voies imprévisibles s'entoure toujours d'un halo de mystère. Si parfois les résultats ne répondent pas à votre attente, si des obstacles insurmontables arrêtent votre avance dans tel ou tel secteur, si l'on interprète mal vos intentions les plus pures, vous n'avez encore aucune raison de vous abandonner au découragement. Aucun de vos efforts n'est perdu, soyez-en sûres, car le Seigneur les voit et en tient compte, mais il a aussi ses plans. Il considère l'ensemble de son œuvre et dispose comme il l'entend ses divers éléments. Laissez-lui donc les décisions dernières, sans ralentir votre élan, ni manquer en rien à ce qu'il attend de vous. De la sorte vous éviterez aussi plus facilement que l'amertume ou l'envie ne vienne troubler la cordialité et l'harmonie de vos rapports avec d'autres qui partagent le même champ d'apostolat.
Quant à votre champ d'apostolat lui-même et au travail que vous y déployez, Nous constatons que, depuis quelques décades, il s'étend constamment dans presque tous les pays. Les causes les plus diverses comme l'industrialisation, les bouleversements sociaux, l'élévation des niveaux de vie et de culture, la création de nouvelles branches de la technique y ont contribué et continuent encore à agir. Actuellement la femme trouve place dans presque toutes les professions et institutions culturelles, sociales, politiques, ainsi que dans les organismes internationaux. Comme les autres, la femme catholique participe à ce mouvement. Elle ne pourrait ni d'ailleurs ne veut s'y soustraire ; bien au contraire, elle doit assumer ses responsabilités dans tous les domaines et faire face aux exigences d'un apostolat effectif.
Dans chacun des secteurs où elle travaille, dans la famille comme épouse et mère, dans l'éducation, dans la vie sociale, dans les organismes législatifs, administratifs, judiciaires et dans les relations internationales, elle doit suivre des normes religieuses et morales particulières sur lesquelles l'Église, et les Papes, tout spécialement, ont fourni des éclaircissements utiles. Lorsque les circonstances n'étaient pas encore suffisamment définies, ils ont d'habitude tracé les limites à ne pas franchir.
Exhortation à l'apostolat
Le Siège Apostolique ne tolère pas seulement votre action. Il vous exhorte à l'apostolat, à vous dépenser pour réaliser le grand devoir missionnaire des chrétiens, afin de rassembler toutes les brebis égarées en un seul troupeau et sous un seul Pasteur (cf Jn 10, 16). L'initiative individuelle y a sa fonction à côté d'une action d'ensemble organisée et menée par le moyen des diverses associations. Cette initiative de l'apostolat laïc se justifie parfaitement, même sans « mission » préalable explicite de la hiérarchie. La mère de famille qui s'occupe de la formation religieuse de ses enfants, la femme qui s'adonne aux services d'assistance charitable, celle qui montre une fidélité courageuse pour sauvegarder sa dignité ou le climat moral de son milieu, exercent un apostolat véritable. Spécialement dans les pays où les contacts avec la hiérarchie sont difficiles ou pratiquement impossibles, une part très large revient à l'initiative personnelle pour le maintien de la foi et de la vie catholique. Les chrétiens sur qui retombe cette charge doivent dans ce cas, avec la grâce de Dieu, prendre toutes leurs responsabilités. Il est clair toutefois qu'on ne peut, même alors, rien entreprendre qui aille contre la volonté explicite ou implicite de l'Église ou soit contraire en quelque manière aux règles de la foi, de la morale ou de la discipline ecclésiastique.
Nous sommes heureux de distinguer parmi vous les membres des jeunes associations d'Afrique et d'Asie. Elles se trouvent maintenant placées devant des tâches ardues et considérables, pour lesquelles elles ont besoin de l'aide de leurs sœurs plus expérimentées. Nous ne doutons nullement que ce Congrès ne renforce les liens de solidarité et l'assurance d'appui efficace au sein de votre Union.
En ce qui concerne l'Amérique latine, il apparaît qu'un travail pressant s'impose dans deux directions. D'abord, pour protéger contre la propagande des confessions non-catholiques une foi devenue souvent superficielle et privée du soutien d'un sacerdoce suffisamment nombreux. Vous vous proposez donc de développer les convictions religieuses personnelles et de veiller à l'approfondissement de la vie chrétienne. En second lieu, vous envisagez une action sociale étendue pour améliorer la situation gravement déficiente d'une bonne partie de la population rurale, comme aussi d'importantes fractions du prolétariat urbain. Il est urgent d'inciter les classes dirigeantes à prendre conscience des exigences de la justice sociale et de la nécessité d'un dévoûment personnel dans l'assistance charitable, mais surtout il faut entreprendre sans délai la formation d'élites populaires dans le milieu rural et urbain, pour qu'elles soient comme le levain mêlé à la pâte et qui la travaille du dedans. Ces élites sont irremplaçables dans l'œuvre du relèvement religieux et social des populations délaissées.
Nous avons souligné au début de cette allocution que l'Union Mondiale des Organisations féminines catholiques a statut consultatif auprès de plusieurs organisations internationales. Elle peut ainsi présenter et faire valoir dans les milieux neutres la pensée catholique sur le développement de la personnalité féminine et sur sa mission dans le monde moderne. Nous souhaitons que vous puissiez mettre à profit ces relations et exercer par là votre influence sur des cercles de plus en plus étendus. C'est une forme d'apostolat indirect sans doute, mais de la plus haute importance. Même si l'on n'obtient pas tous les résultats positifs que l'on souhaitait, il est possible souvent d'empêcher certaines déviations ou des orientations dangereuses.
Au terme de cet exposé, en remerciant le Seigneur de tout ce qu'il a déjà accompli par vos associations, Nous pouvons jeter un regard de confiance sur l'avenir. Certes, les menaces les plus graves ne cessent de peser sur une humanité divisée en blocs hostiles, aux prises avec la tentation envahissante d'un matérialisme impitoyable qui, tantôt sous l'aspect d'une jouissance égoïste des biens de cette terre, tantôt sous celui plus repolissant encore de l'oppression collective de peuples et de nation; entières, prétend rendre l'homme à lui-même, en l'arrachant totalement à Dieu. Vous voulez au contraire apporter aux individus, aux familles, aux sociétés, le message de Rédemption sur le plan temporel et spirituel à la fois, par une action concertée de toutes les femmes catholiques qui, grâce à votre Union, prennent maintenant davantage conscience de leur mission commune, de l'effort qui les appelle solidairement, comme membres vivant d'une même Église, à faire pénétrer partout le règne du Christ Le triomphe définitif de la foi chrétienne peut vous apparaître encore lointain, mais vous savez qu'il faut apporter une à une les pierres de la cité sainte, qui rassemblera un jour tous les enfants du Père dans la joie et l'amour. Lentement, mais sûrement la construction s'élève ; loin de vous abandonner au doute ou au pessimisme, rappelez-vous les promesses du Seigneur, celle de son assistance indéfectible, celle aussi de son avènement glorieux « Vous aurez des tribulations dans le monde ! » disait-il aux siens « mais courage ! j'ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).
Comme gage de la protection divine et de Notre paternel affection, Nous vous accordons pour vous-mêmes, pour tous les membres de votre Union et ceux qui leur sont chers, Notre Bénédiction apostolique.
* Discours et messages-radio de S. S. Pie XII, XIX,
Dix-neuvième année de Pontificat, 2 mars 1957 - 1er mars 1958, pp. 425-442
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